Souvenir de la nuit du 4
Étude de cas : Souvenir de la nuit du 4. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar mecque • 15 Mai 2013 • Étude de cas • 231 Mots (1 Pages) • 1 225 Vues
Souvenir de la nuit du 4
Jersey. 2 décembre 1852.
L'enfant avait reçu deux balles dans la tête. A
Le logis était propre, humble, paisible, honnête : A
On voyait un rameau bénit sur un portrait. B
Une vieille grand'mère était là qui pleurait. B
Nous le déshabillions en silence. Sa bouche, A
Pâle s'ouvrait ; la mort noyait son oeil farouche ; A
Ses bras pendants semblaient demander des appuis. B
Il avait dans sa poche une toupie en buis. B
On pouvait mettre un doigt dans les trous de ses plaies. A
Avez- vous vu saigner la mûre dans les haies ? A
Son crâne était ouvert comme un bois qui se fend. B
L’aïeule regarda déshabiller l'enfant, B
Disant: - Comme il est blanc! Approchez donc la lampe. A
Dieu! Ses pauvres cheveux sont collés sur sa tempe ! A
Et quand ce fut fini, le prit sur ses genoux. B
La nuit était lugubre; on entendait des coups B
De fusil dans la rue où l'on en tuait d'autres. A
Il faut ensevelir l’enfant, dirent les nôtres. A
Et l'on prit un drap blanc dans l'armoire en noyer. B
L'aïeule cependant l'approchait du foyer B
Comme pour réchauffer ses membres déjà roides. A
Hélas ! Ce que la mort touche de ses mains froides A
Ne se réchauffe plus aux foyers d'ici-bas ! B
Elle pencha la tête et lui tira ses bas. B
Et dans ses vieilles mains prit les pieds du cadavre.
Les Châtiments, Livre II, 3 (1853)
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