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Discours De Wiston Churchill à Fulton

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Par   •  28 Septembre 2014  •  5 219 Mots (21 Pages)  •  1 090 Vues

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M. le président McCluer,

Mesdames et Messieurs,

et le dernier, mais non le moindre, Monsieur le président des États-Unis d'Amérique,

Je suis heureux d'être à Westminster College cet après-midi, et je suis flatté qu'une institution à la réputation aussi solidement établie souhaite me conférer un doctorat honoris causa.

Le nom de « Westminster » m'est quelque peu familier. Il me semble l'avoir déjà entendu. En effet, c'est à Westminster que j'ai reçu une très grande partie de mon éducation en politique, en dialectique, en rhétorique et dans une ou deux autres matières encore. En fait, en matière d'éducation, ce sont deux institutions identiques, ou similaires, ou du moins analogues.

C'est également un honneur, Mesdames et Messieurs, et un honneur peut-être quasiment unique, pour un visiteur privé d'être présenté à une audience académique par le président des États-Unis. Au milieu de ses lourdes charges, tâches et responsabilités - qu'il n'a pas recherchées, mais devant lesquelles il ne recule pas - le Président a fait ce voyage de plus de mille kilomètres pour honorer et rehausser notre réunion d'aujourd'hui, qui me donne l'occasion de m'adresser à cette nation alliée, ainsi qu'à mes compatriotes au-delà de l'océan et peut-être à quelques autres pays encore. Le Président vous a dit que c'est son voeu et je suis sûr que c'est aussi le vôtre, que j'aie toute liberté d'exprimer mon opinion honnête et loyale en ces temps d'anxiété et de déroute. Je vais bien évidemment user de cette liberté, d'autant plus que toutes les ambitions personnelles que j'ai pu caresser dans ma jeunesse ont été satisfaites au-delà de mes rêves les plus audacieux. Permettez-moi toutefois de préciser clairement que je n'ai aucune mission ni aucune habilitation officielles quelles qu'elles soient et que je parle uniquement en mon nom personnel. Il n'y a rien d'autre ici que ce que vous voyez.

C'est pourquoi, fort de l'expérience de toute une vie, je puis permettre à mon esprit de s'attarder sur les problèmes qui nous accablent au lendemain de notre victoire absolue par les armes et tenter, de toutes mes forces, de faire en sorte que ce qui a été gagné au prix de tant de sacrifices et de souffrances soit préservé pour la gloire et la sécurité futures de l'humanité.

Les États-Unis, Mesdames et Messieurs, sont actuellement au pinacle de la puissance mondiale. C'est un moment solennel pour la démocratie américaine car la primauté en matière de puissance s'accompagne aussi d'une responsabilité redoutable pour l'avenir. En regardant autour de vous, vous devez éprouver non seulement le sentiment du devoir accompli, mais également la crainte de tomber en-dessous du niveau atteint. Une chance s'ouvre ici à nos deux pays, claire et lumineuse. Si nous la rejetons, si nous l'ignorons ou si nous la gaspillons, nous attirerons sur nous tous les longs reproches des générations futures. Il faut que la fermeté d'esprit, la persistance de l'intention et une grande simplicité de décision guident et régissent la conduite des peuples anglophones en temps de paix comme elles l'ont fait en temps de guerre. Nous devons, et je suis sûr que nous le ferons, nous montrer à la hauteur de cette lourde exigence.

Président McCluer, lorsque les militaires américains abordent une situation sérieuse, ils ont coutume d'écrire au-dessus de leur directive les mots « concept stratégique global ». Il y a de la sagesse dans cette attitude car elle mène à la clarté d'esprit. Quel est donc notre concept stratégique global aujourd'hui ? Ce n'est rien de moins que la sécurité et le bien-être, la liberté et le progrès pour les foyers et les familles, pour tous les hommes et toutes les femmes dans tous les pays. Je pense tout particulièrement ici à la myriade de petites maisons et d'appartements où les salariés s'efforcent au milieu des vicissitudes et des difficultés de la vie de préserver leurs épouses et leurs enfants des privations et d'élever leur famille dans la crainte du Seigneur ou selon des conceptions éthiques dont le rôle est souvent important.

Pour assurer la sécurité de ces innombrables foyers, il faut les protéger contre les deux affreux maraudeurs que sont la guerre et la tyrannie. Nous connaissons tous les effroyables bouleversements qui accablent une famille ordinaire lorsque la malédiction de la guerre frappe le père de famille et ceux pour qui il travaille et peine. Les terribles destructions qui se sont abattues sur l'Europe, avec toutes ses gloires anéanties, et sur de vastes parties de l'Asie nous saute aux yeux. Lorsque les desseins conçus par des hommes frappés de folie ou les envies agressives d'États puissants rompent sur de vastes étendues le cadre de la société civilisée, les gens humbles sont confrontés à des difficultés auxquelles ils ne peuvent pas faire face. Pour eux, tout est déformé, tout est cassé et même réduit en bouillie.

Je me tiens ici, devant vous, en cet après-midi paisible et je frémis en pensant à ce que vivent des millions d'hommes maintenant et à ce qui va leur arriver lorsque la famine régnera sur la terre. Nul ne peut évaluer ce qui a été appelé « la somme inestimable de la douleur humaine ». Notre tâche et notre devoir suprêmes exigent que nous préservions les foyers des gens humbles des horreurs et des misères d'une nouvelle guerre. Nous sommes tous d'accord là-dessus.

Après avoir proclamé leur « concept stratégique global » et évalué les ressources disponibles, nos collègues militaires américains passent toujours à l'étape suivante, à savoir la méthode. Là encore, nous sommes largement d'accord. Une organisation mondiale a déjà été instaurée, dont la mission première est d'empêcher la guerre. L'ONU, qui succède à la Société des Nations, avec l'adhésion déterminante des États-Unis et tout ce que cela implique, a déjà commencé à travailler. Nous devons faire en sorte que son travail porte des fruits, qu'elle soit une réalité et non une fiction, qu'elle soit une force tournée vers l'action et non seulement un flot de paroles creuses, qu'elle soit un vrai temple de la paix où pourront un jour être suspendus les boucliers de beaucoup de nations, et non seulement un poste de contrôle dans une tour de Babel. Avant de nous défaire de nos armements

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