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Le devoir de révolte (Arlette Jouanna)

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Par   •  7 Janvier 2019  •  Fiche de lecture  •  10 789 Mots (44 Pages)  •  887 Vues

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Le devoir de révolte,

  La noblesse française et la gestation de l’Etat moderne (1559-1661)

Arlette Jouanna

Parution : Edition Fayard, février 1989

Référence : ISBN : 2-213-02275-5 / Cote BNU : Dn 104 769

Introduction :

Sujet principal : Le sentiment de « devoir de révolte » dans les rangs de la noblesse et son évolution

  • étudier les principales révoltes, l’intérêt est porté sur l’évolution du sentiment de devoir de révolte dans la partie de la noblesse concernée plus que sur l’événementiel
  • Au niveau des sources, Jouanna privilégie donc les révoltes qui ont donnés lieux à des manifestes explicatifs ou à des pamphlets, des Mémoires, des correspondances témoignant de ce devoir

=> Attention portée plutôt sur les acteurs que sur les faits

Sujet secondaire: Les révoltes nobiliaires entre 1559 et 1661

  1. Leurs buts : s’unir malgré les différences de confessions pour arrêter ceux qui sont au pouvoir et qui transforment la France en tyrannie ne reniant les « statuts »/ « lois » du royaume et donc aussi la sagesse du passé ; les conseillers italiens de Catherine de Médicis par exemple. Se révoltent pour le roi et non contre le roi implique les deux corps du roi, corps de majesté + corps physique manipulable par les conseillers. La patrie est en danger, alors se révolter devient un devoir envers eux-mêmes des sujets. Avec les guerre de religion, il s'agit d'instaurer une concorde civile.
  2. Les acteurs : la noblesse car membre le plus éminent de la société (+ tradition/culture chevaleresque ?). Un problème, leur apparence parfois jugée comme frivole, apportent de l’intérêt à l’élégance, l’amour, la chasse, dans la provocation par rapport aux bourgeois. Ils sont appelés les «Malcontents »
  3. Leurs mobiles : Défense du lignage, soucis de l’honneur, recherche de la faveur royale, , protéger les privilégiés de l’ordre et but politique (le « bien public ») : leur idéal étant ce que les historiens désignent de Ständestaat  ou monarchie mixte c'est a dire une souveraineté partagée entre le roi , la noblesse et les Etats Généraux. Cet idéal est en parallèle imprégné de valeurs chrétiennes comme la fidélité, le commun consentement, etc.
  4. Leurs moyens : archaïques car recours à la violence, mais c'est la seule voie possible étant donné l’insuffisance des voies institutionnelles comme les parlements pour se faire entendre  => discordance légitime/légal

Bornes :

-D’après le titre : 1559 (fin des guerres de Religion)-1661 (prise de pouvoir de Louis XIV)

-plus précisément  la période d’agitation qui s’ouvre avec la conjuration d’Amboise (1560), se prolonge dans les guerres de religion et se termine avec le soulèvement des « Baillages Unis » en 1658-59.

Position historiographique :

- Jouanna affirme qu’en raison de ce jugement peut être un peu précipité et réducteur des acteurs et puisque leurs soulèvements n’ont pas abouti (du moins dans l’immédiat) à établir leur idéal notamment de concorde civile on leur a prêté peu d’attention dans l’étude des guerres de religions.

-Elle accuse les historiens qui se dépêchent de catégoriser les acteurs comme passéistes ou réactionnaires et de les rabaisser. Par contre elle évoque avec sympathie l’ouvrage sur les conjurateurs de Jean Marie Constant qui porte un regard moins réprobateur sur ces acteurs de la rébellion.

-Ses sources : Jouanna privilégie les révoltes qui ont donnés lieux à des manifestes explicatifs ou à des pamphlets, des Mémoires, des correspondances témoignant du « devoir de révolte »

Première Partie :

Une implication politique de la noblesse liée à la condition nobiliaire

I)  Une élite naturelle

-Un ordre aux limites juridiques floues, La 1ere grande recherche de noblesse est entreprise par Colbert entre 1666-68. Les grands lignages (Montmorency, Rochechouarts) ne sont pas remis en question, mais la limite est floue entre la petite noblesse et les roturiers aisés qui s’approprient facilement certaines caractéristiques nobles.

- L’importance de la reconnaissance sociale. Critères majeurs de la noblesse : Venir d’une lignée ancienne sans que quelqu’un puisse témoigner de l’origine roturière et vivre selon le mode de vie noble, sans activités dérogeantes. Noblesse estimée à 1% de la pop ≈ 20-30 000 familles

-Anoblissement : Quel que soit la manière d’être anobli (agrégation à la noblesse, office anoblissant, lettre d’anoblissement), le glissement de la roture à la noblesse doit paraître naturel, il se fait donc lentement. Pour le les théoriciens de la noblesse, il l’est, puisqu’il y aurait un déterminisme, la noblesse serait confiée par Dieu.  Jouanna parle d’une « autorégulation » de la noblesse.

- Le patrimoine de la noblesse doit lui permettre d’avoir des assises si solides que son existence semblait faire partie de l’ordre naturel. En effet le patrimoine implique la possession d’une terre et son exploitation, le droit de rendre la justice et d’intervenir comme « police » dans le cadre de ces terres => Pouvoir patrimonial fort, naturel et accepté, « petits rois sur leurs terre » Montaigne.

II) Les récompenses de l’honneur

- Le maniement des armes, est une vertu plutôt qu’une fonction : nobilitas est virtus (la noblesse est la vertu). La vertu est comprise comme la « vertu bellique » c a d le courage guerrier : Etienne Pasquier dans les Recherches de la France, « je ne serai jamais jaloux ni marri qu’à ceux qui exposent leur vie pour le salut de nous tous, soit attribué le titre de Noble. ». La fonction de la noblesse est d’incarner un idéal, le maniement des armes est sa vertu surtout que les nobles se chargent eux-mêmes de nombreuses autres fonctions : justice, carrières ecclésiastiques, etc.

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