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Les Mains Libres

Compte Rendu : Les Mains Libres. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Juin 2014  •  1 511 Mots (7 Pages)  •  1 724 Vues

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Dès son titre, le recueil de Paul Eluard et de Man Ray semble accorder aux mains une place capitale. Elles se retrouvent aussi dans de nombreux poèmes et dessins. On verra alors en quoi le titre Les Mains Libres convient-il au recueil ? Tout d'abord, nous verrons qu'il y a un parcours banalisé par des mains et qu'elles célèbrent la liberté partagée entre artistes et avec le lecteur.

Ce recueil est un parcours banalisé par des mains car elles sont omniprésentes dans l'oeuvre, elles sont même cités dans le titre du recueil qui est tiré d'un poème. Le titre "Les Mains Libres" ne signifie pas seulement "mains libres", mais donne également "carte blanche" à l'imagination, la main du dessinateur et l'esprit du poète. C'est le seizième poème de la première partie qui donne son titre au recueil. Il est constitué de deux vers qui n'ont aucun rapport avec le titre : "Cette averse est un feu de paille/La chaleur va l'étouffer." Il accompagne un dessin constitué de lignes qui s'entrecroisent à l'infini, suggérant la liberté des mains dans le dessin, où le crayon trace indéfiniment des "huit", sans le contrôle de l'esprit qui chercherait à produire une forme définie. Les mains sont retrouvées régulièrement dans la plupart des dessins et poèmes. Les mains sont mises en avant dans le titre de nombreux autres poèmes, comme « Main et fruits », « Belle main » ou « Des nuages dans les mains ». Dans les œuvres de Man Ray, la main est parfois la seule partie du corps représentée. C'est notamment le cas dans les dessins qui accompagnent les poèmes « Solitaire » et « L'attente », dans chacune de ces œuvres, deux mains se font alors face. La main peut aussi devenir un personnage comme dans le dessin de « Belle main ». À l'intérieur des poèmes, le mot est également très souvent employé par Éluard, qui évoque, dès son premier texte, une « main tendue ». Dans « La glace cassée », « Le don », « L'aventure » ou encore « Histoire de la science », pour ne citer que quelques exemples, elle est encore présente. En résumé, elle est bien au premier plan. Ce sont aussi des mains puissantes car elles sont disproportionnées, elles sont de toutes tailles, petites, grandes, maigres, grosses et parfois sans le reste du corps. Ces mains sont souvent féminines mais parfois masculines quand elles serrent. Dans le poème "Burlesque", la main est bien plus grande que le corps de la femme. Les mains sont souvent en action. La main qui saisit : "Pouvoir" : "Vertige la main dominante" : ce vers renvoie forcément au titre et au dessin. Il s'agit bien d'un désir de posséder. Les mains vont presque toujours par deux; elles expriment la possession car elles touchent (un visage dans "L'évidence"), tiennent (une paroie rocheuse dans "Le tournant"), serrent un corps ("Pouvoir") ou une partie de celui-ci (les cheveux dans "Le désir"), parfois un objet (un pinceau dans "Brosse à cheveux"). Elles sont liées à deux reprises. Elles expriment le désir et la possession (c'est le cas quand elles sont associées à l'amour et à la sexualité), mais on peut y voir aussi une allusion à la création ou plutôt au désir de création (comme à la fin de "Belle main" : "Qu'il me faut inventer/Passionnément/Avec des mots."). De plus les mains sont en écho dans différents dessins. Dans le poème "Solitaire", des mains féminines, situé dans la première partie du recueil, répond en une vue symétrique, comme en écho dans la deuxième partie à un autre dessin aux mains vides, masculines, tissant cette fois-ci une toile d’araignée… "L’Attente". Ainsi les mains marquent tout le livre, on pourrait y voir un parcours de lecture : les deux mains autour desquelles s'entrecroise un fil ("Solitaire"), trouvent leur écho dans celles entre lesquelles l'arraignée a tissé sa toile ("L'Attente"); ces dernières, à leur tour, s'ouvrent au contraire dans l'espace des nuages au poème suivant ("Des nuages dans les mains"), on les aura entre-temps retrouvées, mais rattachées cette fois au mannequin ("Le Mannequin"). Des mains se tendent vers un étrange visage féminin ("L'Evidence"), une main tire les cheveux d'une femme ("Le Désir"), une autre tient une brosse qui tient lieu de tête chevelue à une autre femme ("Brosse à cheveux"). Une autre, devenue monstrueuse, s'empare d'une femme ("Pouvoir") avant de devenir femme elle-même ("Belle main"). Ces exemples pourraient être multipliés pour bien d'autres représentations.

Ainsi, depuis le titre même de l'oeuvre, les mains sont omniprésentent, il peut aussi renvoyer à la liberté des quatres mains c'est-à-dire celles du dessinateur,

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