American Holocaust, David Stannard, Oxford University Press, 1992
Fiche de lecture : American Holocaust, David Stannard, Oxford University Press, 1992. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Alix Kitane • 7 Décembre 2020 • Fiche de lecture • 4 210 Mots (17 Pages) • 487 Vues
American Holocaust, David Stannard, Oxford University Press, 1992
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L’année 1992 marque le 500ème anniversaire de la découverte l’Amérique, cette même année la directrice, Lynne Cheney, de l’organisation chargée de promouvoir la culture et l’éducation en Amérique « National Endowment for the Humanities » décide de censurer tout texte qui associera le mot génocide à l’histoire des Etats-Unis. Le dossier ici proposé est une étude de l’œuvre de recherche de David E. Stannard, professeur d’études américaines à l’Université de Hawaii, intitulée the conquest of the New world : an American Holocaust ce livre a été publié par the Oxford University Press en 1992, la même année donc que la prise de position de Mme. Cheney. Œuvre n’ayant pas franchie les frontières du monde anglophone, elle dénonce des actes à caractère génocidaire peu médiatisés sur le « Vieux Continent » mais qui constitue cependant uns des massacres les plus violent de l’histoire mondial et qui a été perpétué pendant plus de 400 ans, le génocide des amérindiens aux Etats-Unis. L’œuvre de l’auteur se compose en un travail de recherche fondé sur des sources historiques qui proposent un réarrangement complet du « mythe historique » de la découverte du nouveau monde. Pendant 40,000 ans, des centaines de millions de natifs américains à travers l’histoire ont bâties leur société et culture, comptant plus de 2000 langages, sur un quart de la surface terrestre. Profitant d’une biodiversité luxuriante et d’un environnement naturel protéiforme, ces populations se sont fragmentés, certains en petits groupes communautaires composés de chasseurs, cueilleur d’autres en de grosses communautés regroupées dans des villes. Ce « monde dans le Nouveau Monde »va être détruit par la force colonisatrice des grandes puissances européennes qui ne vont non pas « découvrir » mais « conquérir » cette zone géographique. Ainsi, dans un travail de recherche qui analyse finement des centaines de sources historiques primaires, tel que des photos, des cartes, des gravures, des dessins qui témoignent de la conquête des Amériques, Stannard dénonce avec une force et un niveau de détails saisissant la destruction de masse de la société du Nouveau Monde dans une œuvre observant la dimension humaine dans ce qui a été selon l’auteur « une tragique tempête de feu de violence et de propagation volontaire de maladies ». C’est œuvré dépeint donc un portrait morbide d’une conquête dont certains aspects, comme les effets catastrophiques de la pestilence et la religion, ont trop souvent été écarté au profit de la conception populaire des expéditions exotiques de Christophe Colomb et les célèbre guerres indiennes hollywoodienne du 18ème et 19èmesiècles. Mais dans quelles mesures cette œuvre littéraire dénonce un génocide supposé teinté de racisme perpétré aux Amériques ? Pour répondre à cette question nous ferons une analyse de l’œuvre de Stannard pour dégager le processus narratif et le but visé par cette œuvre, puis dans un second temps nous observerons l’impact de l’œuvre sur l’histoire américaine.
Présentation et analyse des aspects de l’œuvre
L’œuvre de Stannard viens trancher avec la représentation historique traditionnelle de la création des Etats-Unis, appuyé sur de nombreuses recherches démographique, géographique, anthropologique et étayée par une liste encore plus importante de témoignages d’époque, sous la forme de carnets de voyage et de lettres, qui décrivent parfois avec horreur la violence d’un « génocide » que American Holocaust s’attache à dénoncer avec virulence. Cette œuvre de recherche a pour but de ce faire le plaidoyer de la cause amérindiens en faisant ressortir le caractère de « génocide raciste » dans les actes des colons et américains qui ont selon l’auteur « font tout, encore aujourd’hui, pour dissimuler l’ampleur du carnage ». Mais afin d’exposer nettement la portée de l’œuvre nous observerons les différents aspects de ce plaidoyer, puis nous adopterons un regard esthétique sur l’œuvre de Stannard.
The conquest of the New World : American Holocaust est donc une œuvre de recherche consacrée spécifiquement à l’étude du massacre des populations indigènes des Amériques par les premiers colons européens puis par les américains, l’auteur ne veux pas que faire ressortir le caractère génocidaire dans son œuvre mais explique la nécessité de ce livre par trois grandes idées. Premièrement, donner les dimensions réelles du massacre et condamner les responsables, dans un second temps souligner la perte du patrimoine culturelle et humain en faisant un état des lieux de la « Société du Nouveau Monde » avant l’arrivé coloniale et dernièrement affirmer, en comparaison a d’autre cas, qu’il s’agit bien d’un génocide.
American Holocaust est un livre de trois cent quatre-vingt-dix-huit pages composé de trois chapitres, un prologue, un épilogue et d’annexes. Il faut tout d’abord noter que ce livre est paru en 1992 soit l’année du 500ème anniversaire de la découverte de l'Amérique par Colomb, au 50ème anniversaire de l’année de la mise au point de la solution finale nazie et dix ans après le génocide survenu au Guatemala, ce qui donne une certaine force symbolique à cette œuvre. La première information qui apparait lors de la lecture est l’emploie d’une terminologie bien spécifique de l’auteur pour amplifier l’accusation qu’il semble porter, ce procédé est particulièrement visible dans les titres des chapitres et du livre lui-même. Ainsi, la « découverte » du nouveau monde est remplacé par le mot « conquête », le même processus est effectué pour le nom des chapitres qui relatent chronologiquement ce génocide. Le chapitre traitant des « épidémies » et de l’établissement des premiers colons est nommé « Pestilence et génocide » et le chapitre relatant la conquête de l’Ouest et la mise en esclavage des dernières populations indiennes dans des réserves est nommé « Sexe, race et Guerre Sainte », le premier chapitre étant sobrement nommé Avant Colomb. Les titres des deux derniers chapitres sont qualifiés par des mots dégageant une violence mais qui expose surtout le ressentie de l’auteur à l’égard de ceux qu’il juge être responsable, la force significative
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