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Commentaire histoire : « Jours épiques » dans le Figaro, le 12 novembre 1918 par Alfred Capus.

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Par   •  15 Octobre 2019  •  Commentaire de texte  •  3 191 Mots (13 Pages)  •  635 Vues

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Sabrine Hervé

IEP de Lyon – Campus Saint-Etienne

(Groupe A)

Commentaire histoire : « Jours épiques » dans le Figaro, le 12 novembre 1918 par Alfred Capus.

Alfred Capus (1857-1922) est un auteur dramatique, essayiste, journaliste et membre de l’académie française. Il écrit « Jours épiques » dans le journal Le Figaro alors qu’il en est déjà rédacteur en chef depuis 4 ans. En effet, à ce poste, il rédigea avec le plus grand patriotisme, pendant quatre années de la Grande Guerre, le bulletin quotidien. Son article « Jours épiques » parait le 12 novembre 1918, soit le lendemain de l’armistice et après 4 ans d’une guerre éprouvante et à rallonge pour les français. Capus y annonce au peuple français que l’armistice est signé et que la France sort victorieuse de la 1ère Guerre mondiale.  L’auteur explique ce qui, selon lui, à mener la France et ses alliés à la victoire. Nous pouvons alors nous demander quelle est le bilan tiré par Alfred Capus au lendemain de la guerre. Attention la guerre n’est pas terminée techniquement  Tout d’abord, l’auteur souligne la dualité de l’armistice : entre joie de la gloire française et deuil national. Dans un deuxième temps, l’auteur insiste sur la suprématie de la France sur l’Allemagne. Enfin, Capus justifie la victoire par des éléments de propagandes, l’aide des alliés, les soldats héros mais omet toute une partie de cette guerre meurtrière.

Dans un premier temps, Alfred Capus, dans cet article, nous rappelle la dualité de cette victoire. Ce sentiment double entre la joie, la gloire de la victoire et les larmes, le deuil des morts se reflète à la ligne 10 : « ce beau mélange de gravité et d’allégresse ç’a été le spectacle unique dans l’histoire qu’on donné le parlement français et la foule parisienne en cette journée du 11 novembre 1918 ».

Tout d’abord, l’auteur, avec un patriotisme exacerbé, prend le soin tout au long du texte de rappeler la gloire française lors de cette première Guerre mondiale. « Le carnage finit par l’éclatante victoire de nos armes » (l.3), Capus souligne une victoire française éclatante, c’est-à-dire sur tous les plans. En effet, Capos salut dans ce texte, la grandeur du peuple français lors de cette guerre. Il dit que « toutes les âmes étaient dominés par le génie de la France » lors de la lecture de l’armistice (l.20). Il ajoute l.28 « là, l’instinct de la race a été admirable de puissance et de lucidité ». L’auteur parle de la « race » française en prétendant qu’elle aurait des facultés supérieures aux autres « races » ce qui montre le patriotisme exacerbé et le chauvinisme que transmet cet article. En effet, Capus est déconnectés des réalités de cette guerre et justifie la victoire par les capacités supérieures de la « race française ». De plus, tout au long de cet article, l’auteur utilise un vocabulaire religieux pour qualifier la victoire française, comme si elle était la volonté de Dieu. Il écrit ligne 37 : « Cette foi en la patrie […] a rendu l’armée invincible, maintenu le peuple meurtri, donné à toute la nation l’ordre mystique de ne pas périr. » Capus parle d’ordre mystique, il sacralise la guerre et veut montrer que cette victoire relève du divin comme si la France était un peuple élu ou choisi pour combattre, résister et gagner. De plus, il cite également la phrase que Clémenceau a prononcé lors de l’annonce de l’armistice : « La France a été le soldat de Dieu ; elle est devenue le soldat de l’humanité ; elle restera toujours celle de l’idéal ». Dans cette phrase Clémenceau dépasse l’aspect religieux de cette victoire en plaçant le peuple français à l’honneur, sur un piédestal par rapport aux autres nations. Cette phrase allie guerre et religion, presque comme si cette guerre était une croisade pour l’humanité. En effet la France se bat car représenterais l’idéal. Cette vision est ethnocentriste car privilégie les normes françaises et les définissant comme un idéal supérieur. Nous pouvons d’autant plus observer cette idée lorsque l’auteur parle de « forme suprême de civilisation qu’est la France » à la ligne 55. Capos montre le sentiment patriotique exacerbé qui règne au lendemain de l’armistice en France et la volonté de montrer la gloire de la France au monde. Cependant ce sentiment s’accompagne de la prise de conscience de la dureté des 4 années de guerres, que ce soit pour l’avant ou l’arrière.

Ensuite, la France dot se relever de cette guerre incroyablement meurtrière et déstabilisatrice pour tout le pays. L’auteur fait allusion à la difficulté et le deuil national que traverse la France mais ne place pas cette dimension au 1er plan. En effet, à la ligne 3, il écrit « Le carnage finit par l’éclatante victoire de nos armes », cette guerre qu’il décrit de carnage est dévastatrice mais la victoire peut réparer et justifier cela. Capus écrit : « Ce sentiment a cela de beau et de fort qu’il n’empêche pas les cœurs de bondir d’allégresse, mais qu’il laisse à l’esprit la gravité que tans de deuil et de ruines n’effacerons pas de longtemps. » à la ligne 6. En effet, la sortie de guerre en France se fait par paliers et la véritable sortie pour la population ne se fait pas avant la deuxième moitié des années 1920. La démobilisation des esprits est difficile car il y a de nombreuses blessures démographiques, économiques et morales pour les pays concernés par cette 1ère Guerre mondiale. Il est beaucoup plus facile d’entrer en guerre que de sortir de la guerre selon Napoléon, il est plus facile de mobiliser que de démobiliser. De plus, la France n’a pas toujours été destinée à être victorieuse, Capus écrit à la ligne 27 : « La France fut descendue aux abimes dans un fracas de malédiction », notamment dans la bataille de Charleroi qu’il évoque quelques lignes plus tard, bataille très difficile et extrêmement meurtrière. En effet, Foudroyée par la puissance de feu de l'artillerie allemande, l'armée française vit alors les heures les plus sanglantes de son histoire : 27 000 soldats sont tués dans la seule journée du 22 août 1914 à Charleroi, ce fut la « première bataille du XXe siècle », selon les historiens Damien Baldin et Emmanuel Saint-Fuscien, auteurs de Charleroi, 21-23 août 1914. Malgré tout, la réalité de cette guerre n’est pas l’important pour l’auteur, il mentionne le deuil et le carnage qu’elle représente mais toujours dans le but de glorifier la France, les soldats ne sont pas morts en vain mais en combattant pour l’idéal français. Il oppose d’ailleurs cet idéal français à l’Allemagne, pays envers lequel il exprime une incroyable haine.

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