Les cultures politiques dans l'Europe du XIXe siècle.

Les cultures politiques dans l’Europe du XIXe siècle

Cours n°5 – Les romantismes politiques

• Le mot « romantisme » se répand en France dans les années 1820 → désigne un mouvement littéraire et, plus généralement, une forme de sensibilité, une attitude d’esprit, un mode de comportement , un moment de l’esprit humain. Le romantisme s’oppose à la fois au classicisme du XVIIe siècle et aux Lumières du XVIIIe siècle.

5 notations essentielles :

- Revalorisation du sentiment face à la raison. la raison et l’utilité. L’homme romantique fait place à l’imagination, à la passion, au mystère, à l’irrationnel, au fantastique

-Revalorisation du sentiment religieux face à la critique philosophique des Lumières. Considération de la religion comme la source d’inspiration et la poésie du monde moderne. Par la suite, le romantisme se caractérisera par son goût pour les croyances peu orthodoxes et son ouverture aux autres religions, notamment à l’Islam et aux religions de l’Inde et de la Chine.

-Exaltation de l’individu face à la société. L’homme romantique est tantôt un solitaire, génie incompris de ses proches un révolté qui affirme ses droits et sa personnalité face à la famille, à la collectivité ou à l’État.

-Recherche de sources d’inspiration étrangères à la tradition classique grecque et romaine. L’âge classique et, dans une moindre mesure, le siècle des Lumières, n’avaient d’admiration que pour les « Anciens », c’est-à-dire pour la Grèce et pour la Rome antiques où ils puisaient leur culture et leurs exemples. Le romantisme a un goût pour les légendes germaniques (rôle pionnier de l’Angleterre et de l’Ecosse, du monde allemand et scandinave). Il opère une redécouverte (ou une réinvention) du Moyen Âge. Il porte aux nues le théâtre de Shakespeare (comme mélange des genres), opposé au théâtre classique français (Stendhal). Il est fasciné par  l’exotisme en Méditerranée (Italie, Espagne ; Algérie et Maroc du peintre Delacroix) et par l’Orient proche ou lointain.

-Revalorisation de l’histoire et des traditions populaires et nationales. Valorise le particulier, le singulier, le national, les recherches sur la langue et sur la littérature populaire.

        1 - Le romantisme religieux

Le romantisme demeure imprégné de religion, les romantiques élaborent des notions religieuses très individualisées.

Le romantisme religieux s’apparente dans une première phase à une réaction théologique et spirituelle contre la philosophie des Lumières. Une conception autoritaire et « paternelle » de Dieu devient la clef de voûte des restaurations politiques et sociales.

 Le romantisme allemand est profondément religieux.

 La France est marquée par une réaction contre les Lumières : le Génie du christianisme (1802) de Chateaubriand revendique l’héritage religieux de la France dans le champ de la littérature et de la poésie. Ce romantisme religieux inspire également le légitimisme politique (le sacre de Charles X en 1825) et le traditionalisme philosophique (Joseph de Maistre, Louis de Bonald, Félicité de Lamennais).

 Le romantisme religieux s’affranchit en partie des Eglises après 1830.

2 - Le romantisme politique

- Le romantisme incline tout d’abord plutôt vers la droite, notamment en Grande-Bretagne et en Allemagne, et vers la défense des monarchies légitimes.

- L’évolution du romantisme vers la gauche libérale et nationale est notamment fonction de la jeunesse, et en particulier de la jeunesse étudiante des années 1810-1840. Partout en Europe, on observe une lente croissance importante du nombre des étudiants → peinent à trouver leur place dans une société encore préindustrielle.

- Le romantisme a ainsi souvent évolué vers les idées nationales et libérales → revendique les droits de l’individu et la liberté d’expression, les libertés politiques 

 Un romantisme de type révolutionnaire s’affirme en 1830 en France : les Trois Glorieuses (27, 28 et 29 juillet 1830) inspirent au peintre Eugène Delacroix la Liberté guidant le peuple (1831) : sa Liberté symbolisée par une femme dénudée au bonnet phrygien (celui des timbres d’il fut un temps), ses combattants de la liberté (ouvriers, jeune bourgeois en chapeau haut-de-forme, élève de l’Ecole polytechnique en tricorne à l’arrière-plan, gamin de Paris aux pistolets dont Hugo fera le personnage de Gavroche dans Les Misérables.

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