La géopolitique
Étude de cas : La géopolitique. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar nisnis51 • 18 Avril 2013 • Étude de cas • 2 955 Mots (12 Pages) • 1 116 Vues
1. Définition et concept de la géopolitique:
Le terme « géopolitique » est employé pour la première fois par un professeur de géographie suédois Rudolph Kjellen (1864‐1922) dans son ouvrage Stormakterna (les Grandes puissances), paru en 1904. Pour son auteur, la géopolitique est « la science de l’Etat comme organisme géographique ou comme entité dans l’espace. Comme science politique, elle observe l’unité étatique et veut contribuer à la compréhension de la nature de l’Etat ».
Il est possible d’énoncer de nombreuses définitions de la géopolitique plus ou moins proches l’une de l’autre :
-Selon Fernand Braudel, la géopolitique est l’étude de la politique dans l’espace et le temps.
Elle répond à deux interrogations essentielles :
• Qu'est‐ce que la puissance ?
• Où et comment se localise‐t‐elle ?
-Selon P.M. Gallois, « la géopolitique est l’étude des relations qui existent entre la conduite d’une politique de puissance et le cadre géographique dans lequel elle s’exerce » (Gallois, 1990). P. Moreau Defarges souligne : « qu’il n’y a pas de démarche géopolitique sans, au départ, une analyse de la terre, notre planète, comme un vaste et unique champ de manœuvre ».
-La géopolitique est selon Yves Lacoste « une nouvelle manière de voir le monde qui dépasse la simple lecture des données économiques et propose d'autres mobiles que la recherche de profits ou la conquête de terres fertiles ». Il présente la géopolitique comme « un savoir penser l'espace terrestre et les luttes qui s'y déroulent ».
-Pascal Lorot la définit comme « une méthode particulière qui repère, identifie et analyse les phénomènes conflictuels, les stratégies offensives ou défensives centrées sur la possession d'un territoire, sous le triple regard des influences du milieu géographique, pris au sens physique et humain, des arguments politiques des protagonistes du conflit et des tendances lourdes et continuité de l'histoire ».
-Aymeric Chauprade condense la définition en ces termes : « la géopolitique est l’étude de la volonté de puissance appliquée aux situations de la géographie physique et humaine ».
Selon Michel Foucher, « la géopolitique est une méthode globale d’analyse géographique de situations sociopolitiques concrètes envisagées en tant qu’elles sont localisées et des représentations habituelles qui les décrivent ».
-Pour P. Claval, « la géopolitique prend en compte l’ensemble des préoccupations des acteurs en présence sur la scène internationale (Hommes d’Etat, diplomates, armée, ONG, opinion publique etc.) et s’interroge sur les aspects spatiaux au sein des plans élaborés par ces divers acteurs : elle s’interroge sur les calculs des uns et des autres afin de comprendre ce qui les pousse à agir ».
De toutes ces définitions, il est possible de dégager un point commun : « toute géopolitique est une réflexion sur la puissance ». La puissance est le produit de la force des acteurs et de leurs situations géographiques. En d’autres termes, « la puissance d’un Etat ne tient pas seulement à la solidité de son potentiel militaire, humain, économique etc. mais aussi à sa situation géographique ».
La géopolitique vise à analyser le lien étroit qui unit le politique et la géographie : la politique d’un Etat est fortement conditionnée par de multiples constantes géographiques. A titre d’exemple, un Etat enclavé est un Etat qui ne dispose pas de façade maritime et donc d’un accès direct à la mer. Les communications et les échanges économiques dépendent étroitement de sa relation avec ses voisins. Cette dépendance est la source d’un profond handicap, souvent vécu comme un « complexe d’infériorité géopolitique » conduisant les Etats à développer de multiples stratégies de désenclavement.
Objectifs de la géopolitique :
L’objectif de toute analyse géopolitique est de comprendre le comportement d’un Etat (ou de tout autre acteur de la scène internationale) en cherchant le pourquoi et le comment de son action, c’est‐à‐dire principalement de sa politique étrangère.
Face à chaque crise ou conflit, il convient de s’interroger : que veut ce pays qui menace tel autre ? Que veut ce pays qui a déclenché une guerre ou envahi un autre Etat ? De quoi a‐t‐il peur ? Qu’espère‐t‐il gagner ? En définitive, il s’agit de s’interroger sur l’ensemble des motivations qui expliquent le comportement d’un Etat, en refusant de tomber dans des explications simplistes. Analyser les ambitions plus ou moins ancrées historiquement d’un Etat, c’est démontrer que depuis « x » ou « y » années, ce dernier a toujours voulu « s’assurer la possession de telle ou telle région, contrôler tel ou tel fleuve, détroit, ou accaparer telle ou telle île ».
La géopolitique est une manière d’apprendre à déchiffrer l’actualité autrement. Elle a pour finalité de révéler les tensions internes et les multiples zones de fractures qui cristallisent les rapports de forces entre nations. En géopolitique, il s’agit de cartographier les rivalités et les liens s’établissant entre les différents acteurs impliqués dans un « conflit de puissance » : « une rivalité correctement cartographiée permet d’évaluer le rapport de force existant sur le terrain ».
Un Etat, en fonction de ses objectifs stratégiques par définition évolutifs, adoptera une posture diplomatique et militaire en mesure de lui permettre de tendre vers ces objectifs. Par l’analyse géopolitique, il s’agit d’aller au-delà de l’émotionnel et du descriptif afin d’identifier les dynamiques profondes qui conditionnent l’évolution de la politique étrangère d’un Etat. « La géopolitique se doit de démystifier les apparences pour accéder à la réalité ». Comme le souligne François Thual, l’approche géopolitique peut se résumer à ces interrogations : « Qui veut quoi ? Avec qui ? Comment ? Et pourquoi ? ». Dans ce cadre, la géopolitique vise à identifier les acteurs, à décrire leurs intentions, à analyser leurs motivations afin de visualiser les différentes alliances, qu’elles soient en gestation ou en déconstruction.
L’approche géopolitique se focalise sur des faits : opérations militaires, alliances diplomatiques, déclarations politiques, positionnement des troupes, relief, situation géographique de la capitale etc. « S’il y a des secrets, disait-on dans le monde des relations internationales, il
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