Foedera, Raphaël

Feodora est introduite dans le roman durant l’analepse de Raphael, le portrait de Foedora est dépeint à travers le regard et les émotions de Raphaël. Dès le début, elle est présentée comme une femme dégageant une certaine sensualité par ses épaules, ses lèvres, son corsage, le narrateur-personnage utilise l’expression « des grâces les plus attrayantes ». Il fait même appelle à la Venus de Milo pour décrire sa beauté. Cependant une part de mystère plane autour de ce personnage, tout d’abords son prénom « foedus » qui en latin qui signifie le pacte mais aussi l’horreur ou le malheur, ensuite il y a une sorte de contraste avec des éléments de son portrait comme avec les phrases « épais sourcils qui paraissaient se rejoindre » et « l’imperceptible duvet qui ornait les contours de son visage. ». L’évolution et la découverte de ce personnage est pour le moins troublantes, plus l’on avance dans le récit plus sa froideur et son obstination à rester distante avec Raphael se fait ressentir. Cette femme sans cœur et la Peau de chagrin sont symboliquement liées, ils partagent plusieurs traits comme sa froideur, sa dureté mais également sa pilosité. Foedora incarne la société parisienne que Balzac dénonce, comme nous le dit l’épilogue, dominée par l’ambition et l’argent, ceci est également souligné lorsque la comptesse lui demande de la raccompagner et que Raphael refuse faute de moyen elle lui retorque : « Sachez monsieur que des [...] richesses et des titres m’ont été offerts ; mais [...] je n’ai jamais revu les personnes assez mal inspirées pour m’avoir parlé d’amour. ».

Foedora, est fortement lié aux thèmes de la destruction et de l'énergie. Initialement présentée comme une figure sensuelle et attirante à travers les yeux de Raphaël, son impact sur lui évolue vers une force destructrice symbolique. Le contraste entre sa première séduction et la froideur croissante qu'elle manifeste suggère une transformation dévastatrice de l'illusion romantique de Raphaël. Cette réelle connaissance de Foedora peut être interprétée comme une représentation de la manière dont l'énergie vitale de Raphaël est consommé par sa relation avec Foedora. Parallèlement, la société parisienne qu'elle incarne, axée sur l'ambition et l'argent, expose une énergie matérialiste dévorante. Foedora ne se laisse pas distraire par l’amour, son projet de vie est clair, elle veut faire fructifier sa fortune , cette froideur viendrait alors de son obstination à ne pas se laisser distraires de son projet initiales.

Si Foedora vivait à notre époque, elle serait une femme élégante et mystérieuse. Sa soif de richesse et de pouvoir pourrait s'exprimer à travers des réseaux professionnels, des collaborations lucratives. Elle évoluerait dans les hautes sphères de la société comme dans la finance, son indépendance totale sans besoin d’homme serait très utile dans ce domaine ou il ne faut pas se laisser distraire par sa vie privé, l’argent est le seul objectif.

Ce qui me fascine chez cette comtesse, c'est sa capacité à maintenir son indépendance malgré les avances incessantes d'admirateurs. Bien sûr, son portrait peut charmer, mais la pilosité peut sembler quelque peu repoussante. J'apprécie particulièrement son état d'esprit, sa quête de pouvoir et d'argent, une mentalité avec laquelle je m'identifie. Elle se révèle manipulatrice, mais cela ne me dérange guère, car ses objectifs sont clairs, et elle est déterminée à les atteindre à tout prix. Je comprends sa volonté d'utiliser sa sensualité et son charisme pour parvenir à ses fins. J'ai immédiatement établi un lien avec le domaine financier, un secteur où j'aspire à exceller pour amasser une fortune. Les objectifs de la comtesse résonnent avec les miens, créant ainsi un lien affectif que peu de gens pourraient véritablement saisir. Cependant qu’on pourrait considérer que l'erreur de Foedora réside dans son refus catégorique des relations amoureuses. Bien que son indépendance soit louable, cela peut la priver d'une dimension humaine essentielle. La vie n'est pas uniquement définie par la poursuite de la richesse matérielle, et le rejet systématique de l'amour romantique peut être perçu comme une limitation de son expérience personnelle. Foedora ne connaitra jamais la valeur des relations humaines et des émotions intenses.

Raphaël, plongé dans la mélancolie et cherchant à mettre fin à ses jours, erre dans les rues de Paris. Il découvre par hasard un magasin d'antiquités quai Voltaire. Il entre dans celui-ci, Raphael est fasciné par toute ces trésors que recueille le magasin, un vieillard l’accueille, déclenchant ainsi une longue et significative conversation entre les deux personnages. Au cours de cet échange, le vieillard lui propose la Peau de chagrin. Notre extrait se situe au moment où Raphaël accepte ce talisman, bien que le vieillard l’ai prévenu de son pouvoir destructeur, il formula alors son premier souhait qui sera ultérieurement exaucé.

Dans cet extrait captivant de "La Peau de chagrin" d'Honoré de Balzac la dualité entre l'énergie créatrice des désirs démesurés de Raphaël de Valentin et les conséquences dévastatrices de cette quête frénétique d'excès est explorée de manière poignante. La notion de destruction émerge de manière subtile par le vieillard. Cela crée une tension dramatique, mettant en lumière le dilemme entre la quête ardente du bonheur et le coût inéluctable à cette recherche.

L'utilisation récurrente de l'impératif dans ses déclarations, telle que "je veux vivre avec excès," met en avant cette énergie impulsive, révélant un désir ardent de vivre pleinement. Cette énergie se manifeste dans sa rébellion contre la voie traditionnelle de l'étude et de la pensée, soulignée par sa réfutation de l'intellectuel avec les mots, "L'étude et la pensée ne m'ont même pas nourri." Il exprime ainsi une insatisfaction profonde qui alimente son désir d'excès, mettant en lumière une énergie de rupture avec les conventions.

Dans le rêve d'un destin de jouissance, l'énergie de Raphaël s'exacerbe à travers une série de souhaits extravagants. La gradation, "Que mes convives soient jeunes, spirituels et sans préjugés, joyeux jusqu'à la folie!" illustre son aspiration à une énergie sociale et humaine intense, dans une « bacchanale digne des siècles passés ». La profusion d'images liées à des bacchanales romaines évoque une énergie, cherchant à assouvir tous les plaisirs imaginables.

Cependant, cette énergie est liée à une contrainte sinistre, représentée par le pacte avec la Peau de chagrin. La citation "Donc je commande à ce pouvoir sinistre de me fondre toutes les joies dans une joie" souligne l'ironie tragique, l’antithèse entre sinistre et joie, révèle que même la quête du bonheur ultime est entravée par une force destructrice. Ainsi, l'énergie qui propulse les désirs démesurés de Raphaël devient simultanément le catalyseur de la destruction inéluctable de sa vie. On se rend bien compte que Raphael ne prend pas conscience du danger de ce talisman, il est poussé par ces désirs.

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