La Conférence De Brazzaville Dans L'eveil Des Nationalistes En côte D'ivoire
Dissertations Gratuits : La Conférence De Brazzaville Dans L'eveil Des Nationalistes En côte D'ivoire. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar amzes • 7 Mai 2013 • 3 819 Mots (16 Pages) • 3 078 Vues
LA DECOLONISATION
L’entre-deux-guerres a constitué une période d’apogée de la colonisation européenne en Afrique tant du point de vue de la domination politique, du renforcement de l’idéologie civilisatrice que de l’exploitation économique. L’émergence d’élites intellectuelles en Afrique exprimant du nationalisme fut encore trop timide pour secouer le joug de la colonisation.
La Seconde Guerre Mondiale constitue un événement majeur qui a pu infléchir sur le plan politique la domination coloniale. Elle eut des conséquences dramatiques pour les puissances coloniales en même temps qu’elle a contribué à éveiller les nationalismes des peuples colonisés, créant ainsi des conditions nouvelles dans les rapports entre ceux-ci et les colonisateurs. Les peuples colonisés dans leur ensemble ayant participé à l’effort de guerre et mesuré les limites de la puissance du Blanc venus leur imposer une domination intolérable, ont entendu s’émanciper de la tutelle coloniale. Le colonisateur lui-même, éprouvé par la guerre, craignait l’éclatement de révoltes si des réformes n’étaient pas entreprises dans les colonies. Mais les réformes conduisant à la décolonisation et aux indépendances n’ont pu être effective qu’en raison d’une action de forces extérieures.
1. La pression des forces extérieures sur les puissances coloniales
A partir de 1945, dès la fin de la guerre, le mouvement vers l’émancipation s’amplifie et se généralise dans tous les empires coloniaux, sous des formes diverses : réactions brutales ou créations d’organisations politiques. Une prise de conscience collective sous-tendue par le nationalisme poussait les peuples coloniaux à secouer le joug de la colonisation. Mais la vigueur et l’étendue de la réaction anticolonialiste furent développées par l’intervention d’éléments seconds de nature idéologique et politique qui leur servirent d’amplificateurs. Quatre de ces forces retiennent l’attention.
L’action des Eglises chrétiennes
L’expansion missionnaire et l’expansion coloniale ont été concordantes au XIXe siècle et ont souvent débouché en colonie sur une collaboration entre administration coloniale et missions chrétiennes dans la mission civilisatrice de l’Europe. Mais c’est à l’épreuve de la colonisation que des divergences apparurent entre les missionnaires poursuivant une mission spirituelle d’évangélisation et les colonisateurs attachés à une expansion impérialiste qui est à situer sur un plan essentiellement terrestre. Très souvent, les missionnaires ont pu jouer le rôle d’auxiliaires de la domination politique. Toutefois, les Eglises ont souvent invoqué la doctrine sociale de l’Eglise, dont les principes restaient immuables : unité du genre humain, égalité de toutes les races et de tous les peuples, reconnaissance des valeurs nationales.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. Autant les Eglises se sont refusé à défendre l’ordre colonial en face de l’émergence de mouvements d’émancipation, autant, elles n’ont guère aidé à le détruire. Leur action a néanmoins eu pour résultat de venir en aide à ces mouvements d’émancipation. Des motifs justifient l’intervention des Eglises :
1e. Sur le plan religieux, l’Eglise catholique se présente comme une entité supranationale qui ne s’identifie aucunement avec la culture occidentale ; elle revendique de ne pas s’identifier d’ailleurs avec aucune culture, mais elle se dit disposée à faire alliance avec chacune. Elle avait redécouvert à partir de 1929 la théologie de la colonisation du dominicain espagnole Francesco de Vittoria et en fit sa position officielle. En effet Francesco de Vittoria voyait dans la colonisation l’action de mise en tutelle d’une société arriérée incapable de se gouverner par un peuple politiquement et techniquement plus avancé. La colonisation suppose dans ces conditions le devoir d’éducation du peuple pupille pour le conduire à sa majorité politique et technique. Elle implique un droit de communication et de société afin de favoriser l’émergence d’une tierce société grâce au phénomène de brassage et d’éducation. Lorsque par l’éducation le peuple colonisé accède à sa majorité, la colonisation a atteint son but et devrait prendre fin. L’Eglise catholique considère de ce point de vue que la colonisation est un phénomène essentiellement provisoire qui s’inscrit dans une durée bien déterminée dans l’histoire d’un peuple. L’éveil des nationalismes au lendemain de la Seconde guerre mondiale était considéré comme la preuve irréfutable de la maturité des peuples coloniaux et annonçait du coup la fin de la colonisation. Pour l’Eglise catholique, il était temps de décoloniser. Elle en profita pour dénoncer le lien entre colonisation et évangélisation comme un accident de l’histoire et apporta son soutien aux mouvements d’émancipation des peuples africains.
De leur côté, les Eglises protestantes proclamaient que « l’Eglise n’aurait jamais pu être identifiée à l’Occident, car elle n’est pas occidentale et sa mission est universelle ». A partir des années 1930, certains missionnaires se montrèrent très critiques vis-à-vis de la colonisation de l’Afrique. Le missionnaire baptiste américain Emory Ross publia en 1936, un ouvrage intitulé Out of Africa (Quitter l’Afrique) dans lequel il fit des critiques acerbes à la colonisation européenne de l’Afrique à partir de l’exemple du Congo belge. Il estime que la colonisation n’a consisté qu’en une exploitation des ressources de l’Afrique sans création d’infrastructures du développement qui auraient permis aux Africains d’amorcer le progrès social et économique. En 1944, la conférence de Brazzaville organisée par le général de Gaulle pour préparer l’avenir des colonies d’Afrique de l’après-guerre fut critiquée comme une rencontre des plus colonialistes puisqu’elle affirmait le maintien d’une ferme domination française en Afrique. Un peu partout, les Eglises protestantes s’attachaient à la formation de clergés autochtones, ce qui constitue pour elle un principe de reconnaissance de l’égalité des races. Elles implantaient des hiérarchies autochtones pour reconnaître l’aptitude de tous les peuples à se gouverner eux-mêmes. Elles détachaient les hiérarchies autochtones des hiérarchies métropolitaines, mettant en place systématiquement une collaboration entre mission qui a toujours sa raison d’être et l’Eglise locale. Cet acte de décolonisation qui consistait à faire émerger un leadership autochtone au sein des Eglises revenait à dénoncer la collusion entre évangélisation et colonisation.
2e.
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