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Commentaire Composé du chapitre 3 du conte philosophique Candide de Voltaire

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Par   •  9 Mars 2014  •  2 296 Mots (10 Pages)  •  4 019 Vues

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INTRODUCTION

- Contexte: Voltaire, philosophe du XVIIIe, siècle des Lumières qui veut éclairer les hommes par la Raison et les sortir des ténèbres de l'ignorance. Quand Voltaire écrit Candide, en 1758, c'est un homme fatigué, vieillissant, retiré et déçu de ses expériences, développant une forme de pessimisme. Candideest un conte philosophique réfutant la thèse de l'optimisme de Leibniz.

- Situation: Chassé du château de Thunder-Ten-Tronckh, présenté comme un paradis terrestre, il se trouve, dans le troisième chapitre, jeté dans la guerre, « fléau inévitable » selon la définition donnée par Voltaire dans le Dictionnaire philosophique, après avoir été enrôlé de force. Voltaire fait une allusion directe à l’histoire contemporaine, puisque la guerre de Sept Ans a commencé en 1756. Cet épisode est l’occasion pour l’auteur de dénoncer violemment les atrocités de la guerre.

- Problématique: Comment, à travers le point de vue naïf de Candide, le "spectacle" de la guerre se métamorphose-t-il ironiquement en une charge satirique contre les autorités politiques ?

- Plan: I. Le "spectacle" de la guerre

II. Un véritable massacre

III. Les cibles de la satire

I. LE "SPECTACLE" DE LA GUERRE

Le chapitre s’ouvre sur la description des deux armées en présence, et propose une vision esthétique de la guerre ; celle-ci correspond à la vision philosophique que Pangloss, représentant de la théorie de l’Optimisme, a transmise à Candide.

A. Une bataille-concert

>> Candide victime de ses illusions, émerveillé par une harmonie à la fois visuelle et auditive ainsi que l’expriment les deux premières phrases en focalisation interne : il est spectateur.

- La description des armées et de la bataille est menée avec un grand nombre de termes valorisants. La phrase liminaire livre une énumération d’adjectifs très positifs, « beau », « leste », « brillant », « ordonné », qui, intensifiés par l’adverbe « si », évoquent l’aspect visuellement réussi de cette guerre, dans une anaphore qui tend à unifier cette énumération pour reproduire le bel ordre de l’armée par une harmonie imitative. Cette mise en valeur faussement laudative est renforcée par le pronom indéfini hyperbolique « rien » placé en ouverture de chapitre.

- Une harmonie qui se révèle aussi parfaite du point de vue sonore: énumération d’instruments d’orchestre (4), du plus éclatant, la trompette au plus grave (le tambour): cette bataille ressemble donc à un concert, et l’auteur évoque son « harmonie ».

La guerre est ainsi présentée comme un spectacle complet, un art parfaitement maîtrisé, et Voltaire désigne le champ de bataille comme un « théâtre ».

B. Une belle mécanique

- Cette attaque n’est pas présentée comme menée par des hommes, mais par des objets personnifiés, ce qui lui enlève tout caractère émotif : l’ensemble est bien orchestré. Ce sont les « canons » qui ouvrent les opérations, suivis de « la mousqueterie », puis de « la baïonnette ». L’utilisation des connecteurs temporels ajoute à cette impression d’ordre : « d’abord […] ensuite […] aussi » : la guerre est une impressionnante et implacable machine à tuer, à laquelle rien ne semble pouvoir résister.

- Aux assauts sont associés les pertes : « six mille hommes de chaque côté », puis « neuf à dix mille », enfin « quelques milliers ». Le bilan est ensuite exposé de façon purement mathématique : « Le tout pouvait bien se monter à une trentaine de mille âmes ». On a l’impression d’assister à un combat de soldats de plomb (« renversèrent ») avec un décompte énuméré sur un ton détaché (« à peu près », « environ »). Les euphémismes utilisés pour désigner la mort, comme « renversèrent », ou « ôta du meilleur des mondes » permettent aussi de déréaliser les effets de cette belle machinerie.

C. Une opération bénéfique

- La guerre est présentée comme une opération bénéfique ; elle permet en effet de débarrasser la terre de « coquins qui en infectaient la surface » : les victimes étant présentées comme des éléments nuisibles, on ne peut que se féliciter d’une telle entreprise.

- L’aspect positif de la guerre est d’ailleurs reconnu par la philosophie, la religion, et le droit international. La « baïonnette » est présentée comme la « raison suffisante » de la mort de milliers d’hommes. La guerre est régie par le « droit public » : elle obéit à des règles, dont celle de brûler les villages. Ainsi, les rois, les législateurs, les philosophes et les religieux soutiennent la guerre, et celle-ci semble présentée de façon tout à fait positive.

>> Cependant, les effets de contraste, les procédés d'exagération et les figures d'opposition ne font que renforcer, de façon ironique, la réalité cruelle de la guerre dont Voltaire nous offre ici un tableau saisissant.

II. UN VERITABLE MASSACRE

A. Les effets de discordance

- Au cœur même de la description du « théâtre de la guerre », Voltaire fait jouer des effets de discordance. Si la première énumération étonne par son caractère hyperbolique, la seconde mêle les « trompettes, les fifres, les hautbois, les tambours », c’est-à-dire les instruments de musique, et les « canons », qui rappellent la réalité de la guerre.

- De plus, l’ « harmonie » des instruments est associée à l’ « enfer », mot qui clôt la phrase sur une idée d’horreur. Voltaire sait jouer des contrastes, et le premier paragraphe se termine sur un oxymore révélateur, puisque la guerre est présentée comme une « boucherie héroïque » ; l’expression met en avant les valeurs supposées de la guerre, à savoir le courage, la bravoure, et la réalité, c’est-à-dire les meurtres, les carnages.

B. Un tableau réaliste des horreurs de la guerre

- Candide qui n’est pas, malgré tout, un « héros », quitte volontairement le champ de bataille pour « raisonner ailleurs des effets et des causes ». Il sera alors confronté à un autre spectacle qu’il livre en dehors de toute émotion et de tout jugement : celui qui touche les lieux et la population. Aucun écho affectif,

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