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Le culte impérial dans les provinces : l'exemple de la Tarraconaise

Étude de cas : Le culte impérial dans les provinces : l'exemple de la Tarraconaise. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  25 Novembre 2020  •  Étude de cas  •  3 550 Mots (15 Pages)  •  637 Vues

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Monel

Titouan

Histoire Ancienne :

Sujet : Le culte impérial dans les provinces : l’exemple de la Tarraconaise :

        « Le développement du culte impérial est la volonté du pouvoir de l'imposer à tous » ; Leçon antique pour notre temps ; Philippe Fabry. Le culte impérial renvoie au culte de la personne de l'empereur afin d’en faire la référence commune, non seulement pour les Romains, mais pour tous les peuples de l'empire. Par ailleurs, Le culte impérial donne l'occasion aux élites et aux provinces de montrer leur attachement ainsi que leur fidélité à Rome. Pour sa part, la Tarraconaise est une terre conquise lors de la seconde Guerre Punique de 218 à 202 avant Jésus-Christ par Cnaeus Cornelius Scipio Calvus. Très riche, notamment en minerais, cette partie occidentale de l’Empire est également un lieu de résidence pour les empereurs, notamment Octave Auguste. La première partie du document soumis à notre étude est une suite d’inscriptions épigraphiques tirées du Corpus Inscriptionum Latinarum, ou encore des Inscriptiones Latinae Selectae. Le Corpus Inscriptionum Latinarum ou CIL, est une collection générale des inscriptions latines anciennes rassemblant les inscriptions publiques et privées collectées. Le CIL vise à recueillir toutes les inscriptions latines de tout le territoire géographique de l’Empire. Rédigé en latin, langue universelle pour les épigraphistes antiques, le Corpus est traité en permanence dans de nouvelles éditions et compléments. Le CIL se décompose en 17 volumes, chacun abordant une partie géographique de l’Empire, ou encore un thème précis. A titre d’exemple, le CIL II sur lequel se porte notre travail, aborde les représentations épigraphiques en Espagne, tandis que le CIL XVI traite des diplômes militaires. Concernant l’Inscriptiones Latinae Selectae ou ILS, il s’agit également d’un recueil regroupement des inscriptions latines, élaboré par l’Historien allemand Hermann Dessau au 19ème et 20ème siècle. Ces deux documents que sont le CIL et l’ILS, sont à mettre en parallèle avec l’Inscriptiones Graecae, soit un recueil visant à répertorier toutes les inscriptions grecques en Europe. La seconde partie de ce document porte sur la monnaie impérial. A cette égard, le diminutif RPC et BMC signifient Roman Provincial Coinage et British Museum Coins. Ces deux collections représentent un compte rendu faisant autorité des pièces frappées dans les provinces de l'empire et montre comment elles peuvent être considérées comme faisant partie intégrante de la monnaie impériale. Par ailleurs, il convient d’introduire la notion d'épigraphie. Longtemps laissées de côté, l’Epigraphie obtient une véritable valeur scientifique au 19ème siècle. Source d'informations indispensables pour étudier l’Empire romain et plus généralement l’Antiquité, cette discipline vise à tirer profit des inscriptions laissées par l’Empire sur tous les types de supports matériels. A cet égard, l’Empire romain étant marqué par une prolifération des statues et autres inscriptions dans le cadre du culte impérial, l’Epigraphie est une excellente source pour l’Historien, tant pour comprendre le fonctionnement de l’Empire, que pour discerner, géographiquement, les différences de culte dans l’Empire. Cela-dit, avec le temps certaines inscriptions s’effacent, ce qui complexifie le travail de l’épigraphiste. Ainsi, il est légitime de se poser la question suivante : « En quoi, au travers de l’exemple de la Tarraconaise, l’épigraphie est-elle représentative de l’implantation du culte impérial, tant par la représentation de l’empereur, que par les membres de l’administration au service de Rome ? Tout d’abord, nous traiterons du culte impérial au travers des dédicaces d’éminents représentants du pouvoir impérial. A cette occasion, nous verrons que ces inscriptions nous apportent des précisions concernant les différentes professions en rapport avec le culte impérial. Puis, nous analyserons les inscriptions épigraphiques émanant de la monnaie utilisée dans l’Empire, ce qui résulte de la numismatique, soit l’étude des monnaies. Au travers de cette second partie, nous bénéficierons d’une approche plus complète concernant la représentation de certains empereurs, tels que Tibère, Auguste ou encore Caligula.

        

Sous l’Empire, le culte impérial dans les provinces est prégnant. Garanti par des prêtres provinciaux, « Flamen » en Gaule, « Archiereus » en Orient ou encore « Sacerdoce » en Hispanie, il s’agit d’élever l’empereur au rang de dieu et de le faire respecter de tous. Au-delà, l’Empire est connu pour son processus d’assimilation complexe. Par conséquent, cette charge est révélatrice de la romanisation en terre conquise.

Cnaeus Numisius Modestus est né et a vécu à Carthago Nova, où il détient toutes les magistratures de la colonie, selon une inscription présente à Tarragone (CIL, II, 4230). Il est notamment envoyé pour représenter sa ville à l'assemblée provinciale d’Hispanie Citérieure, soit au « concilium provinciae ». Chaque province romaine est marquée par la présence d’un conseil provincial qui veille à faire respecter le culte impérial, ici dans la province d’Hispanie Citérieure. A cette occasion, Cnaeus est élu prêtre du culte impérial, « flamen provinciae Hispaniae citerioris », fonction le maintenant à Tarragone pour une durée d’un an. Notons deux choses. Tout d’abord, cette charge de « Grand-Prêtre » est à dissocier de celle de flamine dont le rôle est d’honorer un dieu: « Que chaque flamine ne soit attribué qu'à un dieu » ; Cicéron. D’autre part, la charge de garant du culte impérial est annuelle, contrairement aux flamines qui le sont à vie. La charge de flamine provincial est pour la première fois relevée par Tacite. Parmi ceux-ci, il y a trois catégories de prêtres : les « flamines perpetui », nommés probablement par l'empereur et voués au culte particulier d'un césar, les « flamen Augustalis », qui, dans chaque province, président au culte de Rome et d'Auguste, et les « flamen municipales » ou « « perpetuus », qui remplissent le même office à l'intérieur de chaque cité. Ces deux derniers sont nommés pour un an. Durant cette période d’un an, Cnaeus s'est vu confier la fabrication et le placement de deux ou plusieurs statues en or « electus a concilio provinciae ad statuas aurandas Divi Hadriani », de feu (décédé) l'empereur Hadrien (117-138). Cela nous permet de dater sa carrière durant le règne d’Antonin le Pieux (138-161). A la fin de son année de sacerdoce, selon la coutume pour tous les flamines, le Concilium Provinciae a érigé un piédestal avec une statue dans le forum provincial de Tarragone, Tarraco selon le nom antique. Concernant Lucius lunius Maro Aemilianus Paternus, ce dernier est issue de la tribu Quirina en Gaule Lyonnaise. Ce dernier s'est « acquitté de tous les honneurs dans sa cité ». Cela signifie que ce dernier a revêtu l’ensemble des charges municipales, notamment celles de Questeur ou d’Edile. Puis, après avoir été nommé duumvir à deux reprises, Lucius est investi flamen Augustalis, soit sacerdos de Rome et d'Auguste du conventus des Astures. Remarquons que le terme de « conventus » renvoie à une circonscription géographique particulière sous l’Empire, soit une subdivision d’une province. Enfin, Lucius Domitius est nommé en charge du culte impérial de Rome et du divin Auguste en Hispanie Citérieure. Pour sa part, Marcus Valerius Capellianus est inscrit comme citoyen dans la tribu Galeria, où il occupe la quasi-totalité des magistratures urbaines, parmi lesquels la fonction d’aedilis (édile), soit de conseillé, et celle de duunviro (duumvir), magistrature collégiale attenante à un municipe. Plus tard, sous la gouvernance d'Hadrien (117-138), Marcus est admis au recensement des citoyens de Caesaraugusta dans la province de Saragosse. Caesaraugusta est une cité où les questions juridiques doivent être résolues en deuxième instance, chaque fois qu'elles ne peuvent l’être dans le cadre municipal. En outre, Caesaraugusta jouit du statut de capitale religieuse, avec son propre culte, puisqu'elle a un « Genius conventus » – caesaraugustani –. Représentant probablement Caesaraugusta, Marcus est envoyé comme délégué à l'assemblée des villes d’Hispanie Citérieure, où il est élu prêtre du culte impérial. Il a servi en tant que « Flamen Romae Divorum » et « Augustorum provinciae Hispaniae citerioris », indiquant ainsi que ses fonctions comprennent le culte de la déesse Rome, d’Hadrien et des empereurs divinisés. A cette occasion, tout comme Cnaeus et Lucius, Marcus Valerius a la charge du respect et de l’application du culte impérial dans la provinces d’Hispanie Citérieure. A la fin de ce sacerdoce, une statue est érigée en son honneur à Tarragone, à l’aide de laquelle, nous pouvons affirmer que sa carrière a lieu sous Hadrien (117-138) et sous Antonin le Pieux (138-161). Enfin, Lucius Domitius fait partie de l’élite urbaine de Consabura, comme l'atteste l'inscription d’un membres de sa famille, découverte à Epora (Montoro, Cordoue. CIL II 2166). Ce dernier commence comme duunviro dans sa ville, soit la plus haute fonction politique de la municipalité. Puis, il devient prêtre du culte de l'empereur représentant ses concitoyens et ce, à perpétuité, ce qui est exceptionnel. Entre les années 105 et 117, il quitte l'Hispanie pour occuper l'un des postes de juge des cinq décuries de Rome, étape intermédiaire vers l'ordre équestre auquel il est élevé par l'empereur Trajan (98-117) : « revêtu du cheval public par Trajan ». Son nouveau grade le conduit en Afrique du Nord, où il a la charge de la cohorte I Asturum et Callaecorum, une unité d'infanterie auxiliaire stationnée en Mauritanie Tingitane. Enfin, il retourne à Consabura, où il est nommé représentant à l'assemblée provinciale d’Hispanie Citérieure. A cette occasion, il est élu prêtre du culte de l'empereur, soit « flamen provinciae Hispaniae citerioris », siégeant à Tarragone. Au terme de son année de charge, une statue est érigée en son honneur, dans le forum provincial de cette ville. Ainsi, par l’analyse de chacun de leur parcours, nous pouvons dissocier différents aspects du culte impérial. Tout d’abord, par la présence du Concilium Provinciae, notamment en Tarraconaise, il est aisé de comprendre que ce culte est structuré, tout du moins concernant la partie Nord-Est de la péninsule ibérique. Cela-dit, contrairement au culte des dieux du Panthéon, le culte impérial ne fait l’objet d’aucune directive émanant directement de Rome, jouissant donc d’une certaine autonomie. Ensuite, nous percevons l’ampleur et le fonctionnement du culte impérial, véritable aspect de la romanisation, puisqu’il s’appuie sur une administration permanente de flamines qui ont notamment pour rôle d’ériger des statues en l’honneur de l’empereur vivant, tel que Cnaeus sous Antonin, mais également d’entretenir le culte des empereurs divinisés. Enfin, nous pouvons percevoir le respect et la haute estime de la population dont le culte impérial fait l’objet. En témoigne l’érection de statues en l’honneur des flamines provinciales qui ont servis. A cet égard, ces statues sont érigées, d’une part sur les forums, mais également sur un piédestal, ce qui vise à mettre en valeur les prêtres du culte, mais surtout d’honorer l’empereur régnant ou divinisé, qui fait l’objet d’un culte. Cela-dit, les inscriptions épigraphiques ne sont pas essentiellement sur des support naturels, mais elles peuvent également être présentes sur les monnaies.  

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