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Lettre D'un Soldat 1914-1918

Fiche de lecture : Lettre D'un Soldat 1914-1918. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  19 Février 2015  •  Fiche de lecture  •  530 Mots (3 Pages)  •  2 050 Vues

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23 décembre 1917

A mes très chers parents,

En cette veille de noël, je vous écris pour vous dire au revoir. Cela fait bientôt trois ans que je ne vous ai pas vu, et mes souvenirs de vous s’effacent au fur et à mesure des combats. Hier, deux de mes plus fidèles camarades sont morts sous les coups des boches, et leurs familles ne doivent toujours pas être au courant. Les jours passent et la misère et de plus en plus présente dans notre quotidien, la famine nous envahit tout comme les rats et la puanteur, je ne sais pas si j’arriverai à tenir encore longtemps… Ici, les gens deviennent fous, le bruit des obus ne cesse de retentir. Jamais personne n’a vu la mort se propager aussi vite, les blessés envahissent les hôpitaux par millier et les déserteurs ne cessent de se multiplier.

La semaine dernière un soldat britannique s’est ouvert la main pour quitter le front, mais le juteux a compris son petit jeux et il l’a fait fusiller devant tous les autres, ici Personne n’est tranquille. Dans les journaux ils disent que les balles ennemies ne nous transpercent pas, mais c’est du bourrage de crâne, ils essaient de vous rassurer mais ce qui se passe réellement est un véritable cauchemar. Tout le monde redoute le combat et j’ai la conscience de plus en plus lourde à chaque assaut auquel je participe. La dernière fois j’ai tiré sur un jeune garçon qui portait l’uniforme allemand, il devait avoir à peine 18 ans.Vous savez, ils y en a qui ont ça dans la peau, mais d’autres gars, comme moi, n’avaient jamais vu d’armes de leur vie. On n’était pas préparé à ça, on n’a était préparé à rien… surtout pas à combattre.

Je pense souvent à vous, à notre famille. Ce soir est doublement triste pour moi, je me remémore les nuits de Noël que nous passions ensemble, la chaleur de la cheminée, le repas préparé avec amour de maman, nos discussions interminables. Je me rends compte aujourd’hui du privilège d’autrefois. La simplicité de nos rencontres, J’ai peur de ne jamais vous revoir. Je n’ose pas imaginé que ma vie s’arrête ici, il me reste tant de choses à vivre. Je regrette tellement de ne pas avoir demandé la main Louise. Nous n’avons pas eu le temps de fonder une famille et je ne pourrais surement plus jamais la revoir. Cette idée m’obsède et me rends fou.

Je me laisse envahir par le désespoir, comment ne pas penser à la mort lorsque nous dormons parmi les cadavres. Demain matin je suis transféré, une attaque se prépare et je suis en première ligne. Je me demande si nous y survivront … Cela se terminera-t-il un jour ? Si seulement nous pouvions arrêter cette guerre inutile, qui ne sert qu’à décimer les hommes. Les politiques nous prennent pour de la chair à canon, ont-ils déjà ne serait-ce qu’une seule fois imaginé notre calvaire ? Ont-ils déjà vécu nos peurs et nos angoisses ? Cela m’écœure, mais je ne peux rien faire… Mon seul droit est de vous écrire mes adieux…

Je vous aime de tout mon cœur,

Votre fils.

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