Dissertation sur l'accomplissement de soir par le travail
Dissertation : Dissertation sur l'accomplissement de soir par le travail. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Matthieu Boucherie • 4 Juin 2023 • Dissertation • 2 259 Mots (10 Pages) • 174 Vues
« S’il y a du plaisir dans le travail, il ne peut venir que dans un second temps, par transformation de la
souffrance en plaisir. » Christophe Dejours « Travail vivant et accomplissement de soi » in Qu’est-ce
qu’un régime de travail réellement humain ? [2018]
Dans quelle mesure votre lecture des œuvres du programme vous permet-elle de souscrire à ce
propos ?
Selon la mythologie grecque mais aussi l’Ancien Testament, l’homme est condamné à
travailler. Cette contrainte génère de la souffrance mais crée également un défi à relever pour
l’homme, qui peut être source de satisfaction. Christophe Dejours va plus loin dans son article intitulé
« Travail vivant et accomplissement de soi » publié dans l’ouvrage Qu’est-ce qu’un régime de travail
réellement humain ? en 2018 lorsqu’il écrit : « S’il y a du plaisir dans le travail, il ne peut venir que dans
un second temps, par transformation de la souffrance en plaisir. » En effet il affirme que la souffrance
propre au travail génèrerait du plaisir suite à une transformation. Le travail, cette activité dont la
finalité ne se réduit pas aux moyens de subsistance, s’oppose avant tout aux loisirs et à l’oisiveté.
Travailler, c’est fournir un effort contraignant, qui peut générer de la souffrance. Cet effort peut
valoriser l’individu, par une satisfaction intime et sociale, au point même de façonner son identité.
Christophe Dejours associe explicitement le travail à la souffrance. Il évoque la notion de « plaisir » à
deux reprises. La première occurrence du mot « plaisir » est corrélée à une hypothèse « s’il y a du
plaisir ». Ainsi l’idée même de plaisir, une sensation agréable et ponctuelle, est envisagée comme
possible au travail mais également comme n’allant pas de soi voire comme improbable. C’est pourquoi
il évoque un processus (« dans un second temps ») de « transformation » où le plaisir devient possible
dès lors que la souffrance originelle et étymologique du travail (« tripalium ») est sublimée,
métamorphosée par un processus de la part du travailleur. Christophe Dejours est catégorique : « il ne
peut venir que » en employant un présent de vérité générale et une restriction qui pose comme seule
valide l’idée selon laquelle le plaisir n’est possible au travail que par le processus de métamorphose
d’idées contradictoires : souffrance en plaisir. On relève donc un paradoxe : ce qui conduirait au
bonheur, serait une souffrance première sublimée et non la disparition de la souffrance. On peut alors
se demander si la souffrance est nécessairement une étape inéluctable vers le plaisir au travail et
même si c’est justement cette souffrance qui permet d’être heureux grâce à sa transformation. Nous
examinerons cette question à la lumière des œuvres de Virgile, de Simone Weil et de Vinaver
proposées au programme. S’il est vrai que le travail se définit par la pénibilité, que ce soit le principe
de contrainte ou la souffrance intense provoquée par le travail, le travailleur ressent une forme de
plaisir dans la satisfaction d’un effort surmonté. Néanmoins, on peut nuancer l’idée de transformation
de souffrance en plaisir puisque certains ne connaissent pas le plaisir au travail quand d’autres ne
connaissent pas la souffrance. On peut alors se demander si la question du plaisir au travail n’est pas
tant de transformer la souffrance en plaisir que de forger soi-même son propre bonheur en se
réalisant (bonheur durable opposé à plaisir éphémère de l’instant dans le travail).
I Certes, le travail se définit par la pénibilité, mais parfois cette « souffrance » produit de la
satisfaction, un certain « plaisir » avec le temps et grâce à un processus de transformation. Le travail
s’inscrit dans un cadre contraignant et par là même désagréable. Travailler la terre, comme le montre
Virgile, c’est être soumis à la loi des saisons et des cycles du monde qui se répètent à l’infini et
asservissent le paysan comme le montre le deuxième chant des Géorgiques : « Il y a encore, parmi les
soins dus aux vignes, un autre travail, et qui n’est jamais épuisé : il faut en effet trois ou quatre fois
l’an fendre tout le sol, et en briser éternellement les mottes avec le revers des bidents ; il faut soulager
tout le vignoble de son feuillage. » La pénibilité du travail est exprimée par les repères temporels
« encore », « jamais » « éternellement ». L’agriculteur est prisonnier d’un destin qui le voue, tel
Sisyphe, à accomplir encore et toujours les mêmes gestes. Simone Weil écrit à Nicolas Lazarévitch à
propos de son expérience du travail à l’usine : « rien dans ma vie passée ne m’a préparée à ce genre
d’efforts, et le découpage est, je crois, une des choses les plus dures qu’il y ait parmi les travaux de
femmes. » Elle fait part de sa souffrance au travail. Dans une moindre mesure, les employés de
Ravoire et Dehaze souffrent également d’un travail chronophage qui manque
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