Premières illusions

Il ne s'agit pour autant pas de renoncer à chercher à supprimer certaines illusions. Pour agir "en connaissance de cause" et donc agir adéquatement au monde dans lequel nous vivons, nous avons besoin d'avoir une connaissance qui se rapproche de la réalité. Si je me contente d'agir au jour le jour selon mes illusions sans chercher à savoir ce qui est vrai, il y a plus de chance que je me trompe dans mes agissements et donc que je sois injuste. C'est en connaissant bien une personne que nous pouvons commencer à l'apprécier et la conseiller parfois, parce que nous avons dépassé le stade des "premières illusions".

En revanche, il existe des illusions qui semblent indépassables. Kant notamment en parle dans la Critique de la raison pure et les appelles des "illusions métaphysiques". On peut l'expliquer assez simplement : l'homme est doué de raison, et cette raison lui impose de se poser certaines questions, comme par exemple "Qui suis-je", Que sais-je", "Que suis-je en droit d'espérer", etc.

Evidemment, il n'y a pas de réponse toute faite à ces questions. Néanmoins, on ne peut pas non plus y renoncer, elles se posent sans cesse à nous. C'est pour cela qu'ils les appellent des illusions : ils semblent que ce soient des fausses questions, parce qu'elles n'ont pas de réponse. Mais c'est la recherche d'une réponse à ces questions qui est une réponse. En gros, ce n'est pas le but qui importe (trouver une réponse), mais le chemin (chercher une réponse).

Il compare notre rejet de ces questions existentielles à une colombe qui, pour aller plus vite dans le ciel et faire moins d'efforts, voudrait qu'il n'y ait pas d'air qui lui oppose une résistance. Elle ignorerait que c'est justement parce qu'il y a de l'air qu'elle est capable de voler, et que si il n'était pas là cet obstacle, elle

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