Le rapport des sociétés à leur passé : l'historien et les mémoires de la seconde guerre mondiale en France
Cours : Le rapport des sociétés à leur passé : l'historien et les mémoires de la seconde guerre mondiale en France. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Sacha Andre • 5 Janvier 2020 • Cours • 1 940 Mots (8 Pages) • 656 Vues
LE RAPPORT DES SOCIETES A LEUR PASSE : L’historien et les mémoires de la seconde guerre mondiale en France
Introduction
La mémoire est un rapport subjectif au passé qui procède par sélection des événements. Elle est souvent plurielle et conflictuelle. Les mémoires permettent de renforcer une identité de groupe.
Les sources sont innombrables et internationales : archives publiques, radiophoniques, audiovisuelles, réciuts et témoignages, archives judiciaires (difficiles d’accès sans dérogation )
Problématique : Comment les mémoires de la Seconde guerre mondiale ont-elles évolué depuis 1945 ? Quel a été le travail des historiens ?
La guerre est un événement générateur de mémoires plurielles. Il n’existe donc aucune mémoire unanime de ces « années noires » chaque groupe est porteur de mémoire, voit le passé en fonction de ce qu’il a vu, vécu et l’interprète à partir de son expérience.
I/ RETABLIR L’UNITE NATIONALE...UNE FRANCE DE HEROS ?
A retenir :
A/ Une épuration limitée : en priorité, il faut reconstruire le pays et montrer une image d’unité nationale. [Rappel pour la France = 350 000 civils morts et 200 000 soldats morts]
L’épuration vise à éliminer les collaborateurs...
d’abord sauvage [ doc 2 p 12] (9000 personnes exécutées par la foule et la tonte des femmes accusées de collaboration horizontale),
elle devient légale (50 000 personnes sont condamnées pour « intelligence avec l’ennemi »). Elle vise les dirigeants de Vichy , mais concerne aussi 1 français sur 10 (160 000 procès donnant lieu à 7 000 condamnations à mort dont seulement 767 exécutions )...
mais très vite des lois d’amnistie (1951 et 1953) sont votées par le Parlement annulant les condamnations pour délits mineurs, puis pour l’ensemble des crimes.
** Cette épuration est déjà à l’origine d’un conflit mémoriel durable selon qu’on la jugera excessive ou bien trop clémente
** Au niveau international, il faut montrer une image unie et faire oublier la collaboration avec les nazis.
B/ Le rôle du gouvernement de Vichy minimisé Sujet type bac 1 : doc 4 et 5 page 13
Sous la IVè République(1946-1958) , une politique d’apaisement vise à favoriser la réconciliation nationale. En 1954, une journée nationale du souvenir des victimes et héros de la déportation est instaurée ... mais la Shoah n’est pas encore reconnue en tant que spécificité de la guerre. La IV République a souvent choisi de taire les sujets qui fâchent, comme en 1956 lorsque la censure frappe le film d’Alain Resnais, Nuit et brouillard (sont masqués les képis des policiers français, gardiens du camp de Pithiviers)
Les historiens ont du mal à travailler librement dans ce contexte. L’ouvrage de Robert ARON, Histoire de Vichy (1954) [ théorie du glaive et du bouclier] s’impose comme la pensée officielle : celle selon laquelle Pétain a joué un rôle de bouclier pour protéger les français et que la collaboration a été imposée par les Allemands. Il s’agit d’ailleurs des arguments avancés par la défense de Pétain lors de son procès. Une fausse idée a été ainsi véhiculée.
A la Libération, DG veut faire du gouvernement de Vichy, une parenthèse. En 1950, DG reproche à la IVè République le maintien de Pétain en détention. A sa mort en 1951, l’association pour défendre la mémoire du maréchal demande la révision du procès. Il existe une volonté de refermer la période de Vichy (parenthèse de l’histoire).
1
C/ Une mémoire sélective
Sujet type bac 2 : doc 2 et 4 page 16
A retenir :
Le gouvernement fait de cette période une lecture héroïque. C’est la résistance gaulliste et communiste qui sont mises en avant. L’historien Henry ROUSSO l’appelle le résistancialisme.
• Les gaullistes : La présence de DG au pouvoir de 1944 à 1946 puis de 1958 à 1969 impose la mémoire gaullienne comme mémoire officielle. C’est l‘image d’une France unie et très largement résistante unie derrière DG qui s’impose. Le rôle des Alliés est minimisé pour mieux mettre en avant le rôle de la Résistance. Cette mémoire permet ainsi d’occulter le rôle de Vichy.
Cette mémoire de la Résistance s’incarne dans des lieux comme le Mémorial de la France combattante inauguré le 18 juin 1960 au mont Valérien. Les commémorations se développent, ainsi que les musées consacrés à la France résistante (entre 1960 et 1969, plus d’une vingtaine sont inaugurés). Le concours de la Résistance et de la Déportation est crée en 1961. Le transfert des cendres de Jean Moulin au Panthéon en 1964 marque cette volonté politique de rappeler la France résistante[ doc 4 p 15] [ A noter : Pompidou et VGE maintiennent l’héritage gaullien. Pompidou gracie TOUVIER et VGE décide de ne plus célébrer le 8 mai au nom de l’amitié franco-allemande]
• Les communistes :[doc 3 p 15] Le PCF bénéficie du prestige de l’URSS dans sa lutte contre le nazisme. Il se présente comme le parti des 75 000 fusillés (d’après les historiens 30 000 exécutés dont la majorité était des communistes) et comme un acteur essentiel de la libération vu comme un combat du peuple opprimé contre l’occupant. Ainsi est occultée la signature du pacte germano-soviétique d’août 1939. Il recueille 28% des voix aux élections législatives de 1946.
Dans le contexte de guerre froide, les communistes entendent bien ne pas laisser le monopole du souvenir de la Résistance aux gaullistes. Ils organisent des commémorations : leur mémoire s’incarne dans des figures héroïques, comme celle de Guy Môquet, symbole des sacrifices du Parti dans sa lutte contre l’oppression nazie et le régime de Vichy
D/ Des mémoires refoulées
La domination des mémoires gaullistes et communistes ne laisse pas de place aux autres mémoires. Elles sont occultées comme celle des prisonniers (mémoire de la défaite), celle des déportés (génocide des juifs), celle des Malgré-nous : En 1953 s’ouvre un procès de la division SS « Das Reich » responsable du massacre d’Oradour-sur- Glane (642 victimes). Parmi les accusés se trouvent 12 malgré-nous alsaciens qui ont été condamnés et aussitôt amnistiés.
II/ LE
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