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La géographie sociale

Commentaire d'oeuvre : La géographie sociale. Recherche parmi 300 000+ dissertations

Par   •  26 Septembre 2014  •  Commentaire d'oeuvre  •  1 473 Mots (6 Pages)  •  686 Vues

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oilà un vaste sujet, probablement trop vaste d’ailleurs, mais c’est aussi une tentative de réponse à l’idée que la géographie sociale pourrait ne plus être en prise avec les questions de société, voire manquerait d’ambitions (Laurent Cailly, 2003).

Certes, la question doit être posée, il n’y a ni fin de l’histoire pour la géographie sociale, ni rente épistémologique. Pire même, la tendance à la pluridisciplinarité des recherches et des analyses ne pousse-t-elle pas à affaiblir cette entrée géographique pour la réduire à la dimension spatiale de l’approche politique, sociologique, économique… ? Bref, un sous-produit ne permettant pas une démarche d’ensemble ou bien une composante statique, neutre d’une action plus globale. En définitive, c’est encore la peur, quelque peu irraisonnée, de la dissolution de la géographie qui transparaît. Au demeurant, non seulement ce ne serait pas une catastrophe puisque la mutation est gage de progrès mais, surtout, le risque est inexistant. La question est avant tout un problème de visibilité et d’engagement du géographe dans la vie publique.

Or, la politique de la ville, ou ce que l’on nomme par convention comme tel, a une véritable dimension géographique, ne serait-ce que par la multiplication officielle des termes à connotation spatiale (zones sensibles, zones de redynamisation urbaine, quartiers en difficulté…). Cette politique (ces politiques ?) est tout d’abord annoncée comme une politique sociale (Join-Lambert), bien qu’elle soit aussi une politique urbaine, une politique territorialisée, une politique de (re)développement… De fait, une politique à l’intersection de nombreux champs, comme le souhaitait Hubert Dubedout. Ainsi, cette politique sociale particulière vise à intégrer, dans la ville, à toutes les échelles, mais aussi dans la société et dans la nation. Autrement dit, elle a tout autant pour objet de favoriser l’intégration sociale que de combattre la ségrégation urbaine. Elle est, par ailleurs, un creuset où se sont fondues nombre de disciplines (l’urbanisme, la sociologie, l’économie, le droit…). La géographie y a toujours été présente (Estèbe, 2001) bien que les géographes y aient été longtemps marginaux (Hervé Vieillard-Baron, Marie-Christine Jaillet…).

Les sociologues (Donzelot, Bachmann, Beaud et Pialoux…) ont largement contribué à établir la politique de la ville, tant du point de vue organisationnel que dans l’appréhension des intentions ou l’élaboration de la méthodologie d’évaluation des politiques menées. De la même manière, ils sont souvent à l’origine des termes et concepts employés (exclusion, relégation, ségrégation, fragmentation, intégration…), même si des géographes se sont attachés à définir et conceptualiser (Jacques Brun, 1994…). Enfin, l’approche sociologique comporte toujours une vision idéologique classiste (Beaud, Castel…), bien qu’elle apparaissent moins prégnante aujourd’hui qu’hier. Cette logique des rapports sociaux, qu’il ne faut bien entendu pas exclure, et la fréquente non (mal ?) territorialisation des discours sociologiques bâtissent une forte indifférenciation des espaces concernés. Dès lors, le local est essentiellement traduit à travers une analyse globale, une logique centre/périphérie, une logique exclusion/inclusion, relégués/intégrés… Dans ce cadre, l’espace existe bien mais il a tendance à être binaire, à se surimposer à une analyse pré-établie. De même, cette approche binaire favorise des représentations simples, comme l’expression « les quartiers », popularisée par les acteurs de terrain ou certains analystes ou bien la confusion souvent faite entre banlieues, grands ensembles et logement social.

Par ailleurs, dans un autre domaine, l’évolution vers une approche quantitative et statisticienne, comme le montre la batterie d’indicateurs prévus par la loi du 3 août 2003 ou, par exemple, les agrégats établis par l’INSEE à partir des Zones urbaines sensibles (ZUS), témoigne à la fois d’une uniformisation et d’une généralisation, toutes deux bien excessives. La stigmatisation et la globalisation de représentations communément admises sont, pour partie, générées par de telles approches, sans parler de l’hypothétique « moyennisation » statistique à atteindre.

Dans cette perspective, la géographie sociale apporte une clef complémentaire et, plus d’une fois, critique. Sa fonction principale est de relativiser données et démarche. Bien entendu, d’autres disciplines (la sociologie, les sciences politiques…) utilisent ou redécouvrent l’espace (que nous ne distinguerons pas ici du territoire), et le développement de la cartographie informatique plaide en cette faveur. Pour autant, la géographie sociale n’est guère modélisable et le territoire déterminé, cartographiquement ou non, est avant tout une enveloppe, un réceptacle pré déterminé de l’application d’une politique ; chiffres et espaces venant justifier a posteriori les choix réalisés. De la même manière, le territoire apparaît comme le lieu d’expression d’une politique donnée. Politique qui reste

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