Baudelaire, A une passante

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INTRO: Le poème fait partie de l’ensemble de 18 poèmes intitulé « Tableaux parisiens », dans les Fleurs du Mal publiées en 1861 (deuxième édition, après celle de 1857). Le cadre urbain de cette section offre à Baudelaire de nombreux sujets poétiques car il est source de rencontres. Après les vieillards, les petites vieilles, ou encore les aveugles, là encore, une rencontre banale, une « passante », se trouve élevée à la hauteur d’un symbole: après les figures hideuses d’une beauté diabolique c’est ici, dans ce sonnet, l’apparition aussi éphémère que bouleversante d’une beauté divine…

« A une passante » est le récit d’une rencontre amoureuse, d’un coup de foudre au sein de la grande ville en pleine mutation, éventrée puis reconstruite en quelques années, lieu privilégié de solitude et de souffrance.

LECTURE

Suite à la lecture de ce poème, nous nous demanderons comment cette passante incarne l’idéal de Beauté baudelairien.

MVT:

v 1 à 9: Les deux quatrains sont le récit de l’apparition de la passante, du coup de foudre du poète.

v 9 à 14: Dans les tercets le poète s’adresse à cette femme qui est irrémédiablement passée. Dépassant alors le plan sentimental, le sonnet formule l’espoir fragile d’un au-delà mystique.

Remarques sur la forme du poème:

Il s’agit d’un sonnet.

Dans une lettre à Armand Fraisse de février 1860, Baudelaire soutient la pensée suivante :

« Parce que la forme est contraignante, l’idée jaillit plus intense. Tout va bien au sonnet : la bouffonnerie, la galanterie, la passions, la rêverie, la méditation poétique. Il y a là la beauté du métal et du minerai bien travaillé ».

C’est en ce sens que l’on peut dire de Baudelaire que c’est un « classique ». Il affirme d’ailleurs à plusieurs reprises son goût des contraintes formelles :

« Il est évident que les rhétoriques et les prosodies ne sont pas des tyrannies inventées arbitrairement, mais une collection de règles réclamées par l’organisation même de l’être spirituel. Et jamais les prosodies et les rhétoriques n’ont empêché l’originalité de se produire distinctement. Le contraire, à savoir qu’elles ont aidé à l’éclosion de l’originalité, serait infiniment plus vrai. »

Le sonnet est le poème à forme fixe le plus utilisé en France depuis le XVIème siècle. Les FdM en contiennent 60, ce qui suffirait à

« classer » Baudelaire du coté de la tradition.

Un sonnet est constitué de 2 quatrains à rimes embrassées (ABBA - ABBA) et de 2 tercets qui peuvent rimer selon deux schémas différents:

• CDD EED
• CCD EDE

Mais si les sonnets sont fréquents chez Baudelaire, ils sont très rarement réguliers à l’exemple de « A une passante » qui suit le schéma de rimes suivant:

ABBA - CDDC - A’EA’ - EAA

Les libertés prises par Baudelaire sont très variées: rimes croisées dans les quatrains, des mètres différents (« Alchimie de la douleur » est un sonnet composé d’octosyllabes par exemple).

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