Au bonheur des dames, Émile Zola
Commentaire de texte : Au bonheur des dames, Émile Zola. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mona684 • 10 Mars 2024 • Commentaire de texte • 1 043 Mots (5 Pages) • 160 Vues
Emile Zola, « Au Bonheur des Dames », 1883
Extrait :
Mouret avait l'unique passion de vaincre la femme. Il la voulait reine dans sa maison, il lui avait bâti ce temple, pour l'y tenir à sa merci. C'était toute sa tactique, la griser d'attentions galantes et trafiquer de ses désirs, exploiter sa fièvre. Aussi, nuit et jour, se creusait-il la tête, à la recherche de trouvailles nouvelles. Déjà, voulant éviter la fatigue des étages aux dames délicates, il avait fait installer deux ascenseurs, capitonnés de velours. Puis, il venait d'ouvrir un buffet, où l'on donnait gratuitement des sirops et des biscuits, et un salon de lecture, une galerie monumentale, décorée avec un luxe trop riche, dans laquelle il risquait même des expositions de tableaux. Mais son idée la plus profonde était, chez la femme sans coquetterie, de conquérir la mère par l'enfant ; il ne perdait aucune force, spéculait sur tous les sentiments, créait des rayons pour petits garçons et fillettes, arrêtait les mamans au passage, en offrant aux bébés des images et des ballons. Un trait de génie que cette prime des ballons, distribuée à chaque acheteuse, des ballons rouges, à la fine peau de caoutchouc, portant en grosses lettres le nom du magasin, et qui, tenus au bout d'un fil, voyageant en l'air, promenaient par les rues une réclame vivante ! La grande puissance était surtout la publicité. Mouret en arrivait à dépenser par an trois cent mille francs de catalogues, d'annonces et d'affiches. Pour sa mise en vente des nouveautés d'été, il avait lancé deux cent mille catalogues, dont cinquante mille à l'étranger, traduits dans toutes les langues. Maintenant, il les faisait illustrer de gravures, il les accompagnait même d'échantillons, collés sur les feuilles. C'était un débordement d'étalages, le Bonheur des Dames sautait aux yeux du monde entier, envahissait les murailles, les journaux, jusqu'aux rideaux des théâtres. Il professait que la femme est sans force contre la réclame, qu'elle finit fatalement par aller au bruit. Du reste, il lui tendait des pièges plus savants, il l'analysait en grand moraliste. Ainsi, il avait découvert qu'elle ne résistait pas au bon marché, qu'elle achetait sans besoin, quand elle croyait conclure une affaire avantageuse ; et, sur cette observation, il basait son système des diminutions de prix, il baissait progressivement les articles non vendus, préférant les vendre à perte, fidèle au principe du renouvellement rapide des marchandises. Puis, il avait pénétré plus avant encore dans le cœur de la femme, il venait d'imaginer « les rendus », un chef d'œuvre de séduction jésuitique. « Prenez toujours, madame : vous nous rendrez l'article, s'il cesse de vous plaire... » Et la femme, qui résistait, trouvait-là une dernière excuse, la possibilité de revenir sur une folie : elle prenait, la conscience en règle. Maintenant, les rendus et la baisse des prix entraient dans le fonctionnement classique du nouveau commerce.
Emile Zola, Au Bonheur des Dames (1883)
Emile Zola et le culte de consommation et de la possession
Zola met en avant dans son roman la révolution industrielle et sociale.
Il décrit le magasin Au bonheur les Dames comme la cathédrale/ temple du commerce moderne.
- Le magasin qui a inspiré Zola : Au bon marché fondé en 1838 par Aristide Boucicaut
- Les techniques de vente du magasin :
- Des prix bas affichés par une étiquette, le but est de séduire l’acheteur et surtout l’acheteuse par un petit prix qui fait croire à une bonne affaire qui provoque l’envie d’acheter.
- Les rabais fréquents : les rabais permettent d’attirer une clientèle encore plus modeste.
- Possibilité de rendre l’article
- Publicité omniprésente et sous toutes les formes.
L’objectif de tout cela est de provoquer l’envie irrépressible d’acheter. Le magasin utilise toutes les techniques modernes pour attirer les clients.
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