Comment Zola met-il en évidence la cruelle désillusion de l’artiste dans cet extrait ?
Commentaire de texte : Comment Zola met-il en évidence la cruelle désillusion de l’artiste dans cet extrait ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar akileus • 26 Mars 2023 • Commentaire de texte • 1 316 Mots (6 Pages) • 249 Vues
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- Situation et présentation de l’extrait : Suite à plusieurs échecs et après avoir un temps renoncé à la peinture, Claude Lantier retrouve son énergie créatrice et se consacre entièrement à un nouveau tableau, qu’il veut présenter lors d’une grande exposition, le Salon.
- Mouvements du texte :
1- l. 1 à 9 : L’énergie créatrice d’un génie
2- l.10 à 21 : Une impuissance destructrice
- Problématique : Comment Zola met-il en évidence la cruelle désillusion de l’artiste dans cet extrait ?
1er mouvement : l.1 à 9 → L’énergie créatrice d’un génie
- L’artiste, Claude Lantier, est tout d’abord présenté comme possédant une énergie hors du commun, étant comme habité par une force surhumaine : voir l’adverbe « violemment », l’adjectif indéfini « telle », les participes présents marquant l’action « maniant » et « dépensant » (l.2), l’hyperbole « une force musculaire à remuer les montagnes » (l.2-3). Il se montre aussi particulièrement endurant : « il vivait sur son échelle les journées entières » (l.1-2) → analyser l’article défini « les » = « toutes les journées » → qualités dignes d’un héros épique.
- Toute cette dépense d’énergie le conduit à un état d’épuisement total : voir l’imparfait itératif « il chancelait comme un homme ivre », « il s’endormait à la dernière bouchée, foudroyé » (l.3). La 2ème comparaison, à un enfant « il fallait que sa femme le couchât, ainsi qu’un enfant » (l.4), marque un contraste entre la force extraordinaire de l’artiste et sa fragilité, son extrême faiblesse : il a consommé toute son énergie dans sa création artistique, il y laisse toute son énergie vitale.
- La supériorité de l’artiste est ensuite mise en évidence par un lexique particulièrement élogieux : « travail héroïque » (l.4), « ébauche magistrale », « une de ces ébauches où le génie flambe » (l.5). La répétition du nom « ébauche » et l’expression « dans le chaos encore mal débrouillé des tons » (l.5-6) insistent sur le fait que le travail de l’artiste est loin d’être achevé, qu’il n’en est qu’aux prémices de son œuvre. Il montre le processus créatif à l’œuvre.
- Cependant, même si le tableau n’est pas achevé, il suscité déjà une grande admiration. Zola fait intervenir différents personnages secondaires, eux-mêmes artistes, qui sont utilisés comme témoins experts, leur avis faisant fonction d’argument d’autorité. Leurs réactions élogieuses sont données selon un dispositif de gradation. Le 1er marque son émotion par des gestes et des manifestations physiques : « saisit le peintre dans ses grands bras et le baisa à l’étouffer, les yeux aveuglés de larmes » (l.6-7). La réaction du 2nd est qualifiée par l’adjectif « enthousiaste » (l.7). Pour les suivants, le tableau sera « un chef-d’œuvre » (l.8). Et enfin, le dernier personnage (un peintre qui a réussi) ménage un suspense avec une réaction en deux temps : « il resta un instant immobile, puis éclata en félicitations, trouvant ça trop beau. » (l.8-9) → les réactions de tous ces personnages mettent en lumière le génie créatif du peintre. L’adverbe « trop » est cependant ambigu puisqu’il est marqué d’une connotation négative.
2ème mouvement : l.10 à 21 → Une impuissance destructrice
- Le connecteur « en effet » doit être mis en relation avec la remarque du personnage de Fagerolles, « trop beau » (l.9) ; l’implicite est ici « trop beau pour être vrai » et la remarque est commentée par le narrateur: « comme si cette ironie d’un habile homme lui eût porté malheur » (l.10). Cette remarque apparaît comme une sombre prophétie, comme le montre la comparaison « comme si cette ironie d’un habile homme lui eût porté malheur » (l.10). Et comme annoncé, « Claude […] ne fit ensuite que gâter son ébauche » (l.10-11) → analyser l’emploi de la négation exceptive qui renforce le verbe « gâter » = altérer, dégrader.
- Claude est ensuite présenté comme un artiste maudit, par un rappel de ses échecs précédents : voir l’emploi de l’adjectif « continuelle » (l.11), et de l’imparfait itératif qui marque la répétition. Le contraste entre l’élan créateur et l’échec est marqué par l’opposition entre les deux parties de la phrase : « il se dépensait d’un coup, en un élan magnifique » → réussite / « puis, il n’arrivait pas à faire sortir le reste » → échec (l.11-12). La dernière proposition à la forme négative, « il ne savait pas finir », marque la fatalité du destin de Claude, prisonnier d’un schéma répétitif qui le conduit à la désillusion.
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