Laïcité et tolérance

        On considère d’ordinaire que la laïcité est un principe basé sur la tolérance. En effet celle-ci permet l’émergence de multiples religions sans en favoriser une au détriment des autres. Pourtant, la laïcité s’accompagne d’une forme d’intolérance des religions dans certains contextes (politiques, administratifs, enseignements). Nous sommes donc amené à nous demander si les notions de laïcité et de tolérance sont équivalentes ? Dans une première partie nous allons définir le principe de laïcité et la notion de tolérance, puis dans une seconde partie nous allons étudier leurs points communs, et  enfin dans une troisième partie nous allons analyser leurs différences.

        Valeur fondamentale du vivre ensemble, la tolérance est une attitude qui consiste à admettre une manière de penser ou d’agir différente de la sienne. Pour André Comte-Sponville « Quand la vérité est connue avec certitude, la tolérance est sans objet », Petit Traité des Grandes vertus, La Tolérance. Le fondement de la tolérance réside donc dans l’acception de l’incertitude et laisse un espace de liberté, de libre arbitre, de doute dans les recherches individuelles de nos vérités. Associé à la tolérance, les valeurs de respect, d’humilité, d’altruisme, de réciprocité ouvre la voie aux valeurs fondamentales du vivre ensemble. Pour que chacun trouve sa place librement dans la société, ces valeurs sont fondamentales. Parmi ces vérités, les croyances religieuses et les pratiques qui leur sont associées font débat depuis des millénaires sans jamais avoir été tranchées. En complément de la tolérance métaphysique (associée à l’analyse des causes des comportements individuels dans la société), la tolérance politique, s’intéresse aux effets des comportements, des idées et donc des lois.

Par principe, la tolérance s’accompagne de limites, et en matière de tolérance religieuse, la laïcité propose un cadre. La laïcité est un principe dont Voltaire fut un important précurseur (voltaire entre tolérance et laïcité, Christophe Paillard 2017) et le cadre juridique qui l’accompagne garanti une stricte égalité des droits entre membres d’une société. Pour Henri Pena-Ruiz (dans Qu’est-ce que la Laïcité ?) « L’idée de laïcité vise précisément l’unité première du peuple souverain fondée sur la stricte égalité des droits de ses membres. ». La laïcité fonde la séparation de l’état au regard des organisations religieuses, les privant de l’exercice des pouvoirs politiques, administratifs, ainsi que de l’organisation de l’enseignement. Il y a deux visions de la laïcité, premièrement la laïcité positive   qui est une simple neutralité de l’état par rapport aux religions ainsi qu’une impossibilité pour les religions de faire partie de l’état. Deuxièmement, la laïcité restrictive, peut-être perçue comme négative, formant un barrage aux religions.  Dans tous les cas, la liberté de conscience et de culte est garanti par la laïcité qui agit comme un modérateur, cantonnant les religions dans la sphère privé, les empêchant de s’immiscer dans le débat public.

        Ces deux notions (laïcité et tolérance) sont intimement liées car il ne peut y avoir de laïcité sans tolérance. La liberté de culte et de conscience est assurée grâce à la tolérance de l’état face à l’expression de la diversité de cultes, comme explicité par Diderot dans Encyclopédie, article "Intolérance", « Il est impie de vouloir imposer des lois à la conscience, règle universelle des actions. Il faut l’éclairer et non la contraindre ». La laïcité ouvre la tolérance au débat, allant jusqu’à la tolérance du blasphème : la critique et le blasphème doivent être possible car nul ne doit se sentir contraint par le dogme des autres.

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