Qu'est-ce que l'Homme ?
Dissertation : Qu'est-ce que l'Homme ?. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Skylix_ • 22 Février 2024 • Dissertation • 2 625 Mots (11 Pages) • 131 Vues
La philosophie est une science humaine. Elle cherche donc à préciser en quoi l’homme
est un être à part dans la nature. Kant, dans la Logique affirme d’ailleurs que la philosophie
pourrait se « ramener à l’anthropologie », c’est-à-dire pour lui, à la question « qu’est-ce que
l’homme ? ». Or, afin de définir l’humain, certains penseurs ont essayé de le penser à partir
d’une « nature humaine » c’est-à-dire un ensemble de propriétés innées et universelles qui
servirait à nous caractériser. Mais Sartre, dans un passage de L’existentialisme est un
humanisme que nous allons étudier, critique cette idée. C’est au nom de la liberté qu’il affirme
qu’il n’y a aucune « nature humaine » dont nous serions prisonniers et qui permettrait de nous
définir dès la naissance. Il n’y a qu’une « condition humaine universelle », c’est-à-dire un
ensemble de circonstances stables ou un contexte qui permet à chacun de se définir par ses
choix. Le problème auquel Sartre se confronte est donc un problème classique : comment
définir l’homme, si cela est possible ? Mais sa perspective est moderne car il s’agit ici en réalité
de fonder l’existentialisme, c’est-à-dire une philosophie de la liberté. On comprend que les
distinctions éclairantes qui traversent ce texte sont la distinction entre vie (donnée purement
biologique) et existence (construction, élaboration humaine de sa vie qui consiste à lui donner
un sens par ses choix) ainsi que la distinction entre instinct (comportement inné, automatique,
répétitif) et liberté (choix, décisions, projets dont on est pleinement responsable). C’est en deux
temps que l’auteur structure son argumentation. Le passage commence par un net refus de l’idée
de « nature humaine » accompagné de la définition « objective » de la « condition
humaine » par 4 caractéristiques (l 1 à 8). Puis, l’auteur précise la double signification de l’idée
de « condition humaine » : scientifiquement et personnellement ; ce qui le conduit à insister sur
la dimension vécue de la « condition humaine » par l’idée de « projet » (l 8 à 15)
Ainsi, la thèse de l’auteur est d’emblée et nettement avancée. Elle repose sur une
opposition entre ce qui est nié et ce qui est affirmé. L’antithèse de Sartre est la défense de l’idée
d’une « essence universelle » ou d’une « nature humaine » capable de définir l’homme dès la
naissance. Il s’agit là pour l’auteur de refuser catégoriquement l’idée que chaque être humain
possède des caractéristiques innées et invariables qui feraient de lui un être prédéfini. Il
substitue donc à cette idée celle de « condition humaine ». Il s’agit d’affirmer que l’homme ne
se définit pas « a priori », c’est-à-dire avant d’exister, mais il s’appréhende à partir d’un
contexte dans lequel sa liberté va pouvoir s’exercer. La thèse de Sartre consiste à refuser une
définition figée de l’humain dès la naissance et à insister sur la notion de devenir : l’existence
humaine s’accomplit par un « projet », chaque homme a la liberté de se définir lui-même par
ses choix.
L’affirmation massive de la thèse dans la première phrase de l’extrait est étayée par une
référence aux contemporains de Sartre qui défendent eux aussi l’idée de « condition humaine ».
L’accord unanime qui est sous-entendu ici renforce la thèse de l’auteur et souligne l’aspect
dépassé de l’idée de « nature humaine ». On pense à des intellectuels français contemporains
de Sartre tels que Merleau-Ponty, Camus, De Beauvoir. Après la seconde guerre mondiale, ils
ont tous accordé une importance considérable au vécu, au choix de vie, à l’ « existence » qui se
construit librement, à l’engagement. Par exemple, Simone De Beauvoir, dans Le deuxième
sexe écrit : « on ne naît pas femme, on le devient ». Cette phrase, qui a fait scandale, affirmant
le côté artificiel, acquis, éminemment culturel de la féminité, peut s’entendre dans un sens plus
large : l’humanité de chacun est à élaborer, à construire ; elle relève du devenir. C’est sur l’idée
de processus que Malson insiste lui aussi dans son étude des cas d’enfants sauvages. Il montre
que les enfants en général ne sont que des promesses d’humanité, ils sont des « virtualités », un
ensemble de « possibles indéfinis » qui s’actualiseront grâce à la société et à la culture. Il prend
l’image de la vapeur et de la condensation pour montrer que l’enfant à la naissance manque
d’humanité, de consistance, il n’est pas prédéfini. Ce n’est qu’à travers la société qu’il prendra
de la consistance et deviendra pleinement humain. Ce passage d’une humanité en puissance à
une humanité en acte permet à Malson de dire que l’homme n’a pas de nature mais « est une
histoire ».
Vient ensuite une brève définition de l’idée de « condition humaine » : « l’ensemble des
limites
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