Cesarisme démocratique

Le césarisme démocratique.

"L'État est une partie spécialisée dans les intérêts du tout" dit Maritain dans son ouvrage « L'Homme et l'Etat ». En réalité autre qu’une merveilleuse fiction, l’Etat est tout d’abord un territoire donné, avec une population donnée et une force de défense organisée. C’est également la reconnaissance internationale, mais aussi et surtout l’organe qui est titulaire de la souveraineté. La souveraineté étant le caractère suprême de cette fiction. Mais en dehors de l’Etat, la Nation est aussi souveraine. La Nation étant une entité collective indivisible d’hommes ayant des objectifs communs : religion, race, langue, mode de vie… Alors on constate que selon les aspirations de ces groupements apparaissent différentes formes d’Etats. On connaît bien évidemment l’Etat légale (IIIème et Ivème République etc.) où le pouvoir exécutif est soumis à loi votée par le parlement. On connaît encore l’Etat de police régime dans lequel l’exécutif peut prendre toute décision si cette dernière vise le maintien de l’ordre, les libertés fondamentales ne sont pas garanties et la dérive vers l’Etat autoritaire est facilement envisageable. La différence entre ces deux régime ne se résumant qu’au détournement du pouvoir par les dirigeants afin qu’ils se maintiennent au pouvoir. On trouve également l’Etat autoritaire pour arriver à une idéologie imposée par les dirigeants à la population. On trouve encore l’Empire comme régime, ce mot provient du latin imperium qui désigne commandement sous la Rome antique le pouvoir suprême détenu par le roi (puis attribué à certains magistrats). Donc L’Empire est un régime dans lequel les pouvoirs sont attribués à un chef fort. On peut citer comme Empire celui de Césars. Le terme Césarisme faisant donc l’objet d’une dérive de ce pouvoir. Le césarisme étant un « système de gouvernement dans lequel le pouvoir politique qui appartient théoriquement au peuple, est en fait abandonné par celui-ci à un homme de confiance qui le concentre entre ses mains et l’exerce autoritairement » (Lexique des termes juridiques édition Dalloz). Cette définition nous rapproche terriblement de la dévolution du pouvoir sous le Premier et le Second Empire respectivement de 1799 à 1814 et de 1852 à 1870. Menés par Napoléon Bonaparte et Napoléon III, ces deux régimes, on le verra, sont l’incarnation parfaite du césarisme démocratique. Mais, peut on dire que le césarisme démocratique est une forme de démocratie ? Il semblerait dans un premier temps que le césarisme démocratique soit une démocratie (I) mais dans un second temps, force est de constater que les pouvoirs sont détournés et concentrés dans les mains de l’Empereur (II).

I Une démocratie apparente

Apparente cette démocratie, simplement parce que le césarisme démocratique en respecte les critères. C’est pourquoi selon une définition formelle de la démocratie, on remarque que les Empires pourraient être des démocraties (A) au pouvoir légitime (B).

A Les Empires, des régimes théoriquement démocratique.

Afin d’établir que les Empires sont, dans l’écrit, des démocraties, il faut définir clairement ce qu’est la démocratie (1) et en donner les divers types (2).

1) « Le pouvoir du peuple pour le peuple par le peuple » (Montesquieu « Esprit des Lois »).

Le terme démocratie provient de la fusion de deux mots Grecs, demo et cratia. Le premier terme désigne le peuple et le second le pouvoir. Il est donc aisé d’en déduire comme l’indique Montesquieu dans l’« Esprit des lois » que la démocratie est « le pouvoir du peuple, par le peuple, pour le peuple ». Plus concrètement, c’est un régime dans lequel le citoyen prend part au pouvoir, il y participe (vote) et possède un droit de contestation (liberté d’opposition pour les démocraties libérales).

Ainsi lorsqu’on se limite à cette approche, on remarque que des Etats comme la Chine ou encore la RDA entrent dans la définition formelle de la Démocratie, même si la Chine, par exemple est un Etat totalitaire. De même, selon ce critère, le Césarisme démocratique est une démocratie car le peuple a théoriquement le pouvoir. C’est ainsi que l’on peut affirmer que la démocratie ne se limite pas à la notion de liberté qui lui est souvent jointe. Elle se limiterait donc à l’origine et au titulaire du pouvoir Souverain, c’est pourquoi on peut dire qu’il existe différentes formes de démocraties.

L’expérience nous montre que la démocratie reste une notion malléable. On relève dans l’histoire Constitutionnelle diverses formes de démocraties. On trouve de ce fait la démocratie représentative où les citoyens instruisent certains d’entre eux pour exercer le pouvoir en leur nom et à leur place. On retrouve encore la démocratie politique où les citoyens participent au pouvoir sans exiger de l’Etat des prestations. Plus controversé, la démocratie populaire, utilisée dans les régimes totalitaire. C’est ainsi que ces diverses Démocraties contiennent toute des éléments que l’on retrouve dans le Césarisme Démocratique. La participation des Citoyens tout d’abord, l’utilisation détournée du pouvoir politique par le représentant de la Nation ensuite.

A travers ces critères basics, on peut déduire que le Premier et Second Empire sont des démocraties. En effet, le pouvoir provient toujours du peuple et lui appartient toujours. Mais selon une définition plus poussée de la Démocratie, on peut remarquer qu’un élément non négligeable s’est subtilisé. Le pluralisme politique est en effet une base essentielle de la Démocratie.

2) Un pluralisme politique factice.

On parle de démocratie pluraliste lorsqu’il y a plusieurs courants politiques qui s’alternent au pouvoir. Le second critère est la protection des libertés individuelles. Les élections doivent, de plus, êtres libres et régulières, avec une réelle possibilité que la majorité devienne la minorité et inversement. Par ce critère, on en vient à exclure la Chine. La première démocratie selon l’adjonction de ces éléments serait l’Inde avec plus de 900 000 000 individus.

C’est alors qu’on en vient à exclure également les Empires des régimes démocratiques. Effectivement, Napoléon Bonaparte sous la Constitution du 16 Thermidor an X instaurée par un Senatus Consulte, approuvée par plébiscite

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