Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac : le dialogue entre Cyrano et Le Bret
Commentaire de texte : Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac : le dialogue entre Cyrano et Le Bret. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nooshk.aaa • 16 Décembre 2023 • Commentaire de texte • 1 696 Mots (7 Pages) • 183 Vues
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COMMENTAIRE DE TEXTE
Cyrano de Bergerac
Cyrano de Bergerac, la célèbre pièce de théâtre d'Edmond Rostand, publiée en 1897, est une œuvre emblématique du théâtre français qui se déroule au XVIIe siècle à Paris. Edmond Rostand, est un écrivain, dramaturge, poète et essayiste français, écrit la pièce entre 1896 et 1897 dans un contexte politique morose : la France est encore sous le coup de la défaite de 1870 et, quelques années plus tôt, l'affaire Schnæbelé a failli déclencher une guerre avec l'Empire allemand. La pièce traite de thèmes tels que l'amour, le courage, la beauté intérieure, l'art et la poésie, et est devenue une référence dans la littérature française. L’extrait étudié est une partie de la scène V de l’acte I de la pièce. Cet extrait est un dialogue entre Cyrano et Le Bret, l’homme de lettre de Cyrano, dans celui-ci, les deux personnages dialoguent sur la vie sentimentale de Cyrano.
Comment à travers le dialogue entre Cyrano et Le Bret transparait la vision de l’amour du premier ?
Dans un premier temps, nous verrons que Edmond Rostand met en avant la relation entre Le Bret et Cyrano, nous étudierons ensuite les portraits de deux hommes. Enfin, nous analyserons la vision de l’amour et de Roxane par Cyrano.
Le dialogue met en scène la relation entre Cyrano et Le Bret. Tout d’abord, on observe une certaine proximité et complicité entre les deux personnages. Les répliques de Le Bret montrent son extrême attention pour tout ce que peut vivre son ami. Il prend part à tout ce qui préoccupe Cyrano. On le remarque notamment à la ponctuation des répliques de Le Bret, qui sont sous des formes exclamatives et interrogatives. Ces répliques sont en majorité sous la forme interrogative, Le Bret pose beaucoup de question à Cyrano : au vers 19, trois questions consécutives et deux au vers 22, mettant en avant son implication dans son dialogue avec Cyrano. On peut aussi constater l’implication de Le Bret par ses répliques courtes, donnant ainsi au rythme plus saccadé, haché au dialogue. En outre, l’impératif « dis-le-moi » au vers 10 vient encore marquer la curiosité de Le Bret, il apparait aussi comme son confident demandant à Cyrano de lui dire la vérité « le vrai » au vers 10, cette vérité qui semble être un secret.
L’articulation entre les répliques de Cyrano et celle de Le Bret fait sentir leur proximité. Ils se répondent entre eux avec rapidité, comme par excitation, se coupant presque la parole des vers 5 à 7 : « J’ai pris… » (Cyrano au vers 5) ; « Lequel ? » (Le Bret au vers 6) ; « Mais le plus simple […] » (Cyrano au vers 7). De surcroit, un effet d’écho entre leur parole se met en place dans le dialogue : Le Bret reprend en écho au vers 28 l’expression « la plus belle », reprise ensuite par Cyrano au vers 29, en réponse à Le Bret. Cet écho est réutilisé au vers 44 : Cyrano en tant que grand virtuose du discours répète l’adjectif « clair » employé par Le Bret, en l’amplifiant par l’hyperbole « diaphane ». Cet effet d’écho souligne l’harmonie et l’affection qui existent entre les deux protagonistes. On peut également constater leur complicité par le fait que Cyrano complète les phrases de Le Bret, notamment aux vers 20, 23, 29 et 33. Ainsi, dans cette scène Le Bret apparaît comme le confident de Cyrano, mais il est aussi le relais du spectateur : il pose les questions que le spectateur pourrait poser. Cela permet d’éviter une scène de monologue.
La proximité entre Le Bret et Cyrano est mise en avant. Dans la scène, Edmond Rostand dépeint deux portraits de deux hommes.
Dans cette scène, Edmond Rostand dépeint un portrait moral et physique de Cyrano. Le spectateur comprend que Cyrano s’estime indigne d’aimer et d’être aimé. Tout d’abord, les rimes « limace » - « aimasse » aux vers 18 et 20 soulignent que selon lui sa difformité physique lui interdit tout espoir de vie amoureuse, cette interdiction est plus tard soulignée par « Il m’interdit » au vers 23 suivi de « Le rêve » au vers 24, il ne peut même pas rêver d’être aimé : il ne peut toucher à aucune forme d’amour ou d’affection. De plus, l’adverbe intensif « même » après la césure au vers 24 permet d’insister sur l’intensité de la malédiction qui pèse sur Cyrano, qui ne rêver d’être aimé « même par une laide ». Cyrano se confie, mais par fierté il refuse de s’apitoyer sur son sort et insiste de lui-même sur son aspect grotesque. L’oxymore « rire amer » à la didascalie du vers 20 exprime bien cet état d’esprit : même lorsqu’il s’épanche auprès de son ami, il a le souci de son panache. Ainsi, l’expression « Ce nez qui d'un quart d'heure en tous lieux me précède » au vers 25 montre que Cyrano vit sa laideur comme une malédiction. Cela l’empêche d’espérer vivre une histoire d’amour. Mais il exprime sa tristesse en montrant qu’il est capable de plaisanter de son malheur – l’hyperbole est amusante -, afin de garder sa dignité. Cyrano refuse le pathétique. L’expression semble même se développer sur l’alexandrin tout entier pour insister davantage sur la longueur du nez. Cyrano insiste donc lui-même sur son handicap.
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