Lorient et la Compagnie des Indes
Commentaire de texte : Lorient et la Compagnie des Indes. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Ruquier63 • 9 Novembre 2017 • Commentaire de texte • 2 627 Mots (11 Pages) • 1 420 Vues
Félix ANTHONYSAMY TD3
LORIENT ET LA COMPAGNIE DES INDES
Les grandes découvertes et le développement des routes maritimes ouvrent à l'époque moderne de nouveau horizons pour les puissances européennes. Celles-ci mettent alors sur pied d'influentes compagnies commerciales bénéficient d'un monopole d'Etat et ce afin d'exploiter et acheminer vers les métropoles des denrées rares telles que les épices, les soieries ou encore l'or et l'argent. Le document que nous allons ici étudier est un extrait de l'ouvrage daté de 1752 « Voyage dans l'Orléanais, le Bléssois, la Touraine, l'Anjou et la Bretagne et aujourd'hui conservé à la bibliothèque Mazarine. Il a été rédigé par l'ingénieur et géographe Etienne Mignot de Montigny qui a entre autres été nommé commissaire au Ministère du Commerce dans le courant des années 1730. L'extrait en question est une description de la ville portuaire de Lorient et des activités qui y sont menées par la Compagnie des Indes Orientales. Le second document est un graphique représentant le montant des ventes annuelles de 1720 à 1770 pour les trois grandes compagnies européennes. Pour contrecarrer la main-mise hollandaise sur le commerce avec l'Orient et l'influence grandissante de l'East India Company Colbert crée en 1664 la compagnie des Indes Orientales qui après avoir été affaiblie par les guerres et être passée tout prêt de la banqueroute, elle renaît en 1719 sous l'impulsion de Law et revient sur le devant de la scène dès 1723. Les villes portuaires se développent durant le XIIIe siècle comme Marseille mais aussi Lorient centre névralgique de la Compagnie des Indes. Nous pouvons nous demander : en quoi ces deux documents témoignent-ils du rôle de l'importance de la ville de Lorient et de la Compagnie des Indes pour la commerce maritime français ? Pour répondre à cette question nous allons dans un premier temps nous pencher sur la portée de la Compagnie des Indes et la façon dont elle a façonné la ville de Lorient et dans un second temps nous allons nous resserrer sur les rôles de port d'armement et de vente de la ville marchande de Lorient ainsi que la perspective qui s'offre à la compagnie en 1752.
Au début du VII e siècle la puissante compagnie des Indes Néerlandaises (la VOC) permettait aux Provinces-Unies de dominer commercialement les puissances européennes, rendant dépendants des pays comme la France en ce qui concerne l'approvisionnement en soie, coton, épices ou encore en bois de teinture. C'est pour se libérer de cette dépendance que Colbert décide en 1664 de créer la Compagnie des Indes Orientales afin comme les Anglais d'aller chercher directement les denrées là où elles se trouvent. L'auteur nous décrit Lorient comme « une ville naissante, fort jolie, bien placée, bien peuplée et proprement bâtie » Si selon Montigny la ville « semble destinée à devenir considérable » rien ne semblait prédestiner la côte du sud de la Bretagne à recevoir un port-clé du commerce maritime. En effet la Compagnie a au départ installé son siège au Havre qui avait l'avantage de se situer à proximité de Rouen et de Paris . Cependant son extension fut très vite limitée par le fait que la rade du Havre était très étroite et qu'il n'y avait pas assez de terrain. Port-Louis devient la nouvelle place forte de la Compagnie des Indes vers 1666 et Lorient fonctionne comme un annexe de Port-Louis où se situent des bureaux et magasins et est également le principal centre de désarmement des navires revenant des Indes. Le fait que l'auteur précise que le port et la rade sont « bien abrités » et « suffisamment défendus » n'est pas anodin, c'est même l'un des facteurs qui explique la montée en puissance de Lorient. En effet on s'est rendu compte durant la Guerre de Hollande de 1772 à 1778 que le port du Havre est trop vulnérable en cas d'attaques alors que Lorient était relativement sûr grâce à la protection offerte par les îles de Groix et de Belle-Isle. Les navires ennemis ne peuvent s'approcher trop prêt et si ils le peuvent ils sont à portée de tir depuis la citadelle et l'île de la Jument. De plus comme sa façade donne sur l'Atlantique, les navires qui s'y rendaient ou en partaient avaient moins de chances de croiser la route des navires anglais ou hollandais que s'ils donnait sur la Manche comme le Havre. C'est pourquoi la Compagnie des Indes Orientales décide de fermer le port du Havre et de faire de Lorient son unique port central en 1670. La ville « bien peuplée » qu'est Lorient a connu en moins de 30 ans un triplement de sa population qui était de 6000 en 1709 et de 14 000, 20 000 en comptant les faubourgs en 1738. Les premiers véritables bonds démographiques se font ressentir au moment de l'arrivée de la seconde Compagnie des Indes de Law. 1752 marque le début d'une nouvelle phase de croissance démographique qui va durer jusqu'en 1758 Le modèle d'urbanisation de Lorient est par ailleurs singulier. Construite anarchiquement la ville est ensuite réagencée par Jacques Gabriel, Architecte de la Compagnie des Indes et Premier architecte du Roi qui a notamment reconstruit des voies. Lorsqu'il fait la description de l'arsenal, Mignot de Montigny nous dépeint « des magasins totalement achevés et remplis des marchandises de l'Inde » qui sont alignés en « galeries » dans quatre logis renfermant « une cour très vaste » et qui sont entourés par les bâtiments de la Compagnie Il fait plus généralement une description de l'organisation de la ville. Lorient est constitué de deux ensembles : la ville et le Port . Le port de la Compagnie qui est situé à l'intérieur de l'enclos est divisé en trois ensembles : le premier comprend trois cales avec autour des entrepôts de marchandises délimité par une enceinte. Le deuxième contient les ateliers des charpentiers et est entouré par les bâtiments de l'administration, du service, du personnel et par deux postes de surveillance. Le troisième espace réunit outre diverses installations des magasins de désarmement. Selon Montigny les magasins sont « totalement achevés » or la construction des magasins du Nord qui traînait en longueur a été bâclée, achevée à la fin des années 1730 avec deux étages au lieu de trois.. D'autres infrastructures construites dans les années 1730 comme le quai, le magasin du fond ou l'hôtel des directeurs se révèlent insuffisants dès 1740 à cause de l'extension du port. On prévoit donc à partir de 1752 de construire un nouvel espace pour les ventes d'après les plans de l'architecte P. Guillois. L'enclos est lui-même organisé en trois pôles : un pour le dépôt de bois et de matériaux au nord-ouest, un hôtel , un second qui comprend l'Hôtel des ventes dont la construction début en 1733 et les magasins au sud-est et enfin les bâtiments de la direction et du service à l'Ouest.
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