La Fabrique De L'opinion : Les médias Et Le Povoir Politiue En Rance De La Fin Du XIX Siècle Au début Du XXI Siècle
Recherche de Documents : La Fabrique De L'opinion : Les médias Et Le Povoir Politiue En Rance De La Fin Du XIX Siècle Au début Du XXI Siècle. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar 1998laulau19998 • 9 Décembre 2014 • 1 814 Mots (8 Pages) • 1 177 Vues
Un siècle chargé d’histoires
De la fin du XIXe siècle, de 1880 à la fin du XXe siècle, la France a connu deux guerres mondiales, trois Républiques, deux
crises économiques majeures, des bouleversements sociaux uniques, les guerres coloniales et l’édification de l’Europe. Jamais
en un seul siècle, le pays n’a connu de pareils soubresauts. La France et les Français ont su traverser ces épreuves
successives en continuant à cohabiter en dépit de tous les facteurs de divisions nés de cette accumulation d’événements qui
n’ont épargné personne.
L’un des faits marquants de cette période reste la naissance des médias, la mise en évidence de leur pouvoir sur les politiques
et sur les citoyens et la croissance de leur rôle pendant les périodes des crises successives subies par les Français.
Comment les médias et les pouvoirs politiques vont-ils cohabiter pour façonner l’opinion publique ? Cette mainmise des médias
sur leur espace privé, les Français l’accepteront pendant tout le XXe siècle. La fin du siècle voit apparaître une « société du
spectacle » (Debord 1967) dans les médias qui a pour conséquence de rejeter de nos jours et dans un même élan, médias et
politiques qui vont susciter les mêmes réflexes de vigilance voire de méfiance à leur égard.
I. *Des citoyens entre pouvoirs et médias
Les années 1880, voient le début d’un engouement des citoyens pour les médias. La presse papier occupe une place unique,
alors que les autres médias n’existent pas encore. Cette presse va bénéficier d’un essor prodigieux. Les lois sur l’École (1881)
permettent l’accroissement du nombre de lecteurs dans les couches populaires à la ville et à la campagne. Les techniques
d’impression industrielle permettent l’impression en masse avec des tirages de la presse pouvant atteindre le million de lecteurs
(le Petit Journal atteint plus de 950 000 lecteurs). Les chemins de fer permettent l’acheminement des journaux parisiens dans
les régions les plus reculées du pays en 24 heures. Chacun a le sentiment de pouvoir découvrir de multiples domaines :
sciences, religion, techniques, culture, informations internationales. Les journaux adoptent les formats, les maquettes, des
périodicités que nous leur connaissons encore aujourd’hui. Les contenus tiennent en haleine leur lectorat avec la naissance des
faits divers et des feuilletons qui fascinent les foyers. Les modèles économiques reposent sur la publicité et les abonnements.
Les pouvoirs publics républicains favorisent une presse qui permet d’abord d’informer et ensuite d’éduquer les masses. Les
camps politiques étant solidement identifiés et établis, ils cherchent à capter des lecteurs pour les transformer au jour des
élections en suffrages qui leur seront favorables. Cette période voit la naissance de la presse d’opinion, une presse partisane,
au service de partis bien identifiés qui combat durement pour ses idées en attaquant les idées et les hommes du camp d’en
face. C’est à une véritable guerre des mots que se livrent alors les grands journaux d’opinion.
Dans cette première effervescence médiatique, les nouveaux citoyens (lois constitutionnelles de 1875) cherchent dans la
presse des arguments pour se persuader ou se rassurer sur le bien-fondé de leurs propres opinions. Grâce aux journaux, qu’ils
découvrent qu’ils ne sont pas les seuls à partager telle opinion et comprennent que l’union faisant la force, ils peuvent se
fédérer autour des opinions défendues par leur journal favori.
L’Affaire Dreyfus des années 1890 fait exploser les passions entre deux camps résolument antagonistes et des tirages énormes
dans les temps les plus forts comme les comptes rendus des différents procès. C’est là que naît l’opinion publique, une masse
de citoyens adeptes d’une certitude « Dreyfus est coupable » « Dreyfus est innocent » et aiguillonnés par leur presse favorite
sont prêts à traduire leurs convictions en bulletin de vote.
Au tournant du XXe siècle, la presse a compris qu’elle détenait un authentique pouvoir, celui de faire basculer le plus grand
nombre vers un objectif politique et faire basculer les électeurs vers un camp ou un autre.II. *Les médias et le contrôle par l’État en période de guerre
Les deux guerres mondiales que le pays va connaître en l’espace d’une génération vont créer une relation forte entre l’État et
les médias, sur la base d’un accord entre pouvoirs. Dès le début du siècle, il est reconnu que la presse est devenue le
quatrième pouvoir, faisant contrepoids aux trois pouvoirs dévolus à l’État (exécutif, législatif, judiciaire). L’un des objectifs du
gouvernement dans la conduite de la Première Guerre mondiale est que l’opinion publique ait un moral élevé en dépit du
carnage des soldats et des privations de toutes sortes. L’Union sacrée de 1914 entre tous les partis qui s’associent pour lutter
contre l’ennemi de la France est acceptée par les médias y compris la presse d’opinion. Cette presse accepte sans broncher la
suspension de la liberté de la presse qui était l’un des ressorts de la démocratie française. Les patrons de presse participent à
l’effort de guerre et mettent en application le principe de la censure qui leur
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