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Pétrus Borel - L'Hymne au soleil

Commentaire d'oeuvre : Pétrus Borel - L'Hymne au soleil. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Octobre 2024  •  Commentaire d'oeuvre  •  2 469 Mots (10 Pages)  •  23 Vues

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CC1 Versification - TD LLTC3

Pétrus Borel, Rhapsodies, "L'hymne au soleil", 1832 :

Là / dans ce senti<s>er creux, + promenoir solitair(e)                a F
                     D
e mon clandestin mal,                                        b M
J
e vi<s>ens / tout souffreteux, + et je me couch(e) à terr(e)        a F
                     Comm(e) un brut(e) animal.                                b M
J
e vi<s>ens couver ma faim, + la tête sur la pi<s>err(e),                a’ F
                     App
eler le sommeil,                                                c M

Pour étancher un peu + ma brûlante paupi<s>èr(e) ;                a’ F
              J
e vi<s>ens user + mon écot[1] de soleil !                        c M

Là-bas / dans la cité,+ l’avaric
e sordid(e)                                d F
                     Des chefs sur tout champart[2] :                                e M
Au mouton-peu/pl(e) on vend + l
e soleil et le vid(e) ;                d F
                     J’ai pa<s>yé, j’ai ma part !                                        e M

 Mais sur tous, / tous égaux + devant toi, / soleil just(e),                f F

                                            Tu verses tes ra<s>yons,                                        g M

 Qui ne sont pas plus doux + au front d’un sir(e) august(e),        f F

Qu’au sale front + d’une gueus(e) en hai<s>llons.                g M

[pic 1]

[1]         Écot : part payée par chaque convive lors d’un repas partagé.

[2]         Champart : taxe qui oblige les paysans à verser une partie de leurs récoltes à leur seigneur.


Remarques complémentaires :

  • Alternance en genre respectée au niveau du vers, pas au niveau de la strophe ;
  • Rimes croisées ;
  • Absence de diérèses et présence de synérèses orthodoxes ;
  • Absence de hiatus ;
  • Absence de contre-rejet ou de rejet ;
  • Enjambements présents, mais ils sont atténués par la ponctuation qui ancre un rythme régulier, et sont tolérés puisque inévitables ;
  • Deux huitains réguliers, polymétriques et symétriques qui présentent une clausule en décasyllabe clôturant les deux strophes dans lesquelles se succèdent alexandrins et hexasyllabes ;
  • Présence d’une périodicité entre les deux huitains ;
  • Les décasyllabes présentent des césures en 4+6, réalisables sans discordances ;
  • Les alexandrins présentent des césure à l’hémistiche, réalisables sans discordances;
  • Des coupes peuvent être placées, rappelant le rythme d’accompagnement nouveau des romantiques ; elles prennent le rythme 1/5+6 (v.1) ; 2/4+6 (v.3) ; 3/3+3/3 (v.13) ou 4/2+6 (v.11). Celles-ci peuvent être perçues par des lecteurs habituées aux poésies romantiques proposant ce genre de coupe – bien qu’il n’y ait pas ici une réelle multiplication d’enjambements, de rejets ou contre-rejets favorables à un tel procédé –, ou ne pas être soulignées, si des lecteurs sont plus habitués aux alexandrins classiques opérant une simple césure à l’hémistiche ;
  • La qualité des rimes est faible : toutes les rimes sont grammaticales, sauf les rimes a et d, ouvrant les strophes ;
  • La quantité des rimes est forte : les rimes a ; a’; b et e sont léonines ou équivoquées, elles présentent au moins un phonème d’appui et deux phonèmes semblables ; toutes ont au moins un phonème d’appui, sauf la rime c, qui est analysée ci-dessous:

a. solitaire / terre : /tɛRə/ → 3 phonèmes communs dont 1 phonème d’appui ;

a’. pierre / paupière : /piɛRə/ → 4 phonèmes communs dont 1 phonème d’appui ;

b. mal / animal : /mal/ → 3 phonèmes communs dont 1 phonème d’appui ;

c. sommeil / soleil : /ɛj/ → 2 phonèmes communs ; cette rime est renforcée par la syllabe /so/

commune en début de mot, les phonèmes /m/ et /l/ séparent les deux mots ;

d. sordide / vide : /idə/ → 2 phonèmes communs dont 1 phonème d’appui ;

e. champart / part : /paR/ →  3 phonèmes communs dont 1 phonème d’appui ;

f. juste / auguste : /ystə/ → 3 phonèmes communs dont 2 phonèmes d’appui ;

g. rayons / haillons : /jɔ̃/ → 2 phonèmes communs dont 1 phonème d’appui – visuellement,

la voyelle [a] en début de mot renforce la rime.

Analyse :

  1. Historique :

Dans ce poème, Pétrus Borel respecte parfaitement les règles classiques de la versification. Au XIXe siècle, ces règles ont déjà été transgressées et renouvelées, apportant une liberté aux poètes, qui peuvent choisir d’employer un style plus libre et nouveau. Ce retour aux règles classiques, de la part d’un poète romantique tel que Borel, peut donc être interprété comme une volonté de se rapprocher de la source de sa critique. En effet, le poète utilise les contraintes pour servir son propos : il met en avant l’inégalité et l’injustice à travers une poésie aux règles connues, dont la lecture est fluide et accessible. Il permet une lecture transparente et claire, ramenant les lecteurs à une constatation crue des inégalités. De plus, le ton employé par Borel, additionné au respect des règles classiques, mène à une douceur narrative qui permet une légèreté qui renforce ainsi la dénonciation d’une forme d’oppression et d’injustice liée à la misère. Cela lui permet également de se protéger des attaques du monde qu’il critique, car sa narration est fluide, donc plus douce et moins provocatrice : il met ainsi à distance la – sa – misère évoquée tout en se parant contre les attaques du monde.

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