L’assommoir, Emile Zola

Compte rendu de lecture cursive

L’assommoir, Emile Zola

   L’assommoir est un roman d’Emile Zola publié en volume en 1877. Il est d’abord paru sous forme de feuilletons en 1876 dans un quotidien de l’époque le Bien public. Dès sa parution, l’Assommoir fait scandale car il est qualifié de grossier et obscène. Zola, qui veut être au plus proche de ses personnages, emploie en effet l’argot, ce qui heurte les sensibilités.  Sa publication doit alors être suspendue avant de reprendre deux mois plus trad dans un autre périodique, la République des lettres.

Ce roman est le septième ouvrage de la série les Rougon- Macquart, un ensemble de vingt livres publiés par Emile Zola entre 1870 et 1893. Portant comme sous-titre Histoire naturelle et sociale d'une famille sous le Second Empire, ces ouvrages dressent un tableau du monde ouvrier de l’époque de Zola au travers le destin de personnages comme Nana dans le roman du même nom ou Lantier dans Germinal.

   L’édition de Jacques Dubois dans la collection classique, Livres de poche, propose une illustration où les couleurs ocres dominent (orange, marron, jaune). On y voit en gros plan une jeune femme, vêtue d’une robe unie sombre, très simple. Un tablier est noué à sa taille et ses cheveux sont recouverts d’un fichu foncé. Elle porte un gros panier de linge blanc. On devine qu’elle précède une autre femme également chargée de linge. On peut penser qu’il s’agit d’une domestique ou d’une blanchisseuse, les ouvrières du XIXème siècle qui s’occupaient du textile. Elles le lavaient, l’essoraient, le repassaient.  Cette illustration peut donc laisser supposer que le personnage de l’histoire sera une employée de maison ou une de ces ouvrières. Cette dernière hypothèse se confirme dès les premières pages puisqu’on découvre vite qu’il va être question de Gervaise une jeune femme d’une vingtaine d’années qui monte à Paris avec son amant et ses deux enfants. Je m’attends plutôt à une histoire sombre, la classe ouvrière de l’époque de Zola vivant dans des conditions difficiles.  [pic 1]

   Le titre, l’Assommoir, fait référence au nom d’un cabaret populaire. C’est ce café, où trône un alambic qui sert à distiller l’alcool, que fréquente parfois Gervaise et un des personnages masculins principaux, Coupeau. L’assommoir est donc un établissement où les ouvriers viennent s’assommer d’alcool après leur dure journée de travail, jusqu’à en perdre le contrôle de leur vie.

[pic 2]

   L’histoire de Gervaise est écrite par Émile Zola, un grand auteur français. Zola est né à Paris le 2 avril 1840. Il a passé plusieurs années de son enfance à Aix en Provence où son père, François Zola, ingénieur des travaux publics, travaille l’arrivée de canalisation d’eau potable. Son père meurt subitement après quatre années passées à Aix. La mère d’Emile, Emilie Aubert, se retrouve alors totalement démunie. Cette condition va influencer l’écriture de Zola.

Passionné de littérature Zola, gagne Paris, en 1858, à la fin de ses études.  Il s’installe alors avec sa mère dans les quartiers pauvres. Il y côtoie de nombreux ouvriers, dont il partage les conditions de vie difficiles. Il travaille d’abord au début des années 1860 dans l’édition avant de devenir critique en 1866 puis journaliste politique. C’était un auteur engagé :  il a notamment été impliqué dans l’Affaire Dreyfus suite à sa lettre ouverte J’accuse parue dans le quotidien l’Aurore en janvier 1898. Cette parution lui vaudra un procès et un exil d’onze mois à Londres.

La publication de l’Assommoir lui permet de vivre de sa plume et les romans qui le suivent lui assurent enfin le succès Parmi les plus célèbres il y a Nana qui raconte la vie de la fille de Gervaise, Au bonheur des Dames, paru en 1883, Germinal qui évoque le destin d’Etienne Lantier, le fils de Gervaise.   Agrès cette série il en publiera deux autres : les Trois Villes et les Quatre Evangiles.

Il meurt le 29 septembre 1902 d’une intoxication au monoxyde de carbone, sa mort ayant longtemps été considérée comme suspecte en raison des nombreux opposants qu’il a eus, conséquence de son engagement.

   Zola écrit durant le second Empire sous Napoléon III.  Le contexte politique et social est très important car Zola choisit d’y ancrer toute son œuvre. C’est à cette époque, avec la seconde Révolution Industrielle, que les ouvriers deviennent en effet une classe dominante.  Ce sont eux que Zola va décrire et dont il va raconter le quotidien dans sa fresque romanesque.  

L’Assommoir se déroule à l’époque contemporaine de l’auteur mais il n’y a pas d’indicateur temporel précis. Il y a juste une allusion au chapitre IV au coup d’état de 1851 au cours duquel Louis Napoléon Bonaparte prend le pouvoir.

   Décrivant les réalités de ses contemporains et notamment des classes populaires Zola s’inscrit dans le courant réaliste. Il choisit de faire comme Balzac et sa Comédie Humaine (1830-1856) en publiant lui aussi une série. Quelques années avant l’Assommoir Flaubert avait lui aussi raconté son époque au travers des personnages comme Madame Bovary et Frédéric Moreau dans l’Education Sentimentale en 1869.

En se référant à un travail de recherche quasi scientifique, Zola se qualifiera lui-même d’auteur naturaliste. Il veut rester le plus proche possible du réel, faisant par exemple parler ses personnages en argot.

Ce courant artistique se retrouve également dans la peinture avec Lepage ou les œuvres de Gustave Courbet comme les Casseurs de Pierres.

En 1877 année de la parution de l’Assommoir, l’impressionniste Claude Monet va lui aussi choisir un sujet de société, symbole de la Révolution Industrielle en représentant la Gare Saint Lazare.

L’Assommoir raconte le quotidien et la chute sociale d’une jeune fille de province, Gervaise Macquart. Après avoir rejoint Paris avec son amant Lantier, elle se retrouve seule à 21 ans avec ses deux enfants Claude et Etienne. Travaillant comme blanchisseuse elle rencontre alors un ouvrier zingueur, Coupeau, qu’elle épouse. Elle mènera une vie simple et heureuse jusqu’à ce que Coupeau tombe d’un toit. Il devient alors aigri et se met à boire, de plus en plus jusqu’à devenir un ivrogne. La situation se dégrade et Gervaise finit par perdre la blanchisserie pour laquelle elle s’était endettée. Elle sombre à son tour dans l’alcool, sa fille Nana quittant le foyer. Après le décès de Coupeau, on la retrouvera morte sous un escalier dans l’indifférence générale.

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