Critique utopique fouriétiste

Maëllys Rousseau - 22304799

UEO - art, politique et utopie

FOURIER Charles,"Le nouveau monde industriel et sociétaire", Paris, Flammarion, 1973

        Prophète d'un monde harmonieux, sa description d'une société idéale a inspiré nombre d'utopistes. Lui-même refusait le terme, considérant qu'une utopie n'était qu'un "rêve du bien sans moyen d'exécution, sans méthode efficace". Au contraire, il ambitionnait de voir réaliser son projet de nouvel ordre social et avait pour cela minutieusement pensé ses classifications. Charles Fourier (1772-1837) était un philosophe et utopiste français du XIXe siècle, reconnu pour ses idées visionnaires sur la réorganisation sociale et économique. Il est surtout connu pour sa critique du capitalisme industriel émergeant alors à son époque, et pour ses propositions de  réorganisation radicale de la société.Il développera, par la suite une théorie nommée : la théorie des "phalanstères", des communautés autonomes où les individus vivraient et travailleraient en harmonie. Ainsi, il accorde une importance particulière à la libération des passions humaines, prônant l'expression libre des désirs et la recherche du plaisir comme étant un élément clé de la vie sociale. Concept central de l'utopie sociale de Fourier, le phalanstère est une unité sociale autonome où les individus partageraient le travail ainsi que la propriété et vivraient selon des principes de coopérations, ceux-ci, couvrant tous les aspects de la vie, des activités économiques à la vie sociale et amoureuse, où, il y expose l'intégralité de ses idées utopiques, des classifications des passions, par la critique utopique vers l'harmonie sociale. Qu'il explique dès lors, dans son ouvrage, "Le nouveau monde industriel et sociétaire", dont nous en livrerons  une analyse critique.  

        La dimension utopique de la Phalanstère, telle que proposée par Charles Fourier dans son ouvrage, constitue un aspect central de sa vision sociale et économique de la société. La Phalanstère représente une communauté idéale où les individus vivraient en harmonie, partageant ressources, travail et plaisirs.

        Dans un premier temps, il y expose sa vision de ce concept comme une unité sociale autonome. Celui-ci transcende les structures familiales traditionnelles, remplaçant les relations familiales par des liens basés sur des intérêts et des passions communes. Alors, la Phalanstère serait une communauté complète, où chaque aspect de la vie, du travail à la vie sociale et amoureuse est organisée selon des principes coopératifs. Dans celle-ci, il y préconise une égalité sociale et économique, là où les ressources seraient partagées équitablement, éliminant ainsi les inégalités matérielles. De plus, cette distribution équitable concernerait aussi la répartition du travail et des responsabilités, pour permettre à chaque membre de contribuer selon ses compétences et de recevoir en retour ce dont il a besoin. La Phalanstère semble alors, pour Fourier, un lieu où les passions humaines (désirs, émotions...)  seraient libérées de toute répression sociale. D'après lui,  la libération totale des passions est essentielle pour atteindre un état de bonheur et d'harmonie. Ainsi, la vie amoureuse serait également libérée des contraintes conventionnelles, permettant des relations basées sur le libre choix et l'expression naturelle des sentiments. Précisons aussi que Fourier, grâce à la Phalanstère, envisagerait une organisation du temps qui permettrait une variété d'activités tout au long de la journée. Chaque individu aurait alors la possibilité d'explorer différentes passions et talents, alignant ainsi activités et préférences individuelles, afin que les tâches soient réparties de manière à ce que le travail soit source de plaisir plutôt que de contraintes. Fourier avait conçu la Phalanstère comme un microcosme harmonieux de la société, il aspirait à créer une atmosphère sans conflit, où le bonheur ultime de chaque individu contriburait au bien-être général de la communauté. Malgré la vision utopique que Fourier nous propose de la Phalanstère, nous pouvons remettre en question la possibilité d'atteindre un équilibre parfait dans une communauté aussi complexe que dans celle où nous vivons. Nous pouvons aussi souligner que libérer totalement des passions pourrait conduire à des tensions et à des conflits au sein de la Phalanstère, remettant en question les limites inhérentes de la nature humaine, comme le rôle inconscient et inné de l'ego face à la purgation des passions. Fourier souhaite établir la libération des passions pour se défaire des répressions sociales et accéder à un état de bonheur et d'harmonie. Cette idée est partagée par les philosophes qui théorise la purgation des passions pour accéder à un état de tranquilité, les stoïcsistes et la maîtrise de soi1, ou le christianisme et le pardon 2. Mais comment peut-on accéder à cet état second ? Si, comme le cite Descartes ou Kant 3, "l'ego", un moi transcendant basé sur la conscience et la pensée, nous pousse à s'éloigner du "Je", comme essence. Ici, la vision socialiste de Fourier nous amène à penser une utopie où la nature humaine reste inanvisageable, notamment à l'heure où se mèle mondialisation, conformisme et conditionnement. De ce fait, l'être humain ne peut purger ses passions, facilitant l'Etat à conformer et à manipuler l'intégration des Hommes dans la société par le système capitaliste 4.  

        Au coeur de la vision sociale de Charles Fourier est inscrite la libération totale des passions humaines. Les désirs naturels et les passions devraient être célébrés et canalisés de manière constructive. Dans la Phalanstère, chaque individu est encouragé à exprimer librement ses inclinations et ses aspirations. Cette libération des passions imprègne toutes les facettes de la vie quotidienne. Fourier envisage une société où l'authenticité émotionnelle est valorisée et où l'expression libre des passions devient le fondement d'une existence pleinement épanouie.

        Pour Fourier, la libération des passions s'accompagne d'une critique du capitalisme industriel de son époque5 . Il dénonce les inégalités et les aliénations générées par le système économique dominant. Le capitalisme pervertit alors les relations humaines en transformant les individus en simple instruments productifs, réduisant ainsi le travail à une tâche mécanique et déshumanisante. Pour Fourier, les inégalités économiques et sociales sont une conséquence naturelle du système capitaliste. La minorité accumule les richesses au détriment de la majorité. Cette vision émerge d'une période où l'industrialisation transforme profondément les modes de production. Il perçoit la déshumanisation du travail comme un effet néfaste du capitalisme naissant, et met en lumière le décalage entre aspirations humaines et réalités du travail dans une économie capitaliste. Il s'oppose à la vision utilitariste du travail, cherchant plutôt à rétablir une connexion entre les activités productives et les passions individuelles. Ainsi, la libération des passions est également liée à la quête du plaisir et de l'épanouissement. Il rejette l'idée que le travail devrait être une corvée nécessaire à la survie et soutient que chaque individu devrait pouvoir tirer du plaisir de ses activités quotidiennes. La recherche du bonheur devient ainsi un moteur central de sa critique du capitalisme, remettant en question les structures sociales et économiques qui entravent cette quête. Dans son ouvrage, la proposition de Fourier va au-delà de la simple critique en offrant une alternative. En prônant la réconciliation entre le travail et le plaisir, il imagine une société où les individus trouveraient satisfaction et joie dans leurs occupations quotidiennes. La libération des passions devient alors un moyen d'harmoniser la vie individuelle avec les exigences de la vie en société. La libération des passions est un moyen de se rebeller contre les normes établies6.

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