A la lumière de vos références historiques, culturelles ou artistiques, pensez-vous que les révolutions font table rase du passé ?

« Du passé faisons table rase ». Ainsi résonne L’Internationale, chant révolutionnaire écrit en 1871 par Eugène Pottier lors de la Commune de Paris. Référence majeure du marxisme, ce chant illustre par ses paroles la nécessaire insurrection pour renverser l’ordre ancien et aboutir à un changement profond de société.

Mais cette globalité, démonstration de la puissance du processus révolutionnaire aboutissant au changement de paradigme illustré par un autre extrait de L’Internationale « Nous ne sommes rien, soyons tout ! » n’est pas intrinsèque à la rupture que représente la Révolution. En effet, la perspective révolutionnaire peut s’opérer par le maintien des cadres existants appartenants au cadre antérieur à la révolution. Ainsi, la révolution par ses caractéristiques durable, massive, rapide et brutale s’accomplie par le renversement du cadre antérieur mais sans systématiquement effacer la trace de ce dernier pour autant. Le processus révolutionnaire s’inscrit alors dans une forme de continuité historique.

Ainsi, il s’agit de comprendre dans quelle mesure se caractérise le dépassement des cadres anciens par la révolution.

C’est pourquoi, il s’agit d’abord d’étudier la nécessité de la rupture avec les cadres antérieurs au sein du processus révolutionnaire. Il semble intéressant d’aborder pour la révolution l’utilité des éléments appartenant au passé. Enfin, il est question d’observer la nature de la révolution numérique, rendue possible grâce au prgrès numérique et génératrice de nouveaux paradigmes.

La réussite du processus révolutionnaire dépend de la réussite de la rupture entre l’ordre ancien et l’ordre nouveau.

Caractérisée par une rupture, la révolution n’est pas par nature un processus conciliant les aspirations futures avec les cadres existants avant son intervention dans l’Histoire. En effet, la réalisation du processus révolutionnaire implique des moyens visant à détruire les forces propres au cadre antérieur. Ainsi, la rapidité et la brutalité du processus révolutionnaire interviennent pour constituer la rupture avec le cadre antérieur. Connue sous le nom de Terreur, la période de la Révolution française ayant eu lieu entre 1793 et 1794 illustre l’intervention de la violence dans la révolution par l’action du gouvernement révolutionnaire face aux troubles multiples générés par la révolte fédéraliste, l’insurrection vendéenne et la guerre extérieure menée par les puissances monarchistes européennes. En effet, selon François Furet et Mona Ozouf dans le Dictionnaire critique de la Révolution française, environ un demi-million d’individus sont emprisonnés pendant la Terreur tandis ue plusieurs milliers d’autres sont éxecutés. « Une révolution sans pelotons d’exécution n’a aucun sens ». Prononcés par Lénine, révolutionnaire communiste russe, ces mots incarnent une nouvelle fois la nécessité de l’intervention de la violence afin d’optimiser la réussite de la révolution. Ainsi, menée en Russie soviétique par la Tchéka, police politique, et l’Armée rouge, se déroule la Terreur rouge. Celle-ci élimine physiquement environ 140 000 personnes. Ces meurtres de masse visaient ainsi à assurer la réussite de la révolution selon le révolutionnaire et homme politique soviétique Léon Trotsky. En effet, ce dernier, dans son livre Terrorisme et communisme, évoque la résistance de la bourgeoisie russe et l’intervention étrangère comme cause majeure de la Terreur rouge, énoncée comme « situation de défense de la révolution ».

Si la rupture qu’implique la révolution s’opère par la destruction et l’élimination des forces supossées « contre-révolutionnaires », celle-ci doit aussi sa réussite à la constitution d’un nouveau cadre, denouvelles normes, de nouveaux paradigmes dépassant le cadre ancien. Ici, faire « table rase » ne signifie pas détruire les forces de l’orde ancien mais la construction de nouvelles forces capables de

remplacer le cadre antérieur. Ainsi, l’exemple de la Révolution française illustre une ambivalence. En effet, si la période qualifiée de Terreur détruit les forces susceptibles de fragiliser la réussite de la révolution, la Révolution française s’illustre aussi par la mise en place d’une nouveauté, celle d’une Constitution. Ainsi, à la suite de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 apparaît le 3 septembre 1791 la Constitution française. Elle marque une étape révolutionnaire, instituant une mnarchie constitutionnelle et mettant ainsi fin à la monarchie absolue de droit divin. Au service de la rupture qu’implique la révolution, la construction d’un nouveau cadre constitue une manière de faire table rase du passé. La construction de nouvelles normes pour rompre avec le passé se retrouve également dans les domaines artistique et technologique. En effet, l’apparition en France dans la seconde moitié du XIXe siècle de l’impressionnisme, mouvement de peinture, illustre un boulversement des normes au sein de l’art pictural. En effet, l’apparition de l’impressionnisme se déroule à la même époque que l’invention de la photographie. Provoquant un changement radical dans la façon de contempler le monde et la représentation de la réalité, l’apparition de nouveaux arts picturaux rompant avec le réalisme, mouvement pictural antérieur, constituent une révolution artistique par la constitution de nouvelles normes, de nouvelles méthodes.

Principalement caractérisée par une rupture, la révolution s’inscrit également dans une continuité historique et ce processus nécessite ainsi l’intervention d’éléments du cadre antérieur ou existant jusqu’à la rupture.

L’utilité des éléments du passé s’illustre dans le domaine scientifiue. En effet,

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