La révolution Tranquille Et L'art

INTRODUCTION

L’art est fondamentalement un moyen d’expression, mais aussi un moyen de construire les identités. Les années 1960 au Québec, portent un récit identitaire profond, une lutte nationaliste fondée sur des bases politiques, idéologiques, sociales, économiques et en ce qui nous concerne, sur des bases culturelles qui ont écrit avec l’encre de l’histoire les pages du Québec, les pages de ce phénomène dénommé : la Révolution tranquille.

Ce travail fait référence à deux domaines de sciences sociales, l’histoire et la culture artistique ; distincts, mais pas antagonistes. La recherche fait partie des préoccupations contemporaines de l’histoire socio-culturelle qui privilégie les structures idéologiques, économiques, politiques et sociales, ainsi que la nature de la vie, laquelle est conditionnée par un structure fondamentale ; l’art et la culture. Elles sont le reflet de l’évolution de l’humanité et le Québec ne fait pas l’exception.

La société canadienne-française a trouvé les moyens de sa survivance dans le fait de se raconter son histoire, c’est pourquoi la plume et l’histoire sont souvent indissociables. C’est l’urgence que ressent François-Xavier Garneau lorsqu’il entreprend l’écriture de la grande saga canadienne-française en réponse au Rapport Durham .

Dans notre analyse nous allons essayer de démontrer dans quelle mesure les événements politiques, sociaux et culturels qu’a expérimenté le Québec à partir de la Révolution tranquille se sont traduits dans un changement de mentalité pour les différents acteurs sociaux et en quelle mesure l’art et la culture reflètent ces modifications. Ceux-ci nous amènent à la question suivant : Comment nouer le lien entre la culture, l’art et la construction de l’identité ?

Pour une meilleure organisation, nous avons divisé notre étude en deux parties ; d’abord le contexte historique et les deux idées clé de la Révolution tranquille : réformisme et nationalisme, tout en considérant les changements que ces deux concepts ont apporté à cette dite révolution. Deuxièmement, nous allons aborder le contexte culturel de la Révolution tranquille, son évolution et l’interaction des différents genres artistiques dans la construction identitaire du Québec.

1.- Contexte historique

Pour comprendre l’impact et les changements qui se sont produits au Québec à partir des années 1960, il est nécessaire de se référer à la société d’après-guerre canadienne-française et de caractériser ses principaux postulats. En effet, la Révolution tranquille, comme le mot l’indique, est un changement, une réaction claire contre le paradigme traditionnel qui régnait au Québec pendant cette période et qui a proposé, en retour, une transformation à multiples facettes qui englobe tous les secteurs de la société.

1.1.- Le gouvernement de Maurice Duplessis « La Grande noirceur » (1945-1959)

La période 1945-1960 est dominée par la figure du premier ministre du Québec Maurice Duplessis chef de l’Union Nationale, gouvernement conservateur dévoué et basé sur l’élite traditionnelle, l’Église et la population rurale. D’autre part, il compte avec le soutien de la petite bourgeoisie traditionnelle qui contrôle les villes moins peuplées et les zones rurales grâce au système de « patronage » et à la création des circonscriptions, il compte aussi avec l’appui de la grande bourgeoisie canadienne et américaine dans la mesure où son régime défend et promet l’expansion des entreprises privées, pratiquant principalement une politique anti-syndicaliste et anti-communiste. Duplessis rejette toute intervention du gouvernement fédéral et surtout l’adoption d’un État Providence . L’Église occupe un rôle du premier plan dans tous les domaines, mais surtout dans l’éducation et la santé. Le système éducationnel dans son ensemble est presque entièrement sous le contrôle du clergé. Les Universités ne font pas l’exception, car les recteurs nommés par l’Archevêque et les matières enseignées y ont un fondement idéologique catholique. En ce qui concerne les établissements de santé sont généralement privés et cléricales .

Finalement, autre caractéristique du gouvernement Duplessis est le retranchement d’un nationalisme, qui consiste à préserver et protéger la société canadienne-française rurale et catholique des influences modernes. Alors que l’expression « Grande noirceur » est d’une connotation négative, il est de notre devoir comme futur historien d’analyser objectivement l’histoire pour faciliter la compréhension collective du passé. C’est pourquoi il nous est important d’ajouter que Maurice Duplessis a tout compte fait défendu l’autonomie du Québec et maintenu un équilibre budgétaire, bref il y a bien des choses à revisiter, pour bien comprendre les pages de l’histoire du Québec selon l’époque et son évolution .

1.2.- Les premiers signes de la Révolution tranquille

À la fin des années 1950, il est possible d’apercevoir certains signes distinctifs qui façonnent le changement en permanence assumé par la Révolution tranquille. Un des principaux indices de ce changement est l’émergence d’une opposition forte et engagée, qui dénonce énergiquement et ouvertement le gouvernement de Duplessis. Sur le plan politique l’opposition est renforcée grâce à la croissance du Parti libéral, dans le social par les luttes syndicales et dans le champ intellectuel par des revues comme Cité libre et par Radio-Canada, où se manifestent nombreux opposants du régime Duplessis .

Le phénomène du Baby-Boom, l’augmentation de la qualité de vie générée par une société de consommation, exercent sans doute une influence sur la société canadienne-française. Ainsi que l’avènement de la télévision en 1952 au Québec, et surtout en 1954 avec la formation d’une section en français, la télévision de Radio-Canada va jouer un rôle essentiel .

Les indices externes relèvent du contexte international et correspondent aux changements qui ont lieu dans la plupart des sociétés occidentales.

Tous ces indicatifs montrent que la société québécoise est mûre pour le changement. La tension devient alors évidente entre la population en évolution rapide en termes de développement socio-économique et les institutions qui ne s’ajustent pas à la réalité.

1.3.-La Révolution tranquille

La Révolution tranquille est le processus de modernisation et de sécularisation qui a eu lieu au Québec dans les années

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