L'historien et les mémoires de la seconde GM
Étude de cas : L'historien et les mémoires de la seconde GM. Recherche parmi 300 000+ dissertationsPar Camille De Gallé • 23 Octobre 2019 • Étude de cas • 1 062 Mots (5 Pages) • 577 Vues
En 1945, la priorité est à la reconstruction de la France, ce qui suppose de tourner au plus vite la page de l’occupation et des divisions qu’elle a suscitées parmi les Français. Le régime de Vichy est considéré comme une simple parenthèse « nulle et non avenue » selon les mots du général de Gaulle. Les gaullistes et les communistes, par-delà leurs oppositions politiques, diffusent après la guerre l’image d’une France qui aurait été unanimement résistante. L’historien Henry Rousso a inventé le mot « résistancialisme » pour désigner ce mythe. L’histoire est objective tandis que la mémoire est subjective.
On peut donc être amené à se demander : Comment Histoire et Mémoire se confrontent face à la question de la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale, au sein de la population française ?
Pour répondre à cette question, nous comparerons deux documents : Une affiche de propagande électorale du PCF en 1946 et le discours officiel d’André Malraux lors de la panthéonisation de Jean Moulin en 1964. Nous verrons dans un premier temps que ces documents se servent des mémoires de la Résistance et les utilisent à des fins politiques. Puis nous verrons qu’ils reposent aussi tous les deux sur le mythe résistancialiste.
Tout d’abord, ces documents se servent des mémoires de la Résistance et les utilisent à des fins politiques.
En effet, le PCF s’est servi des mémoires de la Résistance pour faire oublier le rôle peu respectable qu’il a joué entre 1939 et 1941. Hitler et Staline ayant conclu un pacte de non-agression (le pacte Ribbentrop-Molotov), les communistes rejoignent la Résistance seulement à partir de juin 1941, lorsque l’Allemagne attaque l’URSS. Le PCF exagère donc le rôle qu’il a eu dans la résistance intérieure afin de récupérer un maximum de suffrages aux élections (« Ils sont l’honneur et la fierté du parti des fusillés, du parti de la renaissance française, du parti de l’unité ouvrière et de l’union de tous les républicains » ; « pour être fidèles à la mémoire de ces héros »). A l'été de 1939, quand éclate la Seconde Guerre mondiale, on compte environ 270 000 adhérents communistes. Ils ne sont plus que 5000 à la fin de cette même année. En août 1944, ils sont déjà 60 000. En 1945, les demandes d'adhésion deviennent si nombreuses que la direction communiste ne parvient plus à les comptabiliser.
Le discours d’André Malraux rend hommage à Jean Moulin, l’émissaire du général de Gaulle qui était chargé d’organiser les mouvements de résistance intérieure et extérieure durant la Seconde Guerre mondiale (de 1942 à 1943). Il est arrêté à Caluire-et-Cuire, dans la banlieue de Lyon, le 21 juin 1943 et conduit au siège de la Gestapo à Lyon où il est torturé. Malgré le fait qu’il soit « bafoué, sauvagement frappé, la tête en sang, les organes éclatés » et aux « limites de la souffrance humaine », Jean Moulin ne trahit aucun secret. André Malraux le décrit ici tel le héros de la Résistance qui sauva la France en ne révélant rien. Jean Moulin agissant sous les commandements de Charles de Gaulle, le président de la République est aussi glorifié à travers ce discours, ainsi que le gaullisme. D’ailleurs, André Malraux adresse son discours à de Gaulle : « Monsieur le Président
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