LaDissertation.com - Dissertations, fiches de lectures, exemples du BAC
Recherche

Les liaisons dangereuses - lettre 81

Analyse sectorielle : Les liaisons dangereuses - lettre 81. Recherche parmi 302 000+ dissertations

Par   •  13 Avril 2025  •  Analyse sectorielle  •  4 828 Mots (20 Pages)  •  5 Vues

Page 1 sur 20

Individu, morale et société

Lecture linéaire n°1

Les liaisons dangereuses (1772) de Ch. de Laclos,

Extrait de la « Lettre 81 », de Madame de Merteuil au Vicomte de Valmont.

(de « Mais moi… » à « ... acquérir. »)

(contexte) Le roman libertin a une longue carrière au XVIIIe siècle. Et si au début du siècle il est encore hésitant, plus roman galant et cynique que purement libertin, comme avec Duclos (Les Confessions du comte de*** …) et Crébillon (Les Egarements du cœur et de l’esprit, Le Sopha…), il saura ensuite développer la rouerie avec art dans le seconde moitié du siècle. La littérature romanesque de la fin du XVIIIe siècle met ainsi le problème moral au cœur de l’écrit, de La Nouvelle Héloïse écrite par Rousseau en 1761, aux écrits les plus immoraux de Sade, en passant par les lettres subversives de Laclos.

(l’auteur et ses œuvres) Pierre Choderlos de Laclos est avant tout un militaire, lorsqu’il se fait connaître par son roman épistolaire. Il nait à Amiens en 1741, dans une famille bourgeoise récemment anoblie. Après quatre ans passés à l’école d’artillerie, il mène une vie d’officier modeste dans plusieurs garnisons. C’est en 1782, qu’il connaît tout à coup un succès saupoudré de scandale, grâce à la publication de ses Liaisons dangereuses. Installé à Paris, lors de la Révolution française, il adhère au club des Jacobins et après avoir contribué à la victoire de Valmy, il est promu général. Emprisonné en 1793, il échappe à la guillotine grâce à la chute de Robespierre. Bonaparte le réintègrera dans l’armée, où il meurt en 1803, lors du siège de Tarente, laissant seulement à l’état de projet son second roman.

(l’œuvre intégrale) Les Liaisons dangereuses constitue un roman épistolaire polyphonique, dans lequel deux libertins complices, Valmont et Madame de Merteuil, s’affrontent sur le domaine de la séduction et de la manipulation.

(l’extrait) Ce passage est extrait de la « Lettre 81 » qui est la plus célèbre du roman. Madame de Merteuil s’adresse ici au Vicomte de Valmont, le seul à qui elle peut se confier. C’est l’unique lettre qui apprend au lecteur qui est réellement la Marquise, laquelle revient sur sa jeunesse et ses premiers apprentissages de la dissimulation qui est devenu son principe de vie. Cette missive qui est un autoportrait présente en soi un paradoxe : la narratrice s’exprime et affirme fonder toute sa vie sur la dissimulation alors qu’elle livre pourtant une confession à cœur ouvert, ce qui est contraire à ces mêmes principes. Dans ce passage, la Marquise propose ainsi une autobiographie lucide et libertine qui éclaire son comportement car elle explique son présent à la lumière de son passé.

(la problématique)Il s’agira d’observer comment, sur le mode de la confidence, cette lettre permet de découvrir un parcours de vie singulier et de dénoncer en creux la société d XVIIIème siècle, et notamment la place qu’elle laisse aux femmes.

(annonce du plan) Nous observerons ce qui fait de ce texte un extrait de roman épistolaire, puis nous constaterons que ce passage est constitué de trois mouvements, le premier (l.1 à 5), présentant la marquise comme une femme à part, le second (l.6 à 18), exposant la stratégie qu’elle met en œuvre dès sa jeunesse, et enfin le troisième et dernier mouvement (l.19 à 30) qui donne à voir son orgueil face à la réussite de son entreprise.

I/Préambule (étude du paratexte) : Un extrait de roman épistolaire

Choderlos de Laclos fait ici le choix original du roman épistolaire, proposant ainsi par le bais d’un écrit fictif, une forme de discours direct différé.

Les marques de l’épistolaire sont ainsi nombreuses :

* Les indications du paratexte correspondent ainsi aux attentes formelles d’une lettre :

* Le genre littéraire de la lettre est clairement annoncé par le titre de l’extrait, « lettre 81 ».

* En en-tête de la lettre, à travers la mention « La Marquise de Merteuil au Vicomte de Valmont », nous avons de ce fait :

- L’identification de l’émetteur (=le locuteur, le destinateur ou l’expéditeur) : « La Marquise de Merteuil » ;

- La mention d’un destinataire (= l’interlocuteur ou récepteur) : le « Vicomte de Valmont » ;

→ Nous pouvons constater ainsi que cette communication se tient entre des personnages nobles, ce qui est conforme aux habitudes du libertinage alors.

* Dès lors, nous pouvons aussi comprendre, par déduction, que le terme « liaisons » employé dans le titre (Les Liaisons dangereuses) est certes polysémique, mais désigne en partie cet échange épistolaire entre les personnages du roman.

* Les indices d’énonciation sont également ceux d’une lettre, puisque les codes du discours direct sont observables :

* Nous avons les personnes de l’interlocution :

* à savoir ici le locuteur, la première personne du singulier, qui est omniprésente, sous la forme : du pronom personnel sujet « je » (par exemple « je me suis» l.2, « je recueillais» l.8, « je me suis travaillée» l.16, « je possédais » l.28…), du pronom personnel sujet de forme forte « moi » (« Mais moi » l.1, « à moi » l.19 et « moi seule » l.24 et « moi-même » l.25), du pronom personnel complément « me », ou sa forme élidée « m’ » (« m’écarter » l.1, « me tenir » l.8, « me causer » l.15, « m’indignais » l.20, « me fier » l.27...), du déterminant possessif (au féminin avec « ma figure» l.13 et « ma physionomie» l.17, « ma pensée » l.19, « ma volonté » l.20, « ma façon de penser » l.23/24,au masculin avec « mon ouvrage» l.5, « mon attention » l.11, « mon gré » l.11/12, et au pluriel avec « mes principes» l.2, « mes profondes réflexions » l.4, « mes gestes » et « mes discours » l.22, « mes fantaisies » l.23), et du pronom possessif « les miens » l.11.

* Mais l’interlocuteur est également présent dans le discours, à travers la deuxième personne du pluriel, qui consiste ici en un « vous » de politesse : sous la forme du pronom personnel sujet « vous » « m’avez-vous » l.1, « vous avez » l.12 et le pronom personnel complément « vous », avec « je vous ai vu » l.18.

*

...

Télécharger au format  txt (28.9 Kb)  
Voir 19 pages de plus »
Uniquement disponible sur LaDissertation.com