L'éducation Sentimentale, Flaubert
Commentaire de texte : L'éducation Sentimentale, Flaubert. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar margoubz • 19 Janvier 2013 • Commentaire de texte • 578 Mots (3 Pages) • 1 129 Vues
L'Éducation sentimentale comporte de nombreux éléments autobiographiques, tels la rencontre de madame Arnoux, inspirée de la rencontre de Flaubert avec Élisa Schlésinger, l'amour de sa vie2. Le personnage principal est Frédéric Moreau, jeune provincial de dix-huit ans venant faire ses études à Paris. De 1840 à 1867, celui-ci connaîtra l’amitié indéfectible et la force de la bêtise, l’art, la politique, les révolutions d’un monde qui hésite entre la monarchie, la république et l’empire. Plusieurs femmes [Rosanette, Mme Dambreuse] traversent son existence, mais aucune ne peut se comparer à Marie Arnoux, épouse d’un riche marchand d’art, dont il est éperdument amoureux. C’est au contact de cette passion inactive et des contingences du monde qu’il fera son éducation sentimentale, qui se résumera pour l’essentiel à brûler, peu à peu, ses illusions.
Le personnage de Frédéric, sans doute inspiré à Flaubert par ses propres expériences de jeunesse, est aussi la figure définitive d'une génération nourrie par le courant d'idées romantique le plus large. Ainsi, en même temps qu'il exalte la pureté de son amour pour madame Arnoux, celle-ci empêche Frédéric de choisir la moindre situation dans une société, d'abord influencée par la monarchie constitutionnelle de Louis-Philippe, puis par la deuxième République et enfin par le Second Empire, et qui mise beaucoup sur la carrière et l'idée de parvenir. Selon Marthe Robert, Frédéric est le « Bâtard moyen »3, plein de rêves qui le détournent de l'action, en opposition avec le Bâtard de l'époque de Napoléon, où conquérir le pouvoir était à la portée de toute volonté, immortalisé par Balzac avec le personnage de Rastignac.
Les différents personnages que côtoie Frédéric sont eux aussi autant de types d'un genre nouveau, représentant chacun les idées reçues d'un milieu bien défini et agissant en fonction des codes sociologiques stéréotypés. On retrouve ainsi le bourgeois parvenu en Jacques Arnoux, la bourgeoisie d'affaires avec le ménage Dambreuse, le petit bourgeois rêvant de pouvoir dans le personnage de Deslauriers, ami de collège de Frédéric, la courtisane avec Rosanette… Cette diversité permet la peinture de la fin de la Monarchie de Juillet à Paris. Pierre Bourdieu a vu ce roman comme un champ d'expérimentation sociologique4. Ce point de vue permet de voir Flaubert comme l'un des phares du réalisme.
Justement parce que Flaubert cherche à pointer les idées toutes faites de chaque milieu, L'Éducation sentimentale est aussi traversé par l'ironie : le narrateur se refuse à intervenir directement, et se borne à chercher la connivence avec le lecteur par de discrètes allusions à un cliché, ou grâce au style indirect libre si souvent analysé. Les opinions des personnages se trouvent ainsi discréditées par leur propre attitude ou par la description objective de ce qu'ils ne voient qu'à travers le filtre de leurs préjugés. Les quelques mots de Frédéric, au terme de la description peu amène du pillage des Tuileries par le peuple en février 1848, en offrent un exemple marquant : le narrateur dépeint les ivrognes et les brutes, les blessés s'entassant dans les pièces dévastées. « N'importe, dit Frédéric, moi, je trouve le peuple sublime ». Il ne fait que nier la
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