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Etude linéaire de Ma bohème d'Arthur Rimbaud

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Par   •  20 Juin 2024  •  Commentaire de texte  •  1 349 Mots (6 Pages)  •  107 Vues

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Texte 14, Ma Bohème, Arthur Rimbaud, 1870

        Le recueil Les Cahiers de Douai d’Arthur Rimbaud est constitué de poèmes de jeunesse.

        Le poème « Ma Bohème » a pour point de départ la fugue d’octobre 1870. Rimbaud n’a que 16 ans et il cherche à fuir la pesanteur familiale. Selon lui, le mot « bohème » signifie une vie libre mais pauvre avec insouciance et poésie, qui s’inspire de certains clichés du romantisme.

        Dès le titre, le possessif « ma » annonce une réappropriation de cet idéal. Le sous-titre « Fantaisies » renforce l’idée de liberté.

        Par contre, le poème n’a pas une forme libre, c’est un sonnet dans lequel le poète fait un autoportrait rempli d’autodérision.

        Quelles sont les caractéristiques de la « bohème » idéale de ce jeune poète ?

        Des vers 1 à 5, le poète commence par se représenter en tant que vagabond rusé dévoué à la Muse, c’est-à-dire la poésie, puis jusqu’au vers 11 il se présente en tant que Petit-Poucet heureux de se perdre dans un espace nocturne. Et enfin, le dernier tercet pose la chute parodique mais symbolique du sonnet avec une lyre faite de lacets de chaussures.

Mouvement 1 : le vagabond rusé (v 1-5)

Le premier vers pose plusieurs thèmes essentiels à cette « bohème » idéale : d’abord, un vagabondage c’est-à-dire un déplacement à pied qui n’a pas de but « je m’en allais », ensuite une posture insouciante et désinvolte « les poings dans mes poches » et enfin la pauvreté qui s’illustre ici avec l’usure des vêtements « mes poches crevées ».

La césure du vers se passe entre « les poings » et « dans mes poches » coupent en deux ce complément, ce qui crée un enjambement interne qui vient perturber le rythme classique de l’alexandrin.

L’autodérision apparaît dès le deuxième vers, avec la remarque sur le « paletot » (manteau) qui « devenait idéal » comme les poches. L’humour réside dans le double sens du mot « idéal » : son manteau est tellement usé qu’il correspond à l’idéal de pauvreté de cette bohème, mais il est aussi usé au point qu’il n’en reste plus qu’une idée.

Le jeu sonore entre « paletot » et « aussi » donne un aspect cocasse au vers.  

La reprise du verbe « j’allais » au vers 3, qui fait écho au vers 1, mime l’aspect à la fois rythmé et continu de la marche. Le complément de lieu « sous le ciel » indique à la fois pauvreté et liberté. Rimbaud évoque la « Muse », divinité antique de la poésie juste après la mention du ciel, ce qui crée un lien de la nature et de l’inspiration.

L’adjectif « féal » au vers 3 choisi pour rimer avec « idéal » signifie « fidèle ». Ce vieux mot confirme le rapport religieux du poète à sa source d’inspiration.

L’exclamation « Oh ! là là ! » du langage courant amplifie la désinvolture du poète. Cette dernière se prolonge dans l'exclamation suivante: « que d'amours splendides j'ai rêvées!». Rien ne semble devoir être pris trop au sérieux ici : l'adjectif « splendides», emphatique, et l'irrégularité rythmique signale l'autodérision. Par ailleurs, ces « amours» sont « rêvées», et non réalisées. Le participe « rêvées», lui, rime ironiquement avec « crevées» (v. 1), comme si le rêve restait irréalisable et voué à l'échec.

Puis le poète achève de dépeindre l'usure de son costume en débordant sur le second quatrain: « Mon unique culotte avait un large trou. » Ce débordement, au mépris des règles classiques, donne un tour naïf et cocasse à cet autoportrait.

 Mouvement 2 : un Petit-Poucet à la belle étoile (v 6-11)

Le tiret qui ouvre le vers 6 signale un changement d'images : Ce n'est plus en « féal » de l'antique Muse que se présente le poète, mais en personnage de conte, moins solennel, plus enfantin et malicieux: « Petit-Poucet rêveur » (v. 6).

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