Qu'est-ce que le Moyen Âge ?

Qu’est-ce que le Moyen Âge ?

I. L’INVENTION DU MOYEN ÂGE

1. À la Renaissance

a. Une définition culturelle

b. Une définition religieuse

2. Sous l’Ancien Régime

3. À La Révolution

4. Le XIXe siècle

a. La Restauration et la Monarchie de Juillet

b. Le Moyen Âge et le peuple : une vision républicaine et romantique

c. Le Moyen Âge et les origines des nations

II. LA PÉRIODISATION DU MOYEN ÂGE

1. Le début du Moyen Âge

2. La périodisation interne

a. Le haut Moyen Âge

b. Le Moyen Âge centrale ou classique

c. Le bas Moyen Âge

3. La fin du Moyen Âge

4. Un « long Moyen Âge » ?

III. L’UNITÉ DU MOYEN ÂGE OCCIDENTAL

1. La langue et la culture latines

2. Le christianisme

3. La société féodale

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Qu’est-ce que le Moyen Âge ?

Le Moyen Âge couvre la période qui va de la fin de l’Empire romain en Occident (476) jusqu’à

la Renaissance (2e moitié du XVe siècle). Il représente donc une période d’un millénaire bien

plus considérable que les suivantes (trois siècles pour l’époque moderne, deux pour l’époque

contemporaine), ce qui invite déjà à parler de Moyen Âge au pluriel. Mais il faut d’abord noter

que sa définition a été donnée a posteriori.

I. L’INVENTION DU MOYEN ÂGE

« Le Moyen Âge n’existe pas. Cette période de près de mille ans, qui s’étend de la conquête de

la Gaule par Clovis à la fin de la guerre de Cent Ans, est une fabrication, une construction, un

mythe, c’est-à-dire un ensemble de représentations et d’images en perpétuel mouvement,

largement diffusées dans la société, de génération en génération, en particulier dans le cas de la

France par les instituteurs, les ‘Hussards noirs’ de la République, pour donner à la communauté

nationale une identité culturelle, sociale et politique forte »1.

Si le constat que dresse Christian Amalvi est vrai à bien des égards, il reste que la définition du

Moyen Âge comme période historique, certes vulgarisée à la fin du XIXe siècle, remonte en

réalité à la Renaissance.

1. À la Renaissance

a. Une définition culturelle

L’expression de Moyen Âge est à l’origine utilisée sur un mode péjoratif par les artistes,

peintres et hommes de lettres de la Renaissance à la suite des humanistes italiens du XIVe siècle,

avides d’un retour à la civilisation antique, à ses modèles culturels et politiques. Les siècles qui

les séparent de la fin de l’Empire romain d’Occident sont considérés avec un mépris certain,

comme une simple période intermédiaire, barbare et obscure. C’est ce que Rabelais fait écrire,

non sans une certaine ironie, à Gargantua dans la lettre qu’il adresse à son fils Pantagruel en

soulignant que jusqu’à une époque récente, « les temps étaient encore ténébreux, ils sentaient

l’infélicité et la calamité des Goths, qui avaient ruiné toute bonne littérature » (Annexe 1).

Autrement dit, comme l’écrit Alain Boureau, « le présent est valorisé comme un retour à une

Antiquité glorieuse, après un passé obscur et barbare, défini comme simple obstacle, comme

période intermédiaire. L’élaboration littéralement réactionnaire de l’idée de Renaissance

provient donc en partie d’une volonté d’autolégitimation des cercles de peinture et de lettrés du

XVIe siècle »2.

On notera cependant que, mise à part l’arrivée de manuscrits grecs en provenance de

Constantinople après la prise de la cité par les Turcs (1453), les humanistes ont redécouvert

l’Antiquité par les œuvres qui avaient déjà été copiées, lues et étudiées par les lettrés du Moyen

Âge comme le prouve, entre autres exemples, l’extrait d’une lettre adressée en 829 par Loup,

abbé de Ferrières (en Gâtinais), alors en séjour au monastère de Fulda en Germanie, à Éginhard,

le biographe de Charlemagne, où il sollicite son correspondant de lui envoyer des œuvres de

Cicéron et d’Aulu-Gelle (Annexe 2).

1 C. Amalvi, dans Dictionnaire raisonné de l’Occident médiéval, Paris, rééd. 2014, p. 790. 2 A. Boureau, dans Dictionnaire du Moyen Âge, Paris, 2002, p. 951-952.

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b. Une définition religieuse

Dans une logique assez semblable, le Moyen Âge est dénoncé par ceux qui souhaitent un retour

au christianisme des origines et regrettent certaines évolutions du christianisme, notamment la

place excessive prises par les institutions ecclésiastiques dont la papauté ou encore certaines

pratiques comme la multiplication des sacrements

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