I,5 Le Malade imaginaire, Molière
Commentaire de texte : I,5 Le Malade imaginaire, Molière. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar neila2323 • 13 Décembre 2023 • Commentaire de texte • 1 643 Mots (7 Pages) • 127 Vues
COMMENTAIRE PARTIELLEMENT REDIGE I,5 Le Malade imaginaire, Molière
INTRODUCTION
Le rapport maître-valet est un motif, au théâtre, que les dramaturges aiment particulièrement mettre en scène, notamment aux XVIIème et XVIIIème siècles. Ils sont nombreux à faire réfléchir leurs lecteurs sur les rapports humains ; dans les comédies, le duo maître-valet est incontournable, il y occupe une place majeure. Molière, dans nombre de ses pièces, frotte ainsi des bourgeois naïfs et vulnérables à des valets lucides, rusés mais bienveillants qui tentent toujours d’éclairer leurs maîtres afin de les remettre dans le bon chemin ; ceci donne lieu à des scènes particulièrement comiques dont le but ultime est de donner à penser et d’éduquer ; Dorine, dans Tartuffe par exemple , malgré sa condition inférieure, se montre supérieure à ses maîtres par son bon sens et préfère se heurter au chef de famille tyrannique, Orgon, plutôt que d’abandonner la famille aux griffes de Tartuffe ; il en est de même pour Sganarelle, dans Les Fourberies de Scapin de Molière, qui, malgré quelques incartades, cherche en toutes circonstances à aider son jeune maître. Le duo maître-valet le plus emblématique dans la comédie du XVIIème siècle est sans aucun doute celui d’Argan et Toinette dans Le Malade imaginaire, dernière pièce de Molière. Ce dernier est un dramaturge du XVIIème siècle, auteur d’une trentaine comédies qui résonnent encore dans nos salles de classe. Cet auteur, metteur en scène, comédien, chef de troupe, a totalement révolutionné le paysage de la comédie, genre considéré encore comme mineur jusqu’au XVIIème siècle ; il a réellement popularisé le genre et lui a donné toutes ses lettres de noblesse, notamment en créant, à l’occasion d’un anniversaire organisé chez le Ministre des Finances Fouquet, le genre de la comédie-ballet ; la première représentation est celle des Fâcheux ; le succès est immédiat. Le Malade imaginaire est sa trentième et dernière pièce ; il est déjà malade lorsqu’il l’écrit et l’on y sent des échos à sa propre vie. Argan, le maître des lieux, est un bourgeois crédule qui se retrouve la proie des médecins notamment à cause d’une hypocondrie redoutable. Purgon et les Diafoirus profitent de sa fragilité pour servir leurs propres intérêts et nourrir leur ego. Ceci est l’occasion pour Molière de faire la lumière sur un certain charlatanisme des médecins de son époque. Argan est aussi malmené au sein de son intimité, méprisé par sa seconde femme Béline qui tente de mettre la main sur son héritage, au détriment des filles du bourgeois. C’est en toute lucidité et générosité que la servante Toinette et le frère d’Argan, Béralde, luttent pour rétablir la vérité. L’extrait que nous avons à l’étude est tiré de l’acte I scène 5. Argan et Toinette sont en scène, ils échangent autour du mariage forcé d’Angélique, qu’Argan veut unir au fils Diafoirus, un tout jeune médecin. Les rapports sont tendus et prêtent à sourire même si le débat est finalement très sérieux puisqu’il s’agit de l’avenir d’une jeune fille. Toinette s’impose et cherche à raisonner le père de manière à défendre les intérêts de sa jeune maîtresse. Nous allons donc nous demander en quoi cette scène de farce permet à Molière de faire réfléchir ses lecteurs sur les relations maître-valet. Dans une première partie, nous allons montrer qu’il s’agit d’une scène de comédie. Dans une seconde partie, nous allons faire la lumière sur la posture de la servante qui fait fi de sa position et prend le pouvoir.
DEVELOPPEMENT D’UN PARAGRAPHE
Dans une première partie, nous allons voir en quoi cette scène est une scène de comédie. Tout d’abord, nous pouvons remarquer qu’il s’agit d’une scène vive qui présente une querelle, motif de base dans les comédies. Argan, le maître, et Toinette, la servante se disputent : leur sujet de débat est le mariage forcé d’Angélique, l’aînée d’Argan qui doit être mariée de force à Thomas Diafoirus ou mise au couvent. Nous comprenons que cette querelle porte sur le mariage tout d’abord parce que nous remarquons un lexique de l’union ; en effet, nous pouvons relever « mari » (l. ), « mariage » (l. ) ou encore « épouser » (l. ) mais ce mariage n’est pas désiré ; nous constatons que Molière choisit des verbes d’autorité pour l’évoquer comme « commander » (l. ) ou « dire » (l. ) ; leur sujet grammatical est « Je », pronom personnel qui désigne Argan ; il est bien clair que ce n’est pas Angélique qui décide de son futur mari mais bien son père ; il est donc bien question d’un mariage forcé. L’adverbe « absolument » (l. ) vient renforcer le verbe d’autorité et marquer plus encore , s’il était besoin, la fermeté de la décision. Il est aussi question de « couvent » dès les deux premières répliques (l.), le substantif est répété pour insister sur les mœurs de la société : une jeune fille en âge de se marier doit obéir aux choix de son père ou finir ses jours au couvent. C’est ce point qui fait débat entre Toinette et Argan. Molière met en scène cette querelle ; nous pouvons le comprendre grâce au jeu d’affirmations reprises en négations : l’opposition entre les deux personnages est permanente ; ainsi nous pouvons relever « vous n’aurez pas ce cœur-là » (l.) / « je l’aurai » (l. ) ou encore « la tendresse paternelle vous prendra » (l. ) / « elle ne me prendra pas » (l. ) Ils ne sont d’accord sur rien. Un signe important encore de leur emportement est la vivacité marquée notamment par une ponctuation très expressive ; en effet, nous relevons de nombreuses interrogatives et exclamatives qui parcourent la scène. Les interrogatives sont très représentées, notons par exemple « Je ne la mettrai point dans un couvent ? » (l. ), « Non ? » (l. ) ou encore « Qui men empêchera ? » (l.) ; les exclamatives sont tout aussi nombreuses ; « Ouais ! Voici qui est plaisant ! » (l. ) ou encore toutes les insultes suivies d’un point d’exclamation (l. ) soulignent la colère des personnages, particulièrement celle d’Argan. Enfin, nous pouvons constater que la scène va vite et vient rendre compte la dispute ; la scène est construite sur de nombreuses stichomythies qui donnent le rythme : les trois adverbes « non » (l. ) qui s’enchainent ou encore « Non, vous dis-je. / Qui m’en empêchera ? / Vous-même. / Moi ? » (l. ) en témoignent. (Je ramène à la thèse)Tous ces éléments permettent donc bien à Molière de rendre compte de la querelle qui oppose le maître et sa servante.
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