L’art ne sert-il à rien ?

Dissertation : L’art ne sert il à rien ?

La grotte de Lascaux, en Dordogne, est un ensemble de salles et galeries souterraines dont certains secteurs sont ornés de peintures murales que l’on situe entre 20 000 et 17 000 av. J. -C. Cela nous prouve que l’art est lié à l'humanité depuis la préhistoire, jusqu’à nos jours. Il est alors légitime de s’interroger sur la raison de sa présence ainsi que son utilité.

En se posant la question “L’art ne sert-il à rien ?”, on admet le présupposé suivant : l’art est un moyen. Donc, si l’art est un moyen, comment celui-ci peut-il ne servir à rien ?

En tant qu'ensemble des productions humaines l'art est fait pour quelque chose, il y a contradiction à ce qu'une production soit pour rien, que quelque chose existe sans but ni fonction. Soit l'art est une production et donc produit quelque chose soit elle n'est rien, et qu'est-ce que une production qui soit rien ?

Pour répondre à cette question, nous nous interrogerons sur le fait que l’art n’est pas une satisfaction de besoins nécessaires. Puis, nous nous demanderons si l’art sert à produire le beau. Pour finir, nous analyserons l'art comme moyen d’expression propre à l’humanité.

Si nous admettons que l’art est un moyen, il a donc un but, une fin qui n'est pas de satisfaire un besoin nécessaire. Nous définirons le besoin nécessaire ou naturel comme une exigence née d’un sentiment de manque, de privation de quelque chose qui est nécessaire à la vie organique : Besoin de manger, dormir…

Nelson Goodman, en accord avec cela, déclarait dans son ouvrage Langages de l’art que “L’art n’a pas de sens pratique”. Dans ce sens, il considère non seulement que l’art ne répond pas à un besoin naturel mais qu’il ne répond à aucun autre besoin. Il est logique de considérer que l'art ne répond à aucun besoin naturel : on ne peut pas manger les fruits des peintures de Fede Galizia, pas plus qu'on ne peut dormir dans La Chambre de Van Gogh à Arles (1888). On pourrait donc penser que l’on pourrait se passer des artistes et des œuvres qu'il créent car celles-ci ne sont que des représentations de choses et pas les choses elle-même.

Pour autant, selon l'Esthétique de Hegel, le fait que l'art ne soit pas utile aux besoins naturels ne veut pas dire qu'il est inutile. Il est un moyen pour une fin autre que le besoin physiologique. Hegel ajoute que l'œuvre d’art est une chose sensible, destinée non pas au corps mais à l’esprit.

Si donc l’art n’est pas le moyen d’un besoin nécessaire, alors pourquoi est-il fait ?

En poursuivant notre raisonnement à propos de l’utilité de l’art, nous le considérerons dans cette hypothèse comme une production. Ainsi l’art sert-il à produire le beau ?

Kant définit l’art comme étant “la belle représentation d'une chose”. Il défend donc l’idée que l’art doit, à partir de choses naturelles fournir une représentation agréable à voir, à écouter… Pour lui, l'art produit du beau et le beau est ce qui plaît de manière désintéressée.

Tolstoï cependant critique l’utilisation du mot “beau” car dans son ouvrage Qu'est-ce que l'art ? Il explique que “Il n’y a pas une seule définition objective de la beauté.” et que les philosophes et esthéticiens définissent le beau en fonction de leur goûts, et il ajoute que “toute cette fameuse science de l’esthétique consiste au fond, à ne reconnaître comme étant artistiques qu’un certain nombre d’œuvres, simplement parce qu’elles nous plaisent, et puis ensuite à combiner une théorie de l’art qui puisse s’adapter à toutes ces œuvres. ”

De plus l’art est voué à évoluer tout comme les critères de beauté qui sont avant tout culturels. Apollinaire disait dans Les peintres cubistes que l'énergie de production

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