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L'acte De Mariage De L'impératrice Théophano

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Par   •  16 Avril 2013  •  1 854 Mots (8 Pages)  •  1 234 Vues

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L'acte de mariage de l'impératrice Théophano (Archives d'État de Wolfenbüttel, 6 Urk 11) est un acte de dotation du haut Moyen Âge en faveur de la princesse byzantine Théophano Skleraina. Suite à son mariage avec Otton II en 972, elle reçoit l'onction d'impératrice du Saint-Empire romain, qu'elle dirige plus tard. Le document juridique établi par Otton II est un exemple des contacts politiques et culturels entre l'empire d'Occident et le cercle culturel byzantin-orthodoxe au Xe siècle. Témoignage de l'art ottonien, influencé par les modèles byzantins, ce document transmis en écriture calligraphique est l'un des fleurons de la production diplomatique du haut Moyen Âge.

Après la chute de l'Empire romain d'Occident en 476, l’Empire byzantin est le seul successeur de l'Empire romain. Le couronnement de l’empereur Charlemagne en 800 est considéré du côté byzantin comme une usurpation et un défi à l'Empereur résidant à Constantinople. La reprise du titre impérial carolingien par Otton Ier du Saint-Empire en février 962 repose la question de la dualité des empereurs. En 967, les conflits entre Otton Ier et l'empereur byzantin Nicéphore II Phocas pour la prééminence en Italie, se ravivent. Le 25 décembre 967, le pape Jean XIII élève à Rome, en présence de son père Otton Ier, Otton II à la dignité de co-empereur[1].

Durant l'automne 968 des combats opposent les deux parties dans la principauté de Capoue, dans le duché de Bénévent ainsi qu'en Apulie. Ils se poursuivent jusqu'en 970. Simultanément, des ambassades des deux camps tentent de trouver une solution diplomatique au conflit. Le but d'Otton Ier est la reconnaissance de son titre d'Empereur par Byzance, et la clarification des frontières au sud de l’Italie. Il veut que l'accord soit entériné par le mariage de son fils, le jeune Otton II, avec une fille de la famille impériale byzantine. Pour ce mariage hautement politique, on envisage alors une véritable porphyrogénète, Anna, la fille du précédent empereur byzantin Romain II. Mais Nicéphore se refuse à marier une porphyrogénète hors de son propre pays. L'envoyé d'Otton, l'archevêque Géron de Cologne, accepte finalement, après d'âpres négociations avec Jean Ier Tzimiskès, successeur de Nicéphore, que le mariage se fasse avec une parente de la famille impériale byzantine, Théophano Skleraina, probablement une nièce[2] du nouvel Empereur, qui n'était pas « née dans la pourpre »[3].

L'« acte de mariage de l'impératrice Théophano » est le document de référence du mariage du co-empereur du Saint Empire, âgé de 17 ans, Otton II, avec la princesse Théophano âgée de 12 ans. Le 14 avril 972, le pape Jean XIII célèbre le mariage dans la basilique Saint-Pierre de Rome[3]. Sur un plan politique, le mariage marque la reconnaissance de l’Empire des Ottoniens par l'Empire byzantin. À l'occasion du mariage, Otton II dote Théophano d'une grande fortune pour son usage personnel dont elle dispose à vie (legitima dos)[4]. Le faste avec lequel la maison impériale ottonienne accueille la princesse byzantine en Italie vise à affirmer son égalité de rang avec la cour impériale de Constantinople. Par cet acte, Otton ne consent pas seulement à sa promise une dot généreuse, mais il lui promet aussi son entrée dans le consortium imperii, la participation à la domination sur l'Empire[4]. En 980, Théophano met au monde l'héritier du trône, Otton III, et après la mort prématurée d'Otton II en 983, elle règne sur l'Empire[5].

C'est probablement en octobre 989, avant son départ pour ses campagnes sur l'Italie et Rome, que Théophano dépose le document, afin de le préserver, dans le couvent familial des Ottoniens à l'abbaye de Gandersheim[6]. C'est là qu'il est découvert, puis publié vers 1700, par l'écrivain et historien Johann Georg Leuckfeld[7]. Gottfried Wilhelm Leibniz, parmi les premiers, reconnaît l'importance historique de cet acte, et en rend compte dans son Histoire des Welf[8]. Après la sécularisation de l’abbaye de Gandersheim, en 1811, l'acte est d'abord transféré à la bibliothèque universitaire de Göttingen, avant de revenir en 1815 après la dissolution du royaume de Westphalie à Gandersheim. Le 4 mai 1820, les archives de l'abbaye sont livrées au trésor ducal du Brunswick. Enfin en 1835, le document est rangé avec d'autres dans les archives d'État de Wolfenbüttel (Bibliothèque du duc Auguste II de Brunswick-Wolfenbüttel), aujourd'hui partie des archives du Land de Basse-Saxe, où il est toujours conservé[9].

Particularités du document[modifier]Les caractéristiques inhérentes à ce type d'acte sont la formulation, la structure du texte, et surtout son contenu juridique. Les tensions d'alors entre les empires byzantin et occidental s'expriment dans l'acte de mariage de Théophano et d'Otton II : l'empereur Otton le Grand et son fils et co-empereur Otton II revendiquent clairement vis-à-vis de l’empereur byzantin être les seuls successeurs attitrés des Imperatores romains. Ils refusent à l'empereur Jean Ier Tzimiskès le titre qu'il s'attribue de « basileus ton Romaion » (empereur des Romains), et le nomment « Constantinopolitanus imperator » (empereur de Constantinople). Le Pape, qui célèbre le mariage, revendique clairement la direction de toute l'Église, au-dessus des patriarches de Constantinople : dans sa formulation « solennelle et irréprochable », le pape Jean XIII est en outre désigné comme le « pape très saint et universel » (Iohannis sanctissimi et universalis papae)[10].

L'acte de mariage définit les revenus et les bénéfices dont doit jouir la future impératrice. Le document commence par une harangue[4], une introduction rhétorique générale, théologiquement impeccable, à la manière des sermons que l'on tenait lors des mariages. Dans la partie contractuelle stricto sensu, la description de l’engagement juridique, l'empereur cède à son épouse les droits et revenus impériaux sur la province d'Istrie, le comté de Pescara, les provinces de Walcheren aux Pays-Bas et de Wichelen en Belgique actuelle, avec l'abbaye de Nivelles, comprenant en tout 14 000 jugères, ainsi que des résidences secondaires fortifiées (curtes) et des fermes à Boppard,

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