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Bel-Ami et le mythe de Narcisse

Dissertation : Bel-Ami et le mythe de Narcisse. Recherche parmi 301 000+ dissertations

Par   •  1 Janvier 2025  •  Dissertation  •  671 Mots (3 Pages)  •  20 Vues

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Un détournement du mythe à l’avantage de Georges Duroy

Dans Bel-Ami, Maupassant détourne le mythe de Narcisse en transformant l’amour-propre en un instrument de pouvoir et de réussite sociale. Là où Narcisse, captivé par son reflet, « désire, et il est l’objet qu’il a désiré », Georges Duroy se sert de cette fascination pour s’élever. La scène où il monte les trois étages, s’arrêtant devant chaque miroir, montre comment il construit méthodiquement une image de lui-même qu’il pourra projeter à son avantage. À chaque étape, il ne se contente pas de contempler son reflet : il l’évalue, le perfectionne et en tire une satisfaction croissante, comme en témoignent les expressions laudatives telles que « fort bien » et « vraiment élégante ». Contrairement à Narcisse, consumé par une quête vaine et solitaire, Duroy utilise ce narcissisme pour se renforcer et se préparer à manipuler les autres.

Ce détournement met en lumière un Narcisse moderne, pour qui l’amour de soi n’est pas une impasse tragique, mais un levier pour atteindre ses ambitions. Alors que Narcisse est piégé par « l’onde trompeuse » qui le renvoie à une image insaisissable, Duroy s’approprie son reflet pour devenir un acteur social. Les miroirs successifs deviennent des outils de mise en scène, où il joue son rôle avec une assurance croissante. Là où Narcisse, dans sa fureur, « déchire sa robe » et s’autodétruit, Duroy se construit pièce par pièce : « sa moustache », « son chapeau », et « sa chevelure » deviennent des symboles d’une identité soigneusement élaborée. De plus, le miroir ne le piège pas, mais agit comme un moteur qui l’incite à « courir » et « sauter », suggérant un mouvement vers l’avant.

En détournant ainsi le mythe, Maupassant offre une critique subtile de son époque. Duroy incarne un Narcisse opportuniste et pragmatique, pour qui le narcissisme, loin d’être destructeur, devient une force stratégique dans une société où la maîtrise des apparences et la séduction sont les clés du pouvoir. Ce détournement illustre le cynisme de Maupassant face à un monde régi par l’illusion, l’ambition et l’autopromotion, transformant une tragédie antique en une comédie sociale cruelle et révélatrice.


Une réécriture du mythe d’Ovide

Dans Bel-Ami, Maupassant réécrit le mythe de Narcisse en actualisant l’idée de fascination pour son propre reflet et en la liant à une ambition sociale implacable. Comme Narcisse dans Les Métamorphoses d’Ovide, qui « devient épris de sa propre beauté » en apercevant son image dans l’onde, Georges Duroy s’arrête devant chaque miroir pour s’admirer et s’évaluer. Le texte de Maupassant, par l’emploi abondant de verbes pronominaux tels que « s’apercevant », « se regardant » ou « s’étudia », met en lumière cette fascination introspective. Cependant, là où Narcisse reste figé, « immobile à son aspect, tel qu’on le prendrait pour une statue », Duroy est en mouvement constant : il monte les escaliers, gravissant physiquement les étages d’un immeuble qui symbolisent son ascension sociale.

Ce parallèle renforce l’idée que Maupassant modernise le mythe en le détournant de sa finalité tragique. Tandis que Narcisse se consume, brûlé par une « flamme secrète » et incapable de dépasser l’illusion de son reflet, Duroy utilise cette même fascination comme un outil pour construire une image sociale avantageuse. Si Narcisse admire « ses cheveux dignes d’Apollon et de Bacchus » ou « les roses et les lis de son teint », Duroy s’attarde sur « sa tournure » et « sa moustache », des détails qui symbolisent son appartenance au monde bourgeois et séduisant qu’il ambitionne de rejoindre. Les miroirs ne piègent pas Duroy dans une quête vaine ; au contraire, ils lui permettent de jouer un rôle, d’ajuster son image et d’acquérir une assurance croissante. Cette réécriture illustre ainsi un déplacement du mythe : l’amour-propre de Narcisse, cause de sa perte, devient chez Duroy une force motrice, adaptée à une société où réussir passe par la maîtrise de son apparence et la séduction des autres. Maupassant met en scène un Narcisse moderne, pour qui l’obsession de soi n’est plus une impasse mais un tremplin.

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