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Nicolas Werth Poutine historien en chef

Fiche de lecture : Nicolas Werth Poutine historien en chef. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  2 Janvier 2023  •  Fiche de lecture  •  2 947 Mots (12 Pages)  •  289 Vues

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Nicolas WERTH, poutine historien en chef, juin 2022, tracts Gallimard, 57 pages

Nicolas Werth (né en 1950) est un historien français spécialiste de l’histoire de l’Union soviétique.
Ancien élève de l'École Normale Supérieure de Saint-Cloud, agrégé d'histoire, Nicolas Werth a enseigné dans le secondaire et à l’étranger (Minsk, New York, Moscou, Shanghaï). Il a occupé les fonctions d’attaché culturel auprès de l’ambassade de France à Moscou durant la perestroïka (1985-1989). Entré au CNRS en 1989, Nicolas Werth s’est consacré à ses livres. C'est particulièrement l'histoire sociale des années 1920-1930 qui l'intéresse, notamment les rapports entre le pouvoir et la société (violence étatique, résistances sociales...).  Il est par ailleurs membre des comités de rédaction de Vingtième Siècle. Revue d'histoire et des Cahiers du monde russe. Il est directeur de recherche à l’Institut d'histoire du temps présent, affilié au CNRS.

Poutine historien en chef est une brochure scientifique qui nous raconte comment la Russie se voit naturellement attaquer l’Ukraine suite a son histoire mainte fois reprise. Premièrement Nicolas Werth va introduire son propos, a cela suit un développement sur la doxa soviétique. On a la présentation de Mémorial et la reconstruction d’une future Russie. L’arrivé de poutine apporte des changements comme son syncrétisme, sa politique envers l’histoire agressive qui l’amène a la guerre avec l’Ukraine.

Introduction :

Le livre commence avec une accusation en miroir de Poutine pour justifier sa guerre en Ukraine. 2mois avant celle-ci, la cour suprême de Russie organise la dissolution de mémorial. Mémorial est la plus grande ONG russe ; elle œuvre pour une approche scientifique de l’histoire, elle veut créer un mémoire national dans le but de comprendre les mécanismes de répression de masse a l’époque de Staline. De plus elle défend les droits humains c’est pour cela qu’elle va dénoncer l’annexion de la Crimée en 2014. Sa dissolution est une étape décisive dans le contrôle de la société russe, a prélude a la guerre. Poutine qui s’autoproclame « historien en chef », effectue de nombreux discours sur l’histoire de la Russie pour contrôler la mémoire historique et l’interprétation du passé. Paer exemple son discours sur l’Ukraine dans lequel il reconnait l’Independence du Donbass. Poutine construit et diffuse un nouveau discours national fédérateur depuis 2000. Les hautes sphères du pouvoir ont mis en place un cadre juridique sur la présentation de l’histoire officielle tout en réprimant les oppositions. Dans le même temps ils vont utiliser les outils de propagandes notamment dans le domaine scolaire. Cela présente un danger envers les « producteur d’histoire » qui n’ont plus la même liberté, on assiste donc à une suppression de la liberté d’expression sur les questions historiques. Cela peut mener a des sanctions si elle n’est pas respectée : censure, poursuites judiciaires…. Ce nouveaux répond à une société désorientée suite a la chute de URSS. D’après Maria Ferretti la Russie reconstruit une image correcte de leur histoire, cela a commencée il y a 30 ans.

La doxa soviétique :

L’union soviétique tirait sa légitimé de l’histoire donc la dimension politique et histoire vont de pair. Les historiens du parti définissaient les lignes du Parti par des écrits. On notera que les versions de l’histoire sont modifiées, changées pour corresponde au régime en place. La nouvelle histoire du Parti communiste de l’URSS (1963) est composée de 3 grandes étapes : la grande révolution d’octobre, la société socialiste et enfin communiste. Ce récit dénonce le culte de Staline puisque son régime aurait retardé l’arrivée de la société communiste synonyme d’un avenir radieux. Les crimes de masse et évènements répressifs sont passées sous silence ou minimisées, ce sont des « erreurs ». Une politique qui vise à révéler les failles du socialisme est menée par Mikhaïl Gorbatchev, la glasnost (transparence). Dans un premier temps elle débute avec la publication de grands classiques de la littérature censurés sous Staline. Dans un second temps un genre littéraire se repend : la poublitsistika, essais politiques, sociaux, économiques ou philosophiques publiées dans des revues. Tous les domaines sont abordés ; la redécouverte du passé est au cœur des débats. De nombreuses vérités ressortent et de nouvelles questions apparaissent sur le stalinisme et le régime. La société doute. Pour répondre à leurs questions et les réunifier, l’ouverture des archives était nécessaire néanmoins elles restent fermées. La glasnost déborde. De plus en plus de contestations radicales éclatent, les conditions de vie se détériorent et la crise économique les frappent en plein front. Cela amène le peuple à créer des groupes informels et des associations. Mémorial, une association, émerge. Sa première mission est de préserver la mémoire des repressions de masse par le régime soviétique, pour cela ils rassemblent des documents historiques comme des témoignages afin de constituer une archive citoyenne. Sa deuxième mission est d’apporter une aide matérielle et juridique aux victimes de celle-ci, plus ériger des mémoriaux en leur nom.

Mémorial, préservation de la mémoire et renouvellement historiographique :

Mémorial connait un immense succès. Elle organise une chaine humaine autour du siège du KGB pour la réhabilitation des victimes des repressions. C’est son premier coup d’éclats, son deuxième est la création d’un monument commémoratif la « pierre de Solovki » aux victimes des repressions. Les choses changent. Gorbatchev invalide les décisions extra judiciaires durant la période stalinienne pour permettre la réhabilitation des personnes mais cela n’avance pas. De plus il s’excuse officiellement au nom du parlement soviétique envers le peuple polonais pour le massacre de Katyn. L’effondrement de l’URSS accélère la révision de la doxa soviétique en matière d’histoire. La révolution d’octobre 1917 est présenté comme un coup d’Etat, ce qui est une nouvelle interprétation de l’histoire entièrement opposé a celle de l’époque soviétique. Dans le même temps les archives sont ouvertes ce qui fournis de nouveaux objets d’étude pour les historiens. Mémorial par l’intermédiaire de certains acteurs ayant de l’importance au sein de la fédération de Russie promulgue deux lois. La 1ère du 18 octobre 1991 donne accès aux dossiers des victimes des repressions et leurs responsables doivent être traduit en justice. Malheureusement la deuxième clause ne sera pas tenue. La 2ème loi du 23 juin 1992 rend accessible toutes les décisions étatiques de l’époque soviétique. Dès les années 1990 à 2000 on assiste a de grandes avancées dans l’historiographie de l’Union soviétique qui converge avec celle de l’occident. De nombreuses réunion entre des spécialistes d’histoire on lieu, des publications internationales voient le jour et des ouvrages occidentaux sur l’histoire soviétique sont publiées par des académies Russe. Nous pouvons citer comme exemple La Tragédie des campagnes soviétiques ou encore l’Histoire du Goulag stalinien qui sont le fruit d’un travail international. Ces travaux permettent de révéler les rouages du mécanisme de pouvoir sous Staline : désordre suite a la collectivisation des campagnes, les déportations, la grande terreur et le travail forcé. Les famines en sont des conséquences. Mémorial joue un grand rôle dans ce renouvellement des connaissances. C’est le principal centre d’étude, de recherche et de documentation mondiale sur les répressions. Ils sont à l’origine de nos connaissances sur la Grande -Terreur de 1937-1938 ; elle serait non pas une purge politique mais une purification sociale. Cette ONG va mettre en lumière tous les sujets tabous de l’historiographie soviétique par exemple avec L’Annuaire des camps de travail forcé en URSS 1923-1960 qui rassemble plus de 600 fiches signalétiques sur des ensembles concentrationnaires du Goulag. Elle va créer une base de données de 3,5 millions de victimes des répressions politiques ce qui va permettre de connaitre le sort de ses proches. Ils vont installer le musée du goulag dans leurs locaux ou ils exposent des témoignages, des objets de détenues, des dessins…. Un de leur objectif est de commémorer leur victime c’est pour cela qu’ils créent des mémoriaux sur des lieux symboliques et une journée nationale des victimes de répressions politiques.

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