Abbaye de Thélème

L’abbaye de Thélème

Eléments pour l’introduction :

Ce passage se situe à la fin de l’œuvre.

Après la guerre picrocholine, Gargantua offre à son ami Jean des Entommeures, pour le remercier de ses exploits guerriers, la possibilité de fonder une abbaye. Les chapitres LII à LVII vont être l’occasion pour Rabelais d’inventer une utopie qui se matérialise par la fondation d’une abbaye idéale, Thélème. Dans cet extrait, l’auteur évoque les conditions de vie parfaites des Thélémites.

Problématique : ???

Les différentes parties du texte :

1ere partie : lignes 1 à 5, un mode de vie idéal

2ème partie : lignes 6 à 17 : Des valeurs idéales

3ème partie : lignes 18 à 22 : Un idéal amoureux

Analyse :

1ere partie : lignes 1 à 5, un mode de vie idéal

Enumération et antithèse qui oppose un cadre contraignant à la liberté. Le mode de vie des Thélémites repose d’abord sur la liberté ce qui peut sembler paradoxal puisque les abbayes obéissent à des règles strictes : en effet, selon la règle monastique en vigueur à l’époque de Rabelais, l’abbaye est un lieu clos où vivent des moines se consacrant à la lecture et l’étude des Saintes Ecritures. Les moines prononcent des vœux auxquels ils doivent se conformer : vœu de chasteté, vœu de pauvreté, vœu d’obéissance.

Etymologiquement, le nom de Thélème signifie « Libre volonté ».

Enumération de verbes à l’imparfait qui mettent en évidence les habitudes de vie des Thélémites :  ils mènent une vie heureuse et équilibrée qui repose sur la satisfaction des désirs comme le souligne le parallélisme de construction des deux propositions subordonnées de temps (« Quand bon leur semblait », « quand le désir leur en venait »). Ces activités s’éloignent des activités d’une abbaye traditionnelle où l’étude et la prière structurent le déroulement des journées.

Multiplication des négations qui exprime le rejet de tout autre mode de vie que celui des Thélémites : la règle est totalement niée au profit de la liberté. Rabelais oppose ici deux modèles : le modèle monastique en vigueur et que le lecteur reconnait, et un autre modèle, celui de l’utopie.

Ainsi l’avait établi Gargantua. : le rôle majeur de Gargantua est mis en valeur par cette phrase simple. Il incarne lui-même le modèle du bon prince.

Fais ce que tu voudras. La formule est paradoxale puisque l’impératif s’oppose au verbe « vouloir ». Le paradoxe revient à adopter librement cette règle du refus de la règle. Cette devise s’oppose aux commandements de la religion et au vœu d’obéissance.

Le principe majeur de l’abbaye de Thélème est clairement exposé : contrairement à toute autre abbaye, les habitants y vivent librement. La liberté est le principe fondamental qui régit toute la vie de la communauté.

Importance du lexique de la morale par rapport à celui du mal Mise en valeur du thème par l’adverbe d’intensité « bien » qui est répété. Le narrateur expose la vie en communauté et met en valeur la dynamique humaniste qui va du savoir à la sagesse. L’honneur est le symbole de cette grande élévation morale. La morale naturelle de Thélème ne semble pourtant accessible qu’aux gens libres et bien nés, c’est-à-dire aux nobles. Ses principes ne pourraient donc s’appliquer qu’à une certaine élite.

Importance du lexique de l’assujettissement qui a une connotation négative. Ces mots viennent s’opposer au lexique de la liberté connoté positivement et associé à la vertu. On peut relever de nombreuses antithèses (« nobles » s’oppose à « viles », « vertu » à « vices »). L’image du joug (pièce de bois qui s’attache à l’échine des bœufs et qui les relie à la charrue ) est le symbole de cet assujettissement. Ainsi, le refus de la règle implique aussi la lutte contre une éventuelle oppression. Tous ces éléments réaffirment la volonté absolue des Thélémites de conserver et promouvoir leur liberté. La liberté est associée au thème du bien : le vœu d’obéissance qui est traditionnellement prononcé par les moines est ainsi indirectement critiqué. Mais une obligation apparait ; ne pas empiéter sur les droits de ses semblables.

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