Composition de l'Empire colonial

A la fin du XIXème siècle, les Etats Européens se lancent dans une véritable course aux colonies en Afrique et en Asie du Sud. L’Europe revendique sa supériorité en exploitant certains territoires et certaines civilisations qu’elle juge « sauvages » ou « primitives ». Il s’agit ici de colonisation, processus désignant les conquêtes militaires, les dominations politiques et les exploitations économiques d’un territoire par une puissance étrangère afin de se constituer un empire colonial. En 1931, alors que Paris, célébrant sa grandeur, accueille l’Exposition coloniale dans le bois de Vincennes, l’empire colonial français est à son apogée : c’est le deuxième plus grand au monde. On peut donc se demander à quoi ressemble l’empire colonial français au moment de l’Exposition coloniale de 1931 ? Dans un premier temps, nous aborderons la puissance de l’Empire colonial français ainsi que son apogée, puis nous analyserons que cette exposition coloniale permet de mettre en scène le triomphe du colonialisme français et enfin nous étudierons dure réalité des colonies.

Tout d’abord, à la fin des années 1930, l’empire colonial français est à son apogée avec plus de 12 millions de km2 et 60 millions d'habitants. La métropole et son Empire forment ainsi la « plus grande France » de 100 millions d'habitants. C’est le deuxième plus vaste et plus peuplé empire colonial après l’empire britannique. Ceci est dû à sa présence sur tous les continents. Sur le continent Américain avec la Martinique, la Guyane, la Guadeloupe et Saint-Pierre et Miquelon ; sur le continent Africain avec l’Afrique occidentale française (AOF), l’Afrique équatoriale française (AEF), le Maghreb (Maroc, Algérie et Tunisie), Madagascar ainsi que la Réunion. Nous retrouvons également des colonies françaises sur le continent Asiatique avec l’Indochine mais aussi sur le continent Océanien avec la Nouvelle Calédonie. Malgré une population importante dans toutes ces colonies, le nombre de français y est très faible. Par exemple, l’Afrique occidentale française compte 15 millions d’indigènes pour seulement 14 000 français.                          

De plus, ces territoires possèdent des statuts administratifs très divers. La majeure partie de l'Empire est composée de colonies, c'est à dire des territoires sous la domination politique directe de la métropole comme Guadeloupe et la Martinique. Cela signifie qu'elles dépendent du Ministère des colonies et qu'un gouverneur y représente l’Etat. Certains territoires comme la Tunisie et le Maroc sont quant à eux des protectorats, c’est à dire qu’ils sont colonisés mais conservent leur gouvernement. D’autres territoires comme le Togo et le Cameroun sont sous mandats. Ils ont, après la guerre, été confiés par la Société des Nations (SDN) à la France afin qu’elle les administre. Aussi, l'Algérie, seule colonie française « de peuplement » (car on y trouve une importante population de colons européens, français mais aussi italiens et espagnols), est assimilée à la métropole. Composée de trois départements (Oranais, Algérois, Constantinois) elle est gérée par le Ministère de l'Intérieur et leurs règles administratives et juridiques sont les mêmes qu’en France.

Enfin, cet empire colonial est perçu comme un atout. En effet, la première guerre mondiale, a convaincu beaucoup de Français de l'utilité de l'Empire. Les colonies ont fourni à la métropole des soldats (550 000) et des travailleurs (180 000). « Le tirailleur sénégalais », mis en avant par les autorités et la presse est devenu une figure familière. Beaucoup voient ces colonies comme un remède de la crise économique : les échanges avec les colonies sont supposés compenser l'effondrement du commerce mondial. La France extérieure constitue le premier client et fournisseur de la métropole. En effet, un commerce de tissu de coton, de cacao, de sucre, de riz est développé entre l’Empire colonial et la France d’Europe.  

Transition

C’est en 1931, lors de l’apogée de l’Empire français, que l’exposition coloniale est l’occasion de mettre en scène le triomphe du colonialisme français. Cette exposition organisée par le Maréchal Lyautey dans le bois de Vincennes est inaugurée par Paul Reynaud, ministre des colonies, le 6 mai 1931. On retrouve la reproduction de monuments emblématiques comme le temple d’Angkor Vat, la mosquée de Djenné… 200 pavillons comme les Pagodes de Tonkin (Vietnam) ou la Maison royale de Madagascar sont construits pour l’occasion. Cette exposition tente de développer l’intérêt des Français pour leurs colonies et de renforcer l’adhésion de la population française à l’entreprise coloniale. Le but et de souligner l’intérêt économique des colonies qui servent de débouchés pour l’industrie. L’expression est présentée comme une invitation au voyage dans le monde colonial. Il est proposé aux visiteurs de faire « le tour du monde en un jour ». Aussi, l’affiche officielle de l’exposition coloniale présente les stéréotypes des différents habitants « indigènes » de l’empire. On peut remarquer les habitants de l’Afrique mais aussi de l’Asie.  Des milliers de figurants venue des colonies participent au défilés et au « zoo humain ». Cette exposition remporte un immense succès puisque plus de 8 millions de visiteurs l’ont fréquentée en seulement 8 mois. On compte environ 300 000 entrées par jour.                                                                                                                                De plus, une importante propagande vante les actions bienfaitrices de la France dans l’Empire coloniale. L’exposition est destinée à mettre en scène l’empire colonial et ainsi célébrer son idée. La France insiste sur son image de « Mère Patrie », elle se montre bienveillante envers les colonisés. Elle leur donne la vie une seconde fois et leur fournit les soins et l’éducation. Des médecins sont envoyés pour soigner les épidémies. La France aménage également leurs territoires, elle construit des routes, des voies de chemins de fer ou encore des zones irriguées. Les mérites de la métropole sont mis en avant dans la propagande. La France apporte « la lumière dans les ténèbres », elle offre le bien-être et le développement des peuples non civilisés.                                                                                                                                   Cependant, une contestation anticolonialiste se met peu à peu en place dans le but de dénoncer la colonisation, comme une forme d’exploitation de l’homme. Ce mouvement regroupe principalement les communistes et les anarchistes. Une contre exposition est alors organisée condamnant ce concept nouveau et intolérable qu’est la colonisation française. Cette contre-visite ne rencontre pas de succès. Elle attire seulement 5000 visiteurs en deux mois.

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