Marivaux, L'île des esclaves
Fiche de lecture : Marivaux, L'île des esclaves. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Laura Truchot • 9 Mars 2023 • Fiche de lecture • 7 920 Mots (32 Pages) • 253 Vues
L’Île des esclaves de Marivaux
- Élémts de l’intrigue, scène par scène
Scène 1 : Iphicrate et Arlequin
La scène s’ouvre sur une île, ap le naufrage dont Arlequin et Iphicrate semblent les seuls survivants (Cléanthis et Euphrosine ont égalemt survécu).
L’exposit° remplit très rapidemt et efficacemt ses fonct° :
Dire qui sont les persos : Arlequin est nommé (c’est le 1er mot : « Arlequin ? »), le perso doit avoir par ailleurs les vêtemts qui l’identifient comme le type bien connu de la comédie italienne. La réponse d’Arlequin suffit à indiquer l’identité de l’autre : c’est son maître (« Patron »). La relat° maitre-valet est posée avec une évidence abrupte.
La suite déploiera cette identité sociale, reliée à des types : ces 2 persos singuliers incarnent des types doubles. Des types de comédie et des types sociaux : le petit-maître (noble libertin et léger) et le valet (de comédie), et des types de relat°.
2 attitudes apparaissent :
- Iphicrate : tristesse (1ère didascalie : « il s’avance tristemt », il soupire av de parler, il s’inquiète (« que deviendrons -nous »), il évoque la mort des autres passagers et dit envier leur sort, il veut partir à la recherche de ceux qui pourraient avoir survécu, il a peur (il est « perdu » dit-il) parce qu’il sait où il est et quels dangers le menacent.
- Arlequin : le perso est conforme à son type comique. Il aime le vin, il est paresseux (« reposons-nous »), il dégonfle le tragique de la situat° par son pragmatisme et sa désinvolture.
🡺 La suite creusera ces différences.
Nous savons par ailleurs vite où nous sommes : conformémt au topos du naufrage, il s’agit d’une île (« dans cette île », dit Iphicrate). Cette île est nommée ensuite (mais le titre nous l’avait déjà indiqué) : c’est l’île des esclaves. Ce nom est justifié ensuite, ap la quest° posée par Arlequin (qui répond à celle du spectateur-lecteur) :
ARLEQUIN. − Oh ! oh ! qu'est-ce que c'est que cette race-là ?
IPHICRATE. − Ce sont des esclaves de la Grèce révoltés contre leurs maîtres, et qui depuis cent ans sont venus s'établir dans une île, et je crois que c'est ici : tiens, voici sans doute quelques-unes de leurs cases ; et leur coutume, mon cher Arlequin, est de tuer ts les maîtres qu'ils rencontrent, ou de les jeter dans l'esclavage.
Nous savons aussi quand à lieu l’act° représentée (au - ds la même réplique) : elle se déroule dans une Grèce antique de convent°.
Cette ouverture pose égalemt très rapidemt et efficacemt les 1ers élémts de l’hist : le maitre va devenir un esclave.
Enfin, elle doit aussi répondre à la quest° qui consiste à nous indiquer quelle est le genre dont elle relève. Très clairemt, nous sommes dans un registre comique (Arlequin y a sa place). Mais des aspects graves et sérieux ne sont pas à exclure (cadre antique, menace et mort, plus loin compassion et attendrissemt).
Iphicrate a donc expliqué la manière dont fonctionne (en partie) l’espace insulaire : les maitres sont menacés de devenir des esclaves. On comprend à partir de là les raisons des conduites opposées des 2 persos : « ils ne font rien aux esclaves comme moi ». / « je suis en danger de perdre la liberté et peut-être la vie »
L’un des enjeux est rapidemt indiqué, la suite le montrera : Iphicrate demande à Arlequin qu’il le plaigne de la situat° où il se trouve. Ce à quoi Arlequin n’est pas enclin (il faudra qu’il fasse le chemin qui le conduira à la compassion) :
Arlequin, cela ne suffit-il pas pr me plaindre ?
ARLEQUIN, prenant sa bouteille pr boire. − Ah ! je vous plains de tt mon cœur, cela est juste.
ARLEQUIN, riant. − Ah ! ah ! ah ! Monsieur Iphicrate, la drôle d'aventure ! je vous plains, par ma foi; mais je ne saurais m'empêcher d'en rire.
Le comique repose ici sur l’inertie d’Arlequin, qui se satisfait de la situat° et qui se moque des inquiétudes de son maître, et sur l’urgence dont témoigne la conduite d’Iphicrate :
« IPHICRATE. − Suis-moi donc ? »
« marchons de ce côté »
« IPHICRATE. − Avançons, je t'en prie ».
« Allons, hâtons-nous »
L’île produit ses 1er effets. Arlequin le note : le pouvoir du maître n’existe plus, comme en témoigne la demande qu’il adresse à son valet (au lieu de l’ordre). C’est ce que note Arlequin :
ARLEQUIN. − Je t'en prie, je t'en prie; comme vous êtes civil et poli; c'est l'air du pays qui fait cela.
Arlequin peut se livrer à son naturel : le vin, la paresse, le rire, la gaité et la moquerie, les lazzis : il saute (il est facile d’en relever les élémts dans cette scène).
Le maitre, lui doit modifier sa conduite : demander avec politesse (« mon cher Arlequin»), évoquer ses sentimts à l’égard d’arlequin : « Eh ne sais-tu pas que je t'aime ? » Il ne peut plus obtenir immédiatemt de son valet ce qu’il obtenait avant. La loi de l’île (pas encore tt à fait déployée) défait la relat° maître-valet :
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