Molière, Le malade imaginaire, scène d'exposition : comment s’exprime la déraison d’un malade ?
Fiche de lecture : Molière, Le malade imaginaire, scène d'exposition : comment s’exprime la déraison d’un malade ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Bertrand Durand • 1 Mars 2023 • Fiche de lecture • 1 324 Mots (6 Pages) • 485 Vues
Projet : comment s’exprime la déraison d’un malade ?
Tout d’abord, le monologue d’Argan est un dialogue imaginaire, en effet, 2 voix s’entremêlent, celle d’Argan ; qui s’exprime à la première personne du singulier « je » et qui désapprouve les honoraires de son apothicaire interpelé par l’apostrophe à la deuxième personne « vous », « Monsieur Fleurant »(en dépit de l’absence du perso). C’est un personnage théâtral car il vit dans l’imaginaire.
1. Argan dresse les comptes des factures de l’apothicaire pour les contester
L1 à 6, Argan comptabilise ses dettes. Il rapporte les paroles de son apothicaire au discours direct. Lorsqu’on relève l’adverbe « plus » on comprend que l’enchaînement en dates de ses remèdes est très rapprochée et qu’Argan en abuse et combien les acteurs de la médecines sont cupides. Le nom de Monsieur « Fleurant » contribue à la satire de la médecine avec un jeu de mot qui se moque de leur rôle (celui qui fleure les excrément/argent)
Le ton poli de l’apothicaire parodie le langage médical. Effectivement, la répétition du complément de nom x3 « Monsieur » est d’autant plus drôle que les remèdes énoncés sont des lavements en rapport avec les basses fonction du corps d’après l’abondance du vocabulaire scatologique (farce). Tout les remèdes sont donc purgatifs et les compléments circonstanciels de but et les verbes à l’infinitif mettent en valeur leur finalité d’évacuation « clystère carminatif », « pour chasser les vents », « bonne médecine pour hâter d’aller », « pour chasser dehors les mauvais humeurs ».
→ L’abondance des remèdes et leur énumération participe au comique de répétition et au comique de caractère faisant la satire de l’hypocondriaque dépourvu de modération et la satire des médecins qui en tirent profit (Purgon prescrit des remèdes qui purgent, purgent les malades de leur argent.)
Les réponses d’Argan sont faussement polies puisqu’il impose sans cesse une réduction des frais ce qui constitue une démarche peu honnête. En effet, « 30 sols » passent à « 10 sols » par 2 fois mettant en lumière le deuxième défaut dont Molière fait las satire, l’avarice. Il use d’un ton autoritaire d’après les réponse brèves nominales identiques en chiasme(abba) à l2 et 3. L’adverbe « bon » conclusif interrompt toutes contestation « Bon 20 et 30 sols »(l5). Argan feint que Monsieur Fleurant accepte l’accord avec mauvaises foi « je suis bien aise que vous soyez raisonnable »(l6)
→ Son avarice le conduit à la malhonnêteté en contournant ses dettes, il incarne l’Homme excessif = l’anti-honnête homme.
L6 à 8, l’apothicaire prescrit des remède différents, non plus des lavements mais des remèdes alimentaires conformément à la médecine du 17e siècle « prise de petit lait clarifié, et édulcoré » et l’énumération de 4 verbes à l’infinitif souligne son effet curatif « adoucir, lénifier , tempérer et rafraîchir le sang de monsieur ». Nous remarquons que le but n’est plus de soigner les intestins mais le « sang ». Argan impose une nouvelle foi son avarice par une réduction de la facture 20 sols devient 10 sols. L8 à 12, s’ajoute un nouveau médicament « une potion cordiale » destinée à soulager le cœur. Le détails des ingrédients de nature organiques et végétales est ridicule, Molière fait encore la satire de l’inefficacité de la médecine de son siècle. Sur se dernier remède, l’avarice du maître se démultiplie ; après avoir minimisé ses dettes, il les conteste et se met en colère « allons Monsieur Fleurant, tout doux ». Il s’adresse à lui comme à un cheval fougueux. L’ordre à l’impératif fait apparaître son caractère autoritaire « contentez-vous de 4 francs » qui s’en suit d’un commentaire absurde et ridicule « si vous en abusez ainsi, on ne voudra plus être malade » ce qui confirme bien par le verbe de volonté l’hypothèse d’un malade imaginaire, d’un comédien qui joue un rôle.
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