Francis Ponge, Le Papillon
Cours : Francis Ponge, Le Papillon. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar andrea.jmt • 12 Novembre 2023 • Cours • 833 Mots (4 Pages) • 154 Vues
Francis Ponge : Le Papillon
Francis Ponge est un poète français du XXe siècle considéré comme un
poète contemporain. Il a d’abord fréquenté les surréalistes avant de s’engager
dans la résistance française durant la seconde guerre mondiale. Très jeune, il
ressent une certaine révolte contre le parlé ordinaire, le langage est pour lui un
sujet de réflexion. A la mort de son père, Francis Ponge traverse un moment de
« rage de l’expression », c’est-à-dire un désir de s’exprimer mais difficulté à y
parvenir. Ce poème est extrait Du Parti pris des choses, recueil dans lequel il
cherche à exprimer les caractéristiques de chaque objet. Le Pain, L’Huitre et Le
Cagot sont des poèmes dans lesquels il y a une recherche langagière. Ces
poèmes sont écrits en prose, avec une absence de rimes, une ponctuation
présente, cela crée ainsi de petits paragraphes. Dans le Papillon, le poète se
livre à une description métaphorique de la transformation du Papillon. Ainsi
nous pouvons nous demander en quoi ce poème est-il l’éloge de la
transformation ?
Francis Ponge évoque aussitôt la nature par un réseau lexical avec
« tige », « fleurs », « papillon ». Nous avons la description précise d’un
phénomène avec le « sucre élaboré » évoquant une transformation. Cette
nature est généreuse puisque le sucre surgit. Le « grand effort » montre que le
papillon doit trouver une certaine énergie pour accomplir cette transformation
et son envol. Le poète met en opposition le sol et le ciel pour décrire l’activité
du papillon qui s’envole subitement comme le montre le groupe « tout à
coup ». Ici, le sens gustatif est évoqué avec « sucre », « tasse » et se mêle au
sens olfactif avec « tige » et « fleurs ». L’idée de sucre contenue dans les tiges
est assez surprenante, le poète assemble des mots pour créer des images
poétiques.
Le deuxième paragraphe s’ouvre avec le connecteur logique « mais » et
introduit l’explosion subit par la chenille. Cette explosion a aveuglé la chenille
par sa lumière et l’a laissé dans le noir. L’idée de souffrance dans cette
transformation est ressentie également avec le « torse amaigrie ». Le therme
exprimé est hyperbolique. L’explosion renvoie au therme « flambèrent ». Toute
la vie du papillon est concentrée dans ses ailes puisque se sont les seuls
éléments du papillon qui ne sont pas détériorés par l’explosion mais qui au
contraire naissent de cette explosion. Ces ailes sont symétriques et montrent
que la transformation est réussie, même si le corp du papillon porte certains
stigmates, c’est-à-dire des marques dues à l’explosion, certaines conséquences
sont bénéfiques comme les ailes. Le papillon s’envole et laisse place au hasard,
on retrouve une idée de liberté, le papillon n’a pas de contraintes dans son
envol. Le groupe adverbial « dès lors » insiste sur cette liberté soudaine. On
trouve une métaphore de l’allumette volante rappelant le feu évoqué
précédemment. Il y a également une analogie avec le corp du papillon. Si le
papillon est un symbole de vie, il ne transmet pas pour autant cette vie à
d’autre.
La transformation a été « trop tardive » comme nous le prouve ce groupe
adverbiale. La négation restrictive « ne peut » montre que les fleurs ne l’ont
pas attendues pour éclorent. Ici « n’importe », montre que le papillon veut
tout de même jouer un rôle, une nouvelle analogie avec « lampiste » au vers
11, en effet il s’approprie un rôle bienfaiteur. Le poète lui associe des
caractéristiques humaines. On retrouve une nostalgie sombre. Plusieurs images
rappellent que le papillon a été faible « longue humiliation », « au pied des
tiges » qui montrent qu’il est dominé. L’adjectif « amorphe » exprime qu’il était
sans vitalité et sans forme encore définie. Le therme « vengé » est assez fort
cela montre que le papillon a ressorti des émotions humaines. Le papillon perd
contrôle de tout avec « minuscule voilier ». Le papillon est assimilé à un voilier
mais un voilier fragile puisqu’il est chahuté par le vent. « Vagabonde » exprime
que le papillon n’est plus maitre de son parcours. La transformation n’a pas
donné de but à sa vie malgré sa beauté. Papillon
Lorsque le sucre élaboré dans les tiges surgit au fond des fleurs, comme des
tasses mal lavées, - un grand effort se produit par terre d'où les papillons tout à
coup prennent leur vol.
Mais comme chaque chenille eut la tête aveuglée et laissée noire, et le torse
amaigri par la véritable explosion d'où les ailes symétriques flambèrent.
Dès lors le papillon erratique ne se pose plus qu'au hasard de sa course, ou
tout comme.
Allumette volante, sa flamme n'est pas contagieuse. Et d'ailleurs, il arrive
trop tard et ne peut que constater les fleurs écloses. N'importe : se conduisant
en lampiste, il vérifie la provision d'huile de chacune. Il pose au sommet des
fleurs la guenille atrophiée qu'il emporte et venge ainsi sa longue humiliation
amorphe de chenille au pied des tiges.
Minuscule voilier des airs maltraité par le vent en pétale superfétatoire, il
vagabonde au jardin.
Francis Ponge - Le Parti pris des choses - 1942
Vocabulaire :
Erratique : sans comportement planifié.
Guenille : personne méprisable, vaurien.
Lampiste a ici un double sens :
- Employée chargée de l’entretien des lampes.
- Personne que fait passer pour responsable d'une faute commise par ses
supérieurs (familier).
Superfétatoire : superflu
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