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Décolonisations française et britanique: des racines communes

Étude de cas : Décolonisations française et britanique: des racines communes. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  23 Mai 2015  •  Étude de cas  •  2 138 Mots (9 Pages)  •  709 Vues

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LA DÉCOLONISATION

INTRODUCTION

La décolonisation (1947-1975) a précipité l'effondrement politique de l'Europe occidentale et indirectement renforcé la prépondérance des deux Supergrands qui n'avaient jamais recouru à l'impérialisme colonial comme moyen de puissance. Les volontés indépendantistes remontent à l'époque de la colonisation mais jamais jusqu'alors, elles n'avaient réellement troublé les métropoles. C'est la Seconde Guerre Mondiale qui va créer les conditions de l'indépendance nationale des peuples colonisés.

La décolonisation s'est déroulée de manière très hétérogène selon les pays et les empires coloniaux. C'est pourquoi il est intéressant de faire une comparaison entre la décolonisation des deux plus grands empires coloniaux : l'Empire colonial britannique et l'Empire colonial français.

1 DÉCOLONISATIONS FRANÇAISE ET BRITANNIQUE : DES RACINES COMMUNES

Les décolonisations française et britannique relèvent des mêmes causes : un système colonialiste qui tire profit des populations locales sans accomplir la mission de transfert de connaissances et de "civilisation" qu'il s'était assigné (cf. The White Man's burden (Le fardeau de l'homme blanc) de Rudyard Kipling), des populations indigènes qui aspirent à l'indépendance et les conséquences de la Seconde Guerre Mondiale qui a précipité l'effondrement des empires coloniaux, désormais incapables de contenir les offensives des nationalismes indigènes.

1.1 le système colonialiste

En 1939, l'Empire britannique (dominions compris) s'étend sur 42 millions de Km2 et compte 400 millions d'habitants. Loin derrière, l'Empire français couvre 10, 6 millions de Km2 et dénombre 62 millions d'habitants. Les puissances coloniales n'ont pas rempli leur mission d'apporter la civilisation (le taux d'illettrisme en Algérie est encore de 83% à la veille de la Seconde Guerre).

La mise en valeur des empires reste donc essentiellement agricole et minière. Une partie importante de la surface agricole exploitable a été transférée aux colons aux dépens des sociétés indigènes. Ces terres sont vouées le plus souvent à des cultures d'exportation, ce qui crée un lien de dépendance vis-à-vis de la métropole. La situation économique est précaire car les colonies sont sous-équipées en infrastructures et en matériel partout, à des degrés divers. Mais le sous-développement économique n'existe pas encore car les colonies n'existent pas sur le plan économique. Pourtant, en cas de rupture, la misère des peuples africains et asiatiques, jusqu'alors masquée par les bilans économiques fallacieux des colonisateurs peut apparaître.

Sur le plan politique, il faut distinguer les colonies dans lesquelles tout dépend de la métropole (il n'y existe plus de vie politique locale indépendante), et les protectorats qui jouissent d'une autonomie interne mais pour lesquelles la métropole organise tous les rapports avec l'extérieur (politique monétaire, politique militaire, affaires étrangères).

1.2 Les mouvements nationaux

Ils sont animés par les élites urbanisées : Parti du Congrès indien, Néo-Destour tunisien, Istiqlal marocain… Paradoxalement, ce sont les élites indigènes privilégiées puisqu'elles ont bénéficié des efforts d'éducation des colonisateurs qui vont se retourner contre eux et entraîner leur perte. Les chefs nationalistes sont issus de la moyenne bourgeoisie (Nehru, Houphouët-Boigny), de l'armée (Nasser), du mouvement étudiant (Hô Chi Minh, Nyerere) ou syndical (Sekou Touré), parfois de l'aristocratie (Mohammed V). Le nationalisme anticolonialiste réfléchi est en fait un produit de la culture occidentale dispensée libéralement dans les universités métropolitaines aux fils des riches familles indigènes, les "educated natives". Initialement portés à revendiquer le partage du pouvoir avec les Européens (participationnisme), ils se sont ensuite faits les champions de l'autonomie, puis de l'indépendance devant le manque de compréhension de la métropole.

La renaissance islamique a été un autre facteur de l'anticolonialisme. Les peuples colonisés se sentent unis par leur identité religieuse contre l'oppresseur de civilisation chrétienne. Le nationalisme est un des cinq points de la révolution islamique.

Enfin, l'anticolonialisme a reçu des encouragements. Des pays ne possédant pas de colonies d'abord : l'URSS et les autres pays communistes identifient la lutte contre le colonialisme à la lutte contre le capitalisme. Les Etats-Unis mènent une politique quelque peu ambiguë en la matière : le libéralisme américain est par nature hostile au colonialisme (souvenir de la tutelle britannique sur les 13 premières colonies américaines) mais au cœur de la Guerre Froide, les Etats-Unis préfèrent parfois soutenir les puissances coloniales plutôt que d'aider des mouvements nationalistes communistes (Cf. cas de l'Indochine). Deuxième type de soutien, celui de l'ONU qui même si elle ne peut ouvertement critiquer les empires coloniaux déjà constitués (elle ne peut condamner que les tentatives de colonisation postérieures à sa création), apporte une aide morale aux pays qui tentent de s'émanciper de la tutelle coloniale. Autre type de soutien : celui des Eglises qui se rallient à l'idée d'émancipation. Du côté catholique comme du côté protestant, les missions ne se veulent plus au service du colonialisme et les deux Eglises mènent une indigénisation de leur clergé en Asie comme en Afrique. Enfin, les mouvements nationalistes trouvent soutien au sein-même des métropoles colonisatrices : les libéraux sont partisans du droit des peuples à l'indépendance, les intellectuels de gauche sont anti-impérialistes (Sartre dans la Revue des Temps Modernes) et les cartiéristes (de Raymond Cartier, journaliste à Paris-Match) dénoncent le coût des colonies.

1.3 Les données nouvelles liées à la Seconde Guerre Mondiale

La Seconde Guerre Mondiale a d'abord amené un affaiblissement durable du prestige des principales puissances coloniales européennes : elles ont perdu de leur dimension internationale et font plus figures de vaincus que de vainqueurs. De plus, les contradictions entre les positions affichées dans la

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