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Apollinaire, Alcools, les fiançailles

Commentaire de texte : Apollinaire, Alcools, les fiançailles. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  11 Mai 2023  •  Commentaire de texte  •  2 101 Mots (9 Pages)  •  1 120 Vues

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COMMENTAIRE Les fiancailles fragement 3, 4, 5

Je n'ai plus même pitié de moi

Et ne puis exprimer mon tourment de silence

Tous les mots que j'avais à dire se sont changés en étoiles

Un Icare tente de s'élever jusqu'à chacun de mes yeux

Et porteur de soleils je brûle au centre de deux nébuleuses

Qu'ai-je fait aux bêtes théologales de l'intelligence

Jadis les morts sont revenus pour m'adorer

Et j'espérais la fin du monde

Mais la mienne arrive en sifflant comme un ouragan

J'ai eu le courage de regarder en arrière

Les cadavres de mes jours

Marquent ma route et je les pleure

Les uns pourrissent dans les églises italiennes

Ou bien dans de petits bois de citronniers

Qui fleurissent et fructifient

En même temps et en toute saison

D'autres jours ont pleuré avant de mourir dans des tavernes

Où d'ardents bouquets rouaient

Aux yeux d'une mulâtresse qui inventait la poésie

Et les roses de l'électricité s'ouvrent encore

Dans le jardin de ma mémoire

Pardonnez-moi mon ignorance

Pardonnez-moi de ne plus connaître l'ancien jeu des vers

Je ne sais plus rien et j'aime uniquement

Les fleurs à mes yeux redeviennent des flammes

Je médite divinement

Et je souris des êtres que je n'ai pas créés

Mais si le temps venait où l'ombre enfin solide

Se multipliait en réalisant la diversité formelle de mon amour

J'admirerais mon ouvrage 

INTRODUCTION :

Apollinaire, qui a vécu une période marquée par la Première Guerre mondiale et la perte de sa muse, exprime son désespoir et sa quête de sens à travers une poésie à la fois lyrique et moderne. Le recueil Alcools,publié en 1913 par Guillaume Apollinaire, rassemble des poèmes écrits entre 1898-1912 .Il présente un parcours personnel depuis les poèmes de jeunesse jusqu’à « Zone », poèmes qui sont séparés en plusieurs sections. Dans ce poème, le poète se livre à une introspection profonde en utilisant un ton mélancolique pour exprimer son désespoir, mais également un ton de détermination pour trouver une nouvelle voie poétique. Nous nous demanderons comment le poète exprime le désespoir et la perte de sens qui l'habitent, ainsi que sa quête d'une nouvelle forme d'expression poétique ? Dans un premier temps, nous analyserons la profonde crise du poète Apollinaire qui se traduit par la suite par une perte de repères poétiques avant de voir comment le poète parvient à renouveler l'expression poétique en se tournant vers une nouvelle sensibilité artistique.

PLAN :

I. C’est tout d’abord , en nous faisant par de ces tourment et de sa difficulté à s’exprimer qu’Apollinaire aborde La crise existentielle qui le touche et le fait souffrir :

  • Le poète est confronté à une crise profonde qui l'empêche d'exprimer son tourment
  • Les mots se transforment en étoiles, symbole de la perte de repères et de la difficulté à s'exprimer
  • Le poète brûle intérieurement au centre de deux nébuleuses, image de sa souffrance intérieure

II. les thèmes de la mort et de la perte dominent les vers l’empêche de voir clair dans la poésie traditionelle :

  • Les cadavres des jours qui jalonnent la route du poète
  • La mort qui se profile, symbolisée par les morts qui reviennent pour l'adorer
  • La perte de la poésie traditionnelle, que le poète ne maîtrise plus

III. Sa remise en question et sa reconception de la poésie l’amène vers la quête d'une nouvelle forme d'expression poétique :

  • Le poète médite et sourit des êtres qu'il n'a pas créés
  • L'amour de la beauté et des fleurs, qui peut devenir une source d'inspiration poétique
  • L'ouverture à une nouvelle forme d'expression poétique, que le poète peut admirer s'il parvient à la réaliser

I. C’est tout d’abord, en nous faisant part de ces tourment et de sa difficulté à s’exprimer qu’Apollinaire aborde La crise existentielle qui le touche et le fait souffrir :

Dans ce poème, Apollinaire décrit une crise existentielle profonde qui le paralyse et l'empêche de s'exprimer. Cette idée est renforcée par la phrase nominale qui ouvre le poème. En effet, la première phrase "Je n'ai plus même pitié de moi" est une phrase nominale, c'est-à-dire qu'elle ne comporte pas de verbe conjugué. Cette absence de verbe traduit l'immobilisme et l'incapacité du poète à agir ou à se définir. De même, la répétition de la négation "plus même pitié de moi" insiste sur le désespoir du poète et sur sa souffrance. Le verbe "exprimer", qui apparaît dans la deuxième partie de la phrase, est ainsi mis en relief et souligne l'incapacité du poète à communiquer son tourment. Cette crise existentielle, symbolisée par l'impossibilité d'exprimer son mal-être, est donc au cœur du poème et semble lui faire perdre ses repères poétique .

En évoquant, la transformation de ses mots en étoiles, le poète semble vouloir nous communiquer ce qu’il conçoit comme une perte de repères et la difficulté à s'exprimer. Cette idée est d’autant plus confirmé par la subordination. En effet, la proposition "Tous les mots que j'avais à dire se sont changés en étoiles" est subordonnée à la phrase précédente "Et ne puis exprimer mon tourment de silence". Cette subordination met en relief l'idée que le poète est pris dans un état de silence, de blocage qui le rend incapable de communiquer. La métaphore des étoiles suggère que les mots sont devenus des éléments éloignés et inaccessibles, des points lumineux qui ne peuvent être atteints. Cette image poétique souligne l'incommunicabilité du poète et son sentiment d'impuissance qui par ailleurs l’empêche de vivre en paix intérieurement.

Apollinaire nous fait part de la souffrance intérieure qui l'habite. En effet, l’utilisation du verbe "brûler" au présent de l'indicatif permet d'insister sur l'intensité de la souffrance du poète, qui est présente en lui à chaque instant. La juxtaposition de deux nébuleuses autour du poète renforce l'idée de l'intériorité de sa souffrance, qui est ici décrite comme une explosion de lumière et de feu. Cette image poétique suggère que la souffrance du poète est d'une telle intensité qu'elle est comparable à la violence des forces cosmiques qui agissent dans l'univers. Cependant , la souffrance dont il nous fait part ne peut que rejoindre l’idée de mort qui pèse sur Apollinaire

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