La colonisation grecque
Dissertation : La colonisation grecque. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Megan No • 30 Octobre 2016 • Dissertation • 3 419 Mots (14 Pages) • 1 712 Vues
La colonisation grecque est un sujet compliqué à étudier tant dans sa chronologie que sa géographie. On peut considérer qu’il y a eu trois colonisations, dont l’une si obscure et dont on connait si peu de choses qu’elle ne sera traitée que très peu dans ce devoir. On peut les distinguer en trois périodes : la première, qui n’est pas considéré comme une « vraie » colonisation commence à l’époque Mycénienne jusqu’aux âges obscurs, c’est à dire du XVI ème siècle jusqu’au XIII ème siècle et un peu plus tard, vers 1100, ils s’installent sur les côtes égéenne de l’Asie Mineure. La seconde est celle reconnue par les historiens et dont les sources et découvertes, bien que tardives, sont de plus en plus nombreuses. Elle débute au VIII ème siècle, s’étend jusqu’à la fin du VI ème siècle (d’environ 750 à 550 avant J-C), se plaçant donc dans l’époque archaïque, et est marquée par la rapide expansion des Grecs dans toute la Méditerranée. Puis finalement la dernière qui correspond à la période classique puis aux conquêtes d’Alexandre le Grand au III ème siècle. Ici, nous traiterons en grande majorité la deuxième car c’est la seule qui voit les Grecs s’établir sur toute la Méditerranée, et qu’elle fut la plus importante socialement, économiquement, politiquement et géographiquement.
Premièrement il faut définir ce que l’on entend par le terme « colonisation ». La colonisation grecque ne se rapporte pas du tout à celle du XVI ème siècle entreprise par l’Europe qui avait pour but l’expansion du territoire par l’invasion de ce dernier. Au contraire même si les Grecs ont bien du écarter des populations déjà présentes sur le territoire - comme les Cariens, dominés par Minos — ils n’agissaient pas dans le but d’étendre le territoire de leur cité, et de plus elle n’était pas une manifestation de rivalités entre cités. Ainsi les cités crées ne sont pas des expansions de cités déjà existantes mais bien des poleis indépendantes, autonomes, et qui n’entretiennent pas, voire pas du tout, de relations avec leur cité d’origine, même si l’entreprise fut mise en place par cette dernière.
On peut considérer que cette expansion du monde grec commence donc à partir du XVI ème siècle. Les Grecs commencent leur voyage vers l’Orient pour se fournir en matériaux nécessaires à la construction de bronze et s’installent non seulement en Asie Mineure et dans les îles voisines, mais aussi en Turquie. Mais c’est pendant l’époque archaïque que ce mouvement fut le plus fort et connu une ampleur alors incomparable. Tout le monde méditerranéen fut touché, à l’exception de l’Afrique du Nord et du Moyen-Orient : seule une colonie, Cyrène, put s’imposer en Afrique, les Phéniciens avaient déjà colonisé cette région, et les Egyptiens étaient assez puissants pour résister.
La colonisation fut ce qui créa la société grecque telle que nous la connaissons aujourd’hui. Il est donc important de se demander, comment la colonisation grecque s’organise-t-elle et quelles en sont les conséquences ? Pour cela nous allons d’abord voir les caractéristiques de la colonisation archaïque; puis nous verrons ses différentes phases d’expansion; et enfin nous verrons comment les colonisations sous les périodes classiques et hellénistiques ont terminées et diversifiés le processus d’expansion.
La colonisation grecque connait de nombreux débats sur ses origines. En effet il ya plusieurs thèses, mais celles ci ne sont pas obligatoirement en opposition, et peuvent se lier les unes aux autres. La première est que cette expansion serait due à des raisons commerciales. C’est dans la période archaïque que se développe la métallurgie du fer. Cependant dans les terres alors occupées par les Grecs, les régions ne sont pas assez riches en minerais : ils ont donc la nécessité de devoir contrôler des régions pouvant permettre un développement de cette exploitation nouvelle. C’est cette hypothèse qui est privilégiée pour la ville de Pithécusses, plus ancien établissement grec, fondée dans le deuxième quart du VIII ème siècle sur l’île d’Ischia en Italie. Les fouilles archéologiques de ce site ont mis à jour un atelier de traitement du fer qui témoigne que l’approvisionnement en métal était bien une préoccupation de la population. C’est aussi dans cette période que développe les échanges et le commerce maritime, d’abord avec la création et l’amélioration des techniques navales, mais aussi car les Grecs veulent créer un réseau maritime dans le monde méditerranéen. Les fouilles mettent encore ici en évidence la distribution de produits grecs dans cette région. C’est ce qui lança les Grecs dans la création de cités servant de point majeur dans ces routes : Syracuse et Corcyra pour les Corinthiens, les zones du détroit de Messine et du golfe de Naples pour les Eubéens, enfin les zones de la mer Noire pour les Milésiens qui créent un nombre d’important de colonies. Ces zones de contact avec d’autres population pouvait aussi fournir des matériaux : le fer pas exemple par les Etrusques de l’île d’Elbe.
Une transition peut s’effectuer entre ces thèses, celle de l’accroissement démographique de la population et donc le manque de terre. Les sites habités et les nécropoles du IX ème siècle témoigne d’un manque important de céréales pour les Grecs. De plus certains sites étaient touchés par de mauvaises conditions naturelles, tels les habitants de Théra en 630 qui, touchés par la sécheresse, envoient un contingent fonder Cyrène en Libye. Une disette a poussé les Chalcydiens a fondé Rhégion. Cependant les sources anciennes, les auteurs, et la localisation des cités proches ou dans de riches régions agricole viennent rajouter d’autres thèses possibles. La première est celle de ce que les Grecs appelaient sténochoria, le manque de terre ou « la soif de terres » : les terres cultivables sont peu nombreuses, et si rocheuses qu’elles ne sont pas très productives. Non seulement la population était beaucoup trop importante, mais en plus des tensions internes dans les cités accentuaient le problème. Les sols étaient mal répartis dans la population, les plus riches s’octroyant les kléroi, les de lots terres.
Les sols n’étaient pas le seul problème : les plus pauvres revendiquaient aussi leurs droits politique, que les grandes lignées s’accaparait depuis trop longtemps. C’est pourquoi envoyer une partie de la population mécontente dans des colonies était une bonne solution pour s’en débarrasser durablement.
La raison politique repose sur les crises sociales et les exilés, tels les Parthiniens de Sparte, ou Achias, qui, banni par les Battiades, part fonder Syracuse en 734.
Ensuite il est important de voir comment s’organisait la colonisation. Lors de la première vague qui s’effectue après la chute de l’empire Mycénien, les colons qui partaient étaient souvent des petits groupes, mal organisés et dont les mouvements n’étaient pas prévus par la cité elle même. Au contraire, la colonisation grecque qui s’effectue depuis 750 est une colonisation organisée . Un chef d’expédition, l’oïkiste, est nommé et est chargé de fonder la cité. Il est le plus souvent d’origine aristocratique et élu par la métropole. Il est très rare qu’il prenne la tête d’une expédition privée ou que des métropoles s’associent, même si cela est parfois arrivé. Les colons emportent tout les symboles de leur cité avec eux : le calendrier, les fêtes religieuses, et les divinités. Si l’on en croit certains auteurs et documents épigraphiques, l’oïkiste est aussi celui qui va : tracer les plans de la cité, délimiter ses frontières, s’entretenir avec les populations indigènes quand à la répartition de la chôra.. C’est aussi lui qui va attribuer et partager équitablement le kléros, le lot de terres civiques. Cependant même s’il semble avoir énormément de pouvoirs il faut relativiser : les cités métropoles envoyaient des magistrats, et leur pouvoir était limité par la mort : en effet à part Battos qui régnait à Cyrène en ayant fondé les Battiades, il est très rare que l’oïkiste puisse assurer une dynastie qui perdure, malgré les a puissance militaire, économique et sociale qu’il avait. Des termes précis sont choisis par la population grecque, l’apoïkiai, qui désigne le « départ de chez soi », serait attribué aux colonies agraires, alors que le terme emporion, « le comptoir » serait lui attribué aux colonies commerciales. Cependant si l’apoïkiai constitue une polis qui contrôle une chôra, ce n’est pas le cas pour l’emporion qui reste un territoire comptoir, plutôt qu’une cité propre.
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