La vérité permet-elle d'accéder au bonheur ?
Dissertation : La vérité permet-elle d'accéder au bonheur ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Klyyze • 30 Mai 2023 • Dissertation • 3 794 Mots (16 Pages) • 501 Vues
Dans son recueil de poèmes Bonheur, Paul Verlaine affirme “Par notre manière de penser et nos attitudes, nous construisons notre bonheur ou notre malheur”, on peut alors s’appuyer sur ce vers pour se demander quelle “manière de penser” est la plus adaptée pour atteindre ce si précieux bonheur, ce sentiment durable de bien-être et de satisfaction au regard de l’entièreté de notre vie que beaucoup, selon une vision eudémonique, considèrent comme une consécration, un but ultime que l’on pourrait qualifier de Souverain Bien. Car il est évident qu’au sein de notre société, chaque individu désire profondément de s’approcher de cet objectif, que ce soit le globe-trotter qui fait de la découverte de toutes les contrées composant notre monde le sens de sa vie, ou le cadre en entreprise motivé par le sentiment d’être parvenu à s'élever dans la société, accompagné par la soif inévitable d’argent. Mais force est de constater qu’il n’est pas donné à tout le monde d’être heureux en prenant en compte les nombreuses péripéties que la vie comporte. Et par exemple, rechercher la vérité, essayer d’atteindre à l’aide d’une réflexion des généralités vis à vis de notre personne, comme une adéquation avec soi-même, ou bien du monde dans lequel nous vivons, des lois physiques ou morales régissant notre univers nous permettant d’établir une pensée sur l’essence de tout être humaine, pourrait-ce nous permettre d’être heureux ? C’est exactement la question que nous allons étudier : Doit-je chercher la vérité pour être heureux ? On pourrait très simplement répondre à cette problématique par l’affirmation sceptique que la vérité n’est pas atteignable par l’Homme, ou même qu'elle n'existe tout simplement pas. Cependant, la formulation de cette problématique ne remet en question à aucun moment l’existence de la vérité et la possibilité de l’atteindre en tant qu’être humain, sujet pensant. Cette question nous amène ainsi à confronter deux visions de la vie qui paraissent opposées mais qui, nous allons le voir ne sont pas totalement incompatibles. La première représente une recherche de satisfaction vis à vis de sa vie et de son temps limité qui va amener à privilégier le plaisir par rapport à la vérité, alors qu’on pourrait qualifier la seconde de vision intellectuelle qui, selon une obligation morale nous amène à essayer de comprendre notre monde, et donc rechercher la vérité. Celles-ci vont respectivement faire l’objet d’un grand axe de réflexion que nous allons utiliser et confronter pour répondre à notre question principale.
On ne doit pas nécessairement chercher la vérité pour être heureux.
De fait, il existe bien d’autres chemins nous permettant d’accéder au bonheur. En effet, la formulation de notre problématique, sous-entend, à travers le verbe “devoir” qu’une réponse affirmative à cette question signifierait que le seul moyen pour être heureux est de chercher la vérité. On pourrait associer cela à un “si et seulement si” mathématique, et s’appuyer sur la contraposée de cette affirmation qui est la suivante : “Ne pas essayer de trouver la vérité rend malheureux”, pour la falsifier puisque nous savons pertinemment que nous pouvons être heureux sans chercher la vérité puisqu’il existe bien d’autres moyens pour l’atteindre. Tout d’abord, le bonheur peut également se trouver dans les plaisirs de la vie, ces petits éléments s’opposant par définition au besoin qui font partie de notre existence et procurent une satisfaction, une sensation qui est certes, éphémère, mais qui participe à l’établissement d’un état général : être heureux. Cette thèse est soutenue par Calliclès qui, dans l’ouvrage Gorgias de Platon, s’oppose à Socrate qui, quant à lui, privilégie la retenue des plaisirs, en affirmant “[...] Pour bien vivre, on doit laisser aller ses propres désirs, si grands soient-ils, et ne pas les réprimer”, impliquant que la non-satisfaction de nos désirs peut provoquer un sentiment de frustration et même de jalousie allant inévitablement à l’encontre de notre bonheur. Car l’ensemble de nos désirs contient en effet les nombreux plaisirs de la vie qui peuvent être de divers nature tels que manger quelque chose que l’on aime, jouer aux jeux vidéos, observer la nature, faire du sport, découvrir d’autres pays... De plus, le bonheur peut aussi se trouver dans les relations avec autrui qui sont essentielles pour tout individu puisque nous savons que “l’Homme est un être sociable ; la nature l’a fait pour vivre avec ses semblables” comme l’affirme si bien Aristote. On retrouve cette idée liée au bonheur dans la phrase de ce même auteur "Une vie heureuse suppose des relations chaleureuses avec d’autres hommes car l’Homme est un être social" car selon lui, on doit réaliser sa nature pour avoir une vie bonne, et puisqu'échanger avec autrui fait partie de la Nature de l’Homme, alors ça contribue à notre bonheur. Cela se vérifie dans la vie des tous les jours, que ce soit avec l’ascension sociale et le sentiment d’être reconnu par les autres, au sein duquel nous retrouvons notre précédent exemple de cadre en entreprise, ou encore avec la satisfaction apportée par l’aide des personnes dans le besoin, poussant de nombreuses personnes à s’engager bénévolement dans des associations caritatives. Le fait qu’il existe d’autres manières plus ou moins efficaces pour être heureux viens ainsi soutenir le fait que l’on ne doit pas nécessairement chercher la vérité pour être heureux en contrecarrant la formulation de la thèse inverse à cette dernière affirmant qu’on peut être heureux uniquement si on cherche la vérité.
De plus, la vérité peut parfois, et a très souvent un effet inverse au bonheur puisque celle-ci peut nous faire mal, nous impacter profondément. Un tout autre enjeu intimement lié à notre sujet principal découle ainsi de cette affirmation : la vérité est-elle toujours bonne à dire ? Force est de constater dans un premier temps que ce n'est pas le cas. On dit souvent « Il n’y a que la vérité qui blesse » et cette affirmation est conforme à la réalité puisqu’une une vérité peut être profondément douloureuse pour une personne et avoir des effets tragiques tels que des problèmes familiaux ou encore politiques par exemple. Pour revenir à la recherche de la vérité en elle-même, on peut alors se demander si essayer d’atteindre la vérité peut avoir des conséquences similaires, et la réponse est toujours la même, car à travers notre recherche de la vérité, on peut découvrir des choses que l’on aurait voulu ne jamais savoir. Et si notre monde était plus cruel que ce que l’on peut déjà penser, si chaque être était condamné, destiné à être malheureux quoi qu’il fasse, vaudrait-il mieux ne pas le savoir et essayer tout de même de profiter de sa vie au maximum en croyant que nous sommes maitres de notre destin, ou bien en être conscient et se lamenter sur son sort tout au long de son existence ? Cette thèse est soutenue par Pascal dans Pensées, il affirme dans sa Pensée 166 “Les hommes n’ayant pu guérir la mort, la misère, l’ignorance, ils se sont avisés, pour être heureux, de n’y point penser”, ici, les noms “la mort”, “la misère” et “l’ignorance” sont utilisés pour décrire la réalité fatale de notre monde, et l’expression “n’ayant pu guérir” nous renvoie à l’impuissance de l’Homme face à celle-ci, ceux-ci doivent donc pour atteindre leur quête du bonheur ne pas chercher à découvrir cette vérité inévitable car elle les rendrait bien trop malheureux. Prenons l’exemple d’un moine qui aurait dédié toute sa vie à la religion et fait du désir de remercier Dieu de lui avoir permis de vivre l’essence de son existence, celui-ci décide d’essayer de déceler les mystères de notre monde en allant interroger des personnes de croyances plus ou moins similaires à la sienne tout autour du monde, et en confrontant chacun des avis pour amorcer un raisonnement remettant en cause tout ce qu’il considérait vrai depuis sa naissance qui lui permettrait de trouver la vérité, tout cela dans le but d’en connaitre un peu plus sur le Dieu auquel il accorde tant d’importance. Il parvient finalement à trouver la réponse qu’il attendait tant et il n’y a plus aucun doute, c’est cela, la vérité, cependant, ce n'est pas du tout ce qu’il attendait : il venait de découvrir que Dieu n’existe pas et n’a jamais existé, et que l’explication de l’émergence de la matière, des galaxies, des planètes, des étoiles qui a abouti à la vie, n’était autre que la théorie des multivers. Et alors qu’il avait trouvé un équilibre dans sa vie qui le rendait profondément heureux car il avait l’impression de servir à quelque chose, il se trouvait alors désemparé par la situation, sa vie ne semble plus avoir aucun sens, le déni n’est pas une solution, au sein de son esprit, c’est le néant, il est perdu dans ses pensées noires, auxquelles il va finalement succomber. Pensez-vous alors que l’initiative de rechercher la vérité de cet homme l’a aidé à atteindre le bonheur, ne pensez-vous pas qu’il aurait préféré continuer de vivre sa vie à laquelle il avait trouvé une signification ? De fait, on peut affirmer que la vérité est capable d’affecter irrévocablement la personne qui la recherche, et laisser une trace à jamais dans sa vie, allant exactement à l’encontre de son aspiration au bonheur.
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